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EL 10 : Jean-Luc Lagarce, Juste la n du monde, 1990, le soliloque de Suzanne - extrait de la scène 3, première partie

Publié le 11/03/2024

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« EL 10 : Jean-Luc Lagarce, Juste la n du monde, 1990, le soliloque de Suzanne - extrait de la scène 3, première partie Introduction Contexte.

Au XXème siècle, le théâtre s’émancipe du besoin mimétique de représenter la réalité.

Des auteurs de théâtre explorent la dimension symbolique du langage et du décor.

Le travail des metteurs en scène prend de l’importance dans ce théâtre post-dramatique. Auteur.

Jean-Luc Lagarce, né en 1957, a poursuivi des études de philosophie avant de mener une carrière dans le monde du théâtre, en tant qu’écrivain mais aussi metteur en scène, alternant les créations contemporaines et les adaptations de grandes pièces du répertoire traditionnel.

Vers la n de sa vie, avant de mourir du SIDA en 1995, il crée la maison d’édition théâtrale Les Solitaires intempestifs.

Aujourd’hui c’est l’un des dramaturges contemporains les plus joués.

Ses œuvres sont traduites en 25 langues, signe de son succès reconnu. Œuvre.

Lagarce crée Juste la n du monde en 1990, mais sa pièce est ensuite refusée par les maisons d’édition.

La tension de cette œuvre tient dans l’écart entre l’intention qu’a Louis d’annoncer la nouvelle de sa mort prochaine à sa famille et l’impossibilité à laquelle il se heurte de réaliser ce projet.

Juste la n du monde au titre apocalyptique résonne comme une œuvre testamentaire, dont le tragique est au croisement de la crise personnelle et de la crise familiale.

Son écriture chaotique, toute en reprises et recti cations, révèle les di cultés de la parole, enjeu des relations humaines. Texte.

Première partie, extrait de la scène 3.

Suzanne, la jeune sœur de Louis, qui s’était absentée à la scène 2 revient à la scène 3 pour un long soliloque dans lequel elle adresse à son frère des reproches mêlés d’admiration.

Durant cette scène, Louis reste muet. Lecture du texte. [Un usage très réduit de la ponctuation forte conduit à une lecture dans un long sou e, avec beaucoup de petites pauses.

Les digressions entre parenthèses ou tirets créent autant de retardements dans des phrases à prononcer au rythme des relances.] Projet de lecture.

Comment Suzanne fait-elle ressortir par son soliloque toutes les di érences qui opposent Louis à sa famille ? Plan du texte. [Les mouvements du texte ne sont pas très marqués, il s’agit plutôt d’un glissement en continu d’un thème à l’autre, avec des variations et reprises.

L’écriture est à la fois linéaire et cyclique, comme une sorte de spirale qui se déroule.] I.

Portrait de Louis en écrivain (l.1 à 18) II.

La colère de Suzanne envers un frère si distant (l.19 à la n) I. Portrait de Louis en écrivain (l.1 à 18) - Suzanne revient sur le passé, reprochant à Louis son manque de communication : l’adverbe « parfois » montre la rareté de son intérêt pour sa famille - Le passage de l’imparfait « envoyais » au présent « envoies » est un polyptote, qui suggère que Louis continue de donner régulièrement des signes de vie. - Mais Suzanne témoigne de sa frustration face au côté très laconique, succinct de ces écrits : ainsi fi fi ff fi ffl ffi - fi - fi - fi - fl - fi - l’épanorthose « ce ne sont pas des lettres » avec la négation totale laisse place à un questionnement « qu’est-ce que c’est ? » teinté d’ironie. L’énumération en gradation descendante l.

3 semble rageuse, aboutissant au mot « rien ». Mais Suzanne recti e à nouveau en passant par une question incidente « comment est-ce qu’on dit ? » L’adjectif « elliptiques » intervient donc comme une chute.

Il est d’ailleurs mis en relief par son isolement sur la ligne. La ligne 5 est la reconstitution de la phrase incluant les corrections successives. Jusque là, Louis est présenté comme épistolier. À partir de la ligne 6, Suzanne se replonge dans le passé, au moment précis du départ de Louis (elle avait à peu près 11 ans) Le verbe introducteur de ses souvenirs, « Je pensais », va revenir en analepse aux lignes 10 et 13.

Elle se place donc sur le terrain de la ré exion et non des émotions.

Celles-ci sont néanmoins sous-jacentes. L’évocation du départ de Louis donne lieu à des reprises à l’identique l.

7 ou avec variations : « lorsque tu nous as faussé compagnie » (l.8) Cette dernière formulation est un reproche, elle n’est plus objective, elle signale l’abandon vécu par Suzanne et sa famille (« nous »). « (Là que ça commence) » : cette parembole va rester mystérieuse, on ignore à quoi le pronom démonstratif « ça » fait référence. De la ligne 10 à la ligne 14, Suzanne évoque avec des variations l’activité d’écriture de son frère : « ton métier » 2X lignes 10 et 13, « écrire » 2X lignes 1 » et 14 - Les variations portent sur l’intervalle entre le projet et sa réalisation, mêlant passé, futur vu depuis le - passé (conditionnel) et présent : - Suzanne exprime une nuance avec l’alternative : « ce que tu faisais ou allais faire » : ainsi on peut saisir l’intervalle de formation du jeune écrivain en herbe.

« allais faire » est une périphrase verbale à valeur de futur proche. - L’analepse revient sur le jeune Louis rêvant d’être écrivain : « ce que tu souhaitais faire dans la vie » (subordonnée relative, périphrase qui désigne l’écriture) - La répétition de « dans la vie » donne une importance essentielle, existentielle à ce projet.

Louis apparaît comme quelqu’un de déterminé, qui a toujours su ce qu’il voulait faire.

C’est une vocation, sa famille l’admire pour cela. - La variation par l’épanorthose « était d’écrire (serait d’écrire) » indique l’imminence de la transformation du jeune homme en.... »

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