Du rock au rap
Publié le 03/12/2021
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29 août 1987 - L'explosion punk de 1976-77 avait été perçue sur le moment comme une renaissance du rock. Il s'agissait en fait d'un ultime sursaut avant dépôt de bilan. Depuis, le genre a poursuivi son atomisation, ne se définissant plus comme juxtaposition de courants et d'itinéraires individuels. En 1987, George Harrison, qui fut un des Beatles dans une vie antérieure, réussissait un retour remarqué avec l'album Cloud Nine. Il s'agissait de l'avant-garde d'une résurgence massive : débarrassés de leurs complexes d'âge, les stars des années 60 ( Bob Dylan, Lou Reed, Paul Simon, le Grateful Dead, les Rolling Stones) apprenaient à vivre avec la cinquantaine et fédéraient plusieurs générations de public, à l'exact opposé de la raison d'être première de feu le rock. Aux Etats-Unis, un mouvement de retour aux sources ( blues, country) doublait le retour des grands anciens. Aux marges d'un business dominé par des major companies qui ont systématiquement absorbé les indépendants ( acquisition de A&M et de Island par Polygram, de Chrysalis par EMI...), on voit de temps en temps apparaître des groupes presque intégristes ( bruyants, désordonnés, irrespectueux) qui rencontrent le succès de masse, le dernier en date étant Nirvana. En fait, le rôle social du rock : expression d'une révolte endémique, discriminant entre générations, groupes sociaux et-ce qui est nouveau-communautés, revient dorénavant au rap. Parole scandée sur des rythmes empruntés ( échantillonnés), sortie des ghettos des grandes villes des Etats-Unis, le genre s'est répandu dans le monde entier, y compris dans le tiers-monde, sans qu'il soit d'ores et déjà possible de dire si la simplification du vocabulaire ( abandon de la modulation harmonique, des changements de tempo) n'est que provisoire ou marque une retraite définitive. En tout cas, c'est par le rap que la musique populaire exprime les enjeux sociaux du monde moderne. THOMAS SOTINELFévrier 1992
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