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Discutez ce propos de Voltaire : « les meilleurs livres sont ceux qui font faire la moitié du chemin aux lecteurs ».

Publié le 19/12/2021

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« Le caractère problématique de l’affirmation de Voltaire tient essentiellement à la définition littéraire d’une « moitié de chemin » propre au pacte de lecture.

Un texte n’est-il pas chose neutre, incapable en lui-même de s’adapter au lecteur, ainsi que l’affirme Socrate dans Phèdre ? La tournure affirmative de Voltaire laisse entendre que, dans la doxa, un bon livre est un livre qui se donne pour but de tout exposer, c’est-à-dire qui épargne au lecteur la peine de transformer une parole étrangère en sa propre parole. I Le livre trop lisible 1 : Il est possible de trouver dans l’essai de Daniel Pennac, Comme un roman, une thèse inverse à celle de Voltaire.

L’essentiel de la thèse défendue réside dans un droit, inaliénable pour le lecteur, de ne pas lire l’ouvrage que l’on pourrait vouloir lui imposer.

Pennac ne fait reposer le droit du lecteur sur rien d’autre que son goût à priori pour l’œ uvre.

Si l’on développe un tel raisonnement, il faut en conclure que l’activité de lecture doit se réduire, au moins dans un premier temps, à la poursuite par le lecteur d’un principe de jouissance, et de jouissance familière.

Non sans pertinence, l’auteur contient son propos dans le domaine scolaire, et critique avant tout une méthode d’enseignement qui consiste à imposer un corpus étranger à l’intimité de l’élève. 2 : De fait, il n’y a pas lieu de refuser toute valeur à la lecture-plaisir, la lecture facile.

La critique moderne, en particulier, s’est massivement employée à réhabiliter le roman médiocre, et sa fonction dans le parcours intérieur du lecteur.

Nathalie Sarraute, dans son roman autobiographique Enfances, décrit le bienheureux sentiment de familiarité qui la saisissait à la relecture de Rocambole, le roman de Ponson du Terrail.

Toutefois, l’auteur ne nie pas non plus le caractère incomplet de la lecture familière : la valeur fondamentale d’un roman n’est pas de se conforter dans une situation connue, mais bien au contraire d’accomplir un mouvement intellectuel et sensible vers le livre, littéralement de s’étranger à soi-même. 3 : Une telle controverse s’est historiquement cristallisée autour du principe de vulgarisation, de ses vertus et de ses excès.

Un point essentiel des luttes qui ont motivé la Réforme consistait à déterminer si la Bible devait être traduite en langue vernaculaire, ou demeurer latine.

L’enjeu pédagogique de la transmission d’un livre qui se présente comme livre total, comme parole indiscutable, est évidemment énorme.

La parole sacrée doit-elle être conservée dans sa pureté première (du moins sa pureté supposée), où prendre le risque d’accomplir un mouvement vers le lecteur, quitte à mutiler son propos originel. II Le livre, chose étrangère 1 : Le stade ultime de la mise en garde contre l’effort de vulgarisation se trouve dans la figure du livre interdit.

Le Nom de la Rose, d’Umberto Ecco, met ainsi en scène un monastère bénédictin, dont les représentants choisiraient de dissimuler le livre perdu d’Aristote sur la comédie, dans la mesure où son contenu mettrait en danger la cosmogonie médiévale chrétienne.

Ici est envisagée un livre dont le propos est juste en lui-même, mais ne doit à aucun pris permettre un parcours intellectuel de la part de son lecteur.

Un raisonnement semblable est tenu par la kabbale juive, dont certain textes renferment la parole de Dieu, à l’égal de la Bible, qui ne peuvent être contemplés sans dénaturation, donc sans mettre à mal un enseignement qui doit rester parfait. 2 : Ainsi, tout livre est en soi chose hermétique, inaccessible.

Luis Borges est l’auteur d’une nouvelle, Le livre de sable , dans laquelle le narrateur découvre un ouvrage sans début ni fin : chaque page vue disparaît à jamais, et les feuillets s’y succèdent, indiqués par des nombres fantaisistes.

Cet objet fantastique ne fait en réalité que symboliser la structure réelle de tout livre : sans frontière véritable, trouvant sa réalité dans la perception toujours singulière d’un lecteur qui ne parvient jamais à saisir l’ensemble des forces et des significations à l’oeuvre dans l’ouvrage.

En ce sens, le rêve développé par Pennac d’une écriture familière est pure utopie : le texte le plus anodin est chose étrangère, exige d’être décodée et peut faire l’objet d’interprétations infinies.

Discutez ce propos de Voltaire : « les meilleurs livres sont ceux qui font faire la moitie du chemin aux lecteurs ».. »

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