DÉFONCÉ, -ÉE, participe passé et adjectif.

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DÉFONCÉ, -ÉE, participe passé et adjectif.  

I.—  Participe passé de défoncer* 

II.—  Adjectif. 

A.—  [En parlant d'un tonneau, d'une caisse, etc.]  Dont le fond est enlevé. Le v'là qui s'en va quérir l'grand baril défoncé qu'est sous la gouttière du coin (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 1, Une Vente, 1884, page 141 ). 

—  Par extension.  Qui est brisé, éventré, enfoncé. 

1. [En parlant de choses]  Chapeau, toit défoncé. Un gros coussin de cuir jeté sur le fauteuil défoncé (JULIEN GREEN, Journal,  1948, page 227 ). 

2. [En parlant de pers]  Avoir les côtes, la poitrine défoncées. Des détonations se succédaient dans sa tête [de Pierre] , des tocsins à le mettre en miettes... Lardé, défoncé, éventré, il ne pensait qu'à se comprimer, à se tasser en attendant la fin de la crise (PAUL MORAND, L'Homme pressé,  1941, page 303 ). 

3. MARINE.  

a) [En parlant de la voile d'un navire]  Qui a été crevée par un vent violent. 

b) [En parlant de la coque d'un navire]  Qui a été brisée par des écueils, des lames violentes : 

Ø Elle [la Durande] eût évidemment coulé dans la nuit si l'écueil ne l'eût retenue et soutenue. (...); la hanche de tribord était défoncée, les mâts tronqués,...

VICTOR HUGO, Les Travailleurs de la mer,  1866, page 224. 

4. Au figuré.  ART MILITAIRE.  Armée, troupe défoncée. Culbutée. 

B.—  Spécialement. 

1. AGRICULTURE.  Qui est labouré, retourné profondément sur 40 à 60 centimètres, afin d'être préparé pour la culture. La plantation en pépinière [des greffes-boutures] se fait dans des sols bien défoncés, meubles, riches (RAYMOND BRUNET, Le Matériel viticole,  1909, page 14 ). 

2. Par analogie. Chemin défoncé, route défoncée. Qui est éventré, creusé d'ornières. Passive, vaguement contente de la promenade, souriant aux cahots de la route humide et défoncée (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, La Vagabonde,  1910, page 155 ). 

 Fréquence absolue littéraire : 269. Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) 129, b) 555; XXe.  siècle : a) 614, b) 365. 

 

Forme dérivée du verbe \"défoncer\"

 défoncer

DÉFONCER, verbe transitif.  

A.—  Enlever le fond de quelque chose. Défoncer une caisse, un tonneau. Ses matelots (...) défoncèrent un baril d'eau-de-vie (JULES VERNE, Les Enfants du capitaine Grant, tome 3, 1868, page 42 ). 

·    Emploi pronominal passif.  [L'âne] portait deux paniers (...) lorsque (...) patatras! un des paniers se défonce! (EUGÈNE LABICHE, Les Noces de Bouchencoeur,  1857, I, 3, page 143 ). 

1. Par extension.  Briser en enfonçant, en éventrant. 

a) [Le complément désigne une chose]  Défoncer un matelas, une clôture. Il [le Bassaragba] brise, écrase, éventre et défonce tout sur son passage (RENÉ MARAN, Batouala, 1921, page 155 ). 

—  Emploi pronominal passif.  Se briser sous l'action d'un agent extérieur. Le treillage peint de la voûte s'était défoncé en maint endroit (THÉOPHILE GAUTIER, Le Capitaine Fracasse,  1863, page 460 ). 

b) [Le complément désigne une personne]  Ce qui est plus navrant que les crânes fendus par le sabre, que les poitrines défoncées par les boulets (VICTOR HUGO, Napoléon le Petit,  1852, page 217 ). 

—  Construction pronominale indirecte réfléchie.  [Le complément d'objet désigne une partie du corps]  Aux courses de Chantilly, il s'était cassé la jambe, défoncé quelques côtes (ALPHONSE DAUDET, Les Rois en exil,  1879, page 16 ). 

c) MARINE.   [Le sujet désigne un vent violent]  Défoncer la voile d'un navire. La crever. 

d) Au figuré.  ART MILITAIRE.  Défoncer une armée, une troupe. La culbuter. Par millions tombaient les corps glorieux. Enfin, notre aile droite défonça l'aile gauche de l'ennemi (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, La Révolte des anges,  1914, page 195 ). 

2. Au figuré. 

a) [Le sujet désigne un hallucinogène]  \" Provoquer l'hallucination recherchée \" (Dictionnaire des mots nouveaux (PIERRE GILBERT), 1971). 

b) Emploi pronominal.  [Le sujet désigne une personne]  \" Atteindre l'état provoqué par l'absorption de certains hallucinogènes \" (Dictionnaire des mots nouveaux (PIERRE GILBERT), 1971). 

B.—  Spécialement. 

1. AGRICULTURE.  Labourer, retourner profondément une terre inculte sur 40 à 60 centimètres afin de la préparer à la culture : 

Ø La passion de mon père (...) pour l'agriculture devenait extrême. Il faisait faire de grandes réparations, amendements, (...) défoncer [le terrain] à deux pieds et demi de profondeur...

HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Vie de Henry Brulard, tome 1, 1836, page 207. 

2. Par analogie.  [Le sujet désigne un agent extérieur]  Défoncer une route, un chemin. L'éventrer, y creuser des ornières. Elle aimait les courses en carriole dans les chemins forestiers que défoncent les charrois (FRANÇOIS MAURIAC, Le Baiser du lépreux,  1922, page 192 ). 

—  Emploi pronominal passif. À la moindre averse, la route se défonce de nouveau (MAXIME DU CAMP, Mémoires d'un suicidé,  1853, page 245 ). 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 11