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Définition: AFFRONT, substantif masculin.

Publié le 08/12/2021

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Définition: AFFRONT, substantif masculin.

A.- Acte ou parole dictés par la volonté d'humilier quelqu'un, de lui témoigner, en face et de préférence publiquement, son mépris.

1. [En dehors d'une locution verbale] :

Ø 1. Hipparque insulté par Harmodius, jeune Athénien plein de courage, voulut s'en venger par un affront public, qu'il fit souffrir à la soeur de ce
dernier.

FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Essai historique, politique et moral sur les révolutions, tome 1, 1797, page 76.

Ø 2. Don Diego, sur la table abondamment servie,

Songe, accoudé, muet, le front contre le poing,

Pleurant sa flétrissure et l'honneur de sa vie.

(...)

Tous ses fils ont besoin d'éperon, non de bride,

Hors Rui Diaz, pour laver la joue où saigne, là,

Sous l' offense impunie une suprême ride.

Ô jour, jour détestable où l' honneur s'envola!

Ô vertu des aïeux par cet affront souillée!

Ô face que la honte avec deux mains voila!

CHARLES-MARIE LECONTE DE LISLE, Poèmes barbares, La Tête du comte, 1878, pages 283-284.

Ø 3. Mannheim reprit vite son aplomb : les injures glissaient sur lui, comme l'eau sur les plumes d'un canard. Mais Waldhaus restait ulcéré : sa dignité
avait été outragée; et, ce qui rendait l' affront plus mortifiant, c'est qu'il avait eu des témoins : il ne pardonnerait jamais. Ses collègues firent chorus. De
toute la revue, Mannheim continua, seul, à n'en pas vouloir à Christophe :...

ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, La Révolte, 1907, page 490.

Ø 4. Si on l' insulte il ne répond pas. Mieux même il cherche le mépris des suffisants, des gonflés, des ceuss qu'ont la conscience obèse. (...). Il aime
avoir l'air con. Il se plaît aux gaffes, aux bêtises, aux balourdises. Il se montre niais, (...) il fait figure d'idiot. Il ne craint pas les charges, les quolibets, les
affronts qui le trouvent toujours serein. Mais lui il n'a de dédain pour personne. Il accueille tout le monde avec bienveillance.

RAYMOND QUENEAU, Loin de Rueil, 1944, page 161.

2. [Dans une locution verbale] :

Ø 5. Les grâces à la cour pleuvent soir et matin; et une fois admis, il faudrait être bien brouillé avec le sort, avoir bien peu de souplesse, ou une femme
bien sotte, pour ne rien attraper, lorsqu'on est alerte, à l'épreuve des dégoûts, et qu'on ne se rebute pas. Sans humeur, sans honneur ; c'est le mot, la
devise : Quiconque ne sait pas digérer un affront... Alerte, il le faut être.

PAUL-LOUIS COURIER, Pamphlets politiques, Lettres au rédacteur du "Censeur", 1819-1820, page 33.

Ø 6. Depuis le jour où leurs yeux n'ont plus rayonné sur moi, j'ai toujours été en hiver ici; je n'ai plus eu que des chagrins à dévorer, et je les ai dévorés!
J'ai vécu pour être humilié, insulté. Je les aime tant, que j' avalais tous les affronts par lesquels elles me vendaient une pauvre petite jouissance
honteuse. Un père se cacher pour voir ses filles! Je leur ai donné ma vie, elles ne me donneront pas une heure aujourd'hui!

HONORÉ DE BALZAC, Le Père Goriot, 1835, page 292.

Ø 7. Aucun juste-milieu n'est reçu dans la société ici. Ce préfet si muscadin, qui vous a vendu son cheval, boit les affronts comme de l'eau; (...). Quand
il va voir Madame d'Hocquincourt, la plus pimpante de nos dames, elle se met à la fenêtre sur la rue, et lui fait dire par son portier qu'elle n'y est pas...

HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Lucien Leuwen, tome 1, 1836, page 75.

Ø 8. Il t'appelle : ses pleurs ont lavé ton affront, Mon frère, et sa douleur te venge.

CHARLES-MARIE LECONTE DE LISLE, Poèmes antiques, L'Arc de Civa, 1874, page 34.

Remarque  : Syntagmes fréquents faire un affront; infliger un affront; subir un affront; recevoir un affront; essuyer un affront; effacer un affront; venger un affront;
laver un affront. Avaler un affront; boire un affront; dévorer un affront; digérer un affront : le souffrir patiemment.

3. Faire à quelqu'un l'affront de + infinitif :

Ø 9.... il se fâcha, força le docteur à accepter un verre de quelque chose. La demoiselle ne lui ferait pas l'affront de refuser du sirop. Il porta une table
dehors, il fallut absolument trinquer avec lui.

ÉMILE ZOLA, Le Docteur Pascal, 1893, page 52.

B.- Honte, déshonneur ressentis par celui qui est ou qui croit être l'objet d'un affront (au sens A) :

Ø 10.... chaque Musulman croit avoir Montmorency à combattre, et, pendant un instant, l'armée entière a reculé devant lui; mais les Sarrazins
reviennent à la charge, ils ne peuvent consentir à l' affront de fuir devant un seul guerrier; ils l'entourent de toutes parts; en vain Josselin abat une foule

de têtes, ses ennemis ne diminuent pas;...

SOPHIE COTTIN, Mathilde, tome 2, 1805, page 23.

Ø 11. Va, retourne en Allemagne. Ta sale besogne, tu l'as bien faite, comme tous les tiens! Tu l'as faite à ta façon, la guerre, tu as apporté la ruine,
l' affront, l'exil. Tu m'a pris mon bonheur, ma vie, tu m'as couverte de honte, tu m'as salie jusqu'au fond de moi-même! Mais tu paieras tes crimes, toi et ta
race. Vous les souffrirez à votre tour, toutes les hontes !

MAXENCE VAN DER MEERSCH, Invasion 14, 1935, page 428.

- Faire affront à quelqu'un, le déshonorer, lui faire honte; faire affront à quelqu'un de quelque chose ou faire l'affront de quelque chose à quelqu'un, lui en faire
honte publiquement, lui reprocher vertement :

Ø 12. DON ALONSO. - Savez-vous qui je suis?

DON FERNANDO. - L'homme d'Olmedo, le tueur de taureaux, celui qui est venu, arrogant et stupide, faire affront aux hommes de Medina, le lâche
qui déshonore Don Pedro avec d'infâmes entremetteurs.

ALBERT CAMUS, Le Chevalier d'Olmedo, adapté de Félix Lope de Vega, 1957, 3 e. journée, 21, page 807.

Remarque  : Attesté dans DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE (ÉMILE LITTRÉ), Grand dictionnaire universel du XIXe . siècle (Pierre Larousse),
Nouveau Larousse illustré, Dictionnaire général de la langue française (Adolphe Hatzfeld, ARSÈNE DARMESTETER), DICTIONNAIRE ALPHABÉTIQUE ET ANALOGIQUE DE LA LANGUE FRANÇAISE (PAUL ROBERT .

C.- Par extension. Échec déshonorant, défaite humiliante (particulièrement dans un contexte guerrier) :

Ø 13. « Vous allez dénoncer la politique brutale de l'Angleterre qui expie maintenant des ambitions, odieuses à tout Français, parce que l' affront de
Fachoda ne peut être effacé par la gloire de Marchand.

MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 2, octobre 1899-juillet 1901, page 169.

Remarque  : Dans l'exemple suivant affront signifie « échec malheureux », sans nuance péjorative C'est un emploi exceptionnel et littéraire :

Ø 14. J'aime sire Gérald, autant que je l'honore;

Je l'aime maintenant d'un coeur plus attendri,

Car ce qui l'a frappé ne l'a pas amoindri;

Son honneur reste pur dans la cruelle épreuve,

Et la source n'a pas empoisonné le fleuve.

Je lui donnai mon âme, ici comme à Montblois,

Pour sa jeune vertu, pour ses nouveaux exploits,

Et je ne saurais pas de trahison plus noire

D'aimer moins son affront que je n'aimais sa gloire!

HENRI DE BORNIER, La Fille de Roland, 1875, IV, 3, page 102.

- Vieux . Rester en affront, échouer en quelque chose (confer infra exemple 15); avoir l'affront de quelque chose, ne pas réussir en quelque chose :

Ø 15. Mais il fallait les avoir, les cent sous; elle ne les avait jamais, elle n'avait rien. Sa voix devenait sèche, le châle de lama, dont elle ne parlait plus, la
travaillait d'un tel désespoir et d'une telle rancune, qu'elle finit par faire à son amant l'éternelle querelle dont elle poursuivait son mari.

- Voyons, est-ce une vie? Jamais un liard, toujours rester en affront à propos des moindres bêtises... Oh! j'en ai plein le dos, plein le dos!

ÉMILE ZOLA, Pot-Bouille, 1882, page 283.

Remarque  : Attesté dans Grand dictionnaire universel du XIXe . siècle (Pierre Larousse), DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE (ÉMILE LITTRÉ),
Dictionnaire général de la langue française (Adolphe Hatzfeld, Arsène Darmesteter).

D.- Par métaphore. Ravages, outrages causés par une chose, par le temps... :

Ø 16. Dansez : un jour, hélas! Ô reines éphémères!

De votre jeune empire auront fui les chimères;

Rien n'occupera plus vos coeurs désenchantés,

Que des rêves d'amour bien vite épouvantés,

Et le regret lointain de ces fraîches années

Qu'un souffle a fait mourir, en moins de temps fanées

Que la rose et l'oeillet, l' honneur de votre front;

Et du temps indompté lorsque viendra l' affront,

Quelles seront alors vos tardives alarmes?

Un teint, déjà flétri, pâlira sous les larmes, Les larmes

à présent, doux trésor des amours,

Les larmes, contre l'âge inutile secours :

Car les ans maladifs, avec un doigt de glace,

Des chagrins dans vos coeurs auront marqué la place,

La morose vieillesse... ô légères beautés!

ALFRED DE VIGNY, Poèmes antiques et modernes, Le Bal, 1837, page 194.

- Rare . Sans affront. Sans être abîmé :

Ø 17. Les aloès, les grands tulipiers aux fleurs jaunes

Vivaient sans avoir vu les nymphes et les faunes

Qui brisent des rameaux pour en orner leur front.

Les énormes jasmins fleurissaient sans affront ;

D'autres arbres mêlaient, comme un riche cortège,

Des corolles de sang à des feuilles de neige.

THÉODORE DE BANVILLE, Les Exilés, L'Éducation de l'amour, 1874, page 64.

Remarque : 1. Vieilli. Faire (un) affront à quelqu'un, en parlant de sa mémoire pour signifier qu'elle le trahit, qu'elle lui manque. (Attesté dans Dictionnaire de
l'Académie Française 1835, DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE LA LANGUE FRANÇAISE (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845, DICTIONNAIRE DE LA
LANGUE FRANÇAISE (PROSPER POITEVIN) 1860, Grand dictionnaire universel du XIXe . siècle (Pierre Larousse), Dictionnaire de l'Académie Française 1878,
Nouveau Larousse illustré, DICTIONNAIRE ENCYCLOPÉDIQUE QUILLET 1934).

Remarque : 2. Dans l'exemple suivant, affront semble avoir le sens de « souillures ». Il s'agit vraisemblablement d'un emploi d'auteur :

Ø 18. Moi, comme être vivant, retenez bien ceci,

Je ne suis qu'un limon par les vices noirci;

J'ai de tous les péchés subi l'approche étrange;

Ma chair a plus d' affront qu'un chemin n'a de fange,

Et mon corps par le mal est tout déshonoré ;

Ô vous tous, je serai bien vite dévoré

Si dans l'obscurité du cercueil solitaire

Chaque faute de l'homme engendre un ver de terre.

VICTOR HUGO, La Légende des siècles, L'An neuf de l'hégire, tome 1, 1859, page 124.

Remarque : 3. Affront se distingue des synonymes avanie, camouflet, injure, insulte, invective, offense, outrage en ce que l'affront est fait en face (de front ) et en
général publiquement ( confer offense ).

 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 534. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a)1 021, b) 849; XXe. siècle : a) 728, b) 506.

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