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Définition: AFFOLANT, -ANTE, participe présent et adjectif.

Publié le 08/12/2021

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Définition: AFFOLANT, -ANTE, participe présent et adjectif.

I.- Participe présent de affoler*

II.- Adjectif .

A.- [S'applique indifféremment à l'animé et à l'inanimé] Qui affole, qui rend comme fou, qui trouble profondément :

Ø 1.... il lui ressemblait comme un singe ressemble à l'homme; mais il était d'elle, il avait d'elle mille traits déformés irrécusables, irritants, révoltants. Le
baron souffrait, hanté soudain par cette ressemblance horrible, grandissant toujours, exaspérance, affolante, torturante comme un cauchemar, comme
un remords!

GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, Duchoux, 1887, page 704.

Ø 2. Chaque fois que, par un effort de volonté, il croyait glisser au sommeil, la même hantise recommençait, les mêmes images défilaient, éveillant les
mêmes sensations. Et ce qui se déroulait ainsi, avec une régularité mécanique, pendant que ses yeux fixes et grands ouverts s'emplissaient d'ombre,
c'était le meurtre, détail à détail. Toujours il renaissait, identique, envahissant, affolant

ÉMILE ZOLA, La Bête humaine, 1890, page 179.

Ø 3. L'émotion réduit la conscience du danger à une sorte d'hallucination affolante de l'objet dangereux, isolé de toutes les chances d'y échapper et de
toutes les réactions de sauvegarde qui se présentent à un esprit d'émotivité normale. C'est ainsi que naissent les paniques émotives, individuelles ou
collectives.

EMMANUEL MOUNIER, Traité du caractère, 1946, page 234.

B.- Par exagération, familier. Surprenant, inquiétant C'est affolant! :

Ø 4. La patronne de cette maison ne connaissait aucune des femmes qu'on lui demandait et en proposait toujours dont on n'aurait pas voulu. Elle m'en
vantait surtout une, une dont, avec un sourire plein de promesses (comme si ç'avait été une rareté et un régal), elle disait : « c'est une Juive! ça ne vous
dit rien? » (c'est sans doute à cause de cela qu'elle l'appelait Rachel.) Et avec une exaltation niaise et factice, qu'elle espérait être communicative et qui
finissait sur un râle presque de jouissance : « Pensez donc, mon petit, une Juive, il me semble que ça doit être affolant !... »

MARCEL PROUST, À la recherche du temps perdu, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, 1918, page 576.

Ø 5. J'aurai, au sujet de cette exposition, un petit reproche à adresser aux organisateurs : ils se sont complu à accrocher, en cette galerie fameuse, des
oeuvres d'une incroyable faiblesse et même tout à fait abominables, (...) Ces messieurs se sont amusés, je le sais, et c'est par jeu également qu'ils ont
exposé un Isabey lamentable, des Harpignies, Français, Zuber, Ziem et Delaroche d'une médiocrité affolante ;...

ANDRÉ LHOTE, Peinture d'abord, 1942, page 156.

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 104.

Forme dérivée du verbe "affoler"

affoler

AFFOLER 1 , verbe.

I.- Langue commune .

A.- Emploi transitif . [Le complément désigne une personne ou un ensemble de personne]

1. Littéraire. Rendre comme fou, c'est-à-dire troubler profondément, généralement sous l'effet d'une passion, d'un sentiment ou d'une émotion violente. Antonyme :
calmer :

Ø 1. On pourrait dire de Maupassant qu'il est mort de peur. Le néant l' a affolé et tué.

JULES RENARD, Journal, 1906, page 1090.

Ø 2. Au cours de ce procès, il comptait déposer d'une façon mensongère et dont l'inculpé ne pourrait pas cependant prouver la fausseté. De cette
façon, Bloch, qui ne mit du reste pas à exécution son projet, pensait le désespérer et l' affoler davantage.

MARCEL PROUST, À la recherche du temps perdu, Le Côté de Guermantes 1, 1920, page 228.

- [Avec un complément, préposition de indiquant la cause du trouble] :

Ø 3.... il peut faire tout ce qu'il voudra, il peut affoler d'admiration ou d'effroi une horde plus ou moins nombreuse d'intellectuels et de passionnés;...

LÉON BLOY, La Femme pauvre, 1897, page 145.

Ø 4. Quelle puissance prit alors durant cette semaine sa pensée sur mon imagination. Comme elle m' aurait affolé de passion si elle s'était refusée, si elle
avait disparu.

MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 3, avril 1903-janvier1904, pages 86-87.

Remarque  : Dans l'exemple suivant, le sens du verbe est déjà fortement affaibli :

Ø 5. Le temps était aussi mélancoliquement automnal que possible; c'était un soleil d'octobre, une lumière d'octobre; charmes doux qui m' affolent

toujours de je ne sais quelle aimable tristesse.

JULES BARBEY D'AUREVILLY, Deuxième Memorandum, 1839, pages 276-277.

- Emploi absolu :

Ø 6. L'horrible, ce vieux mot, veut dire beaucoup plus que terrible. Un affreux accident comme celui-là émeut, bouleverse, effare : il n' affole pas. Pour
qu'on éprouve l'horreur il faut plus que l'émotion de l'âme et plus que le spectacle d'un mort affreux, il faut, soit un frisson de mystère, soit une
sensation d'épouvante anormale, hors nature.

GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, L'Horrible, 1884, page 240.

Ø 7.... la faim vous talonne une armée pendant des jours. Elle ne terrorise ni n' anéantit. Elle angoisse, elle affole ; et quand elle tient ses hommes et
qu'elle en fait des loques ou des fauves, il n'y a plus d'obus qui comptent et l'ennemi n'est qu'un petit péril.

RENÉ BENJAMIN, Gaspard, 1915, page 35.

Remarque : 1. Dictionnaire de l'Académie Française 1798-1835 : " Il n'est guère d'usage [1835 : usité] que dans le style familier et au participe. " Cette remarque : qui
remonte à Dictionnaire de l'Académie Française 1694 (confer aussi Richelieu, tome 1 1680, infra étymologie) disparaît à partir de Dictionnaire de l'Académie Française
1878. Dictionnaire de l'Académie Française, Compléments 1842, l'avait recueilli avec la note "vieux langage". 2. Émile Littré, reproduisant presque textuellement une
remarque : et un exemple de Dictionnaire universel de la langue française (Louis-Nicolas Bescherelle) 1845, signale encore la forme affolir " devenir fou " comme un
mot vieux, mais non tout à fait hors d'usage, et donne comme exemple Cet homme affolit tous les jours. Il ajoute : " Il mériterait de ne pas périr tout à fait. "

2. En particulier, vieilli. Rendre amoureux de quelqu'un :

Ø 8.... je ne crois pas au surnaturalisme entre les vivants et les morts, hélas! mais je crois au surnaturalisme entre les vivants... L'amour, cette première
vue qui fait deux êtres amoureux, ce coup de foudre qui en une seconde affole deux êtres l'un de l'autre... Voilà du surnaturel bien certain, bien positif! »

EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, avril 1889, page 954.

Remarque : Confer aussi l'exemple 4, où affolé est accompagné d'un complément précisant qu'il s'agit d'amour.

3. Sens affaibli, langue peu soutenue. Faire perdre la tête, la maîtrise de soi dans l'action :

Ø 9. Comme toujours, lorsque au lieu de me laisser affoler et exaspérer par les faits, je les examine bien en face, pour graves et même cruels qu'ils
soient, ils apparaissent moins radicalement insolubles.

CHARLES DU BOS, Journal, mars 1925, page 324.

Ø 10. [PAULINE :] - (...) vers six heures, les dames excentriques ont surgi avec leur suite d'adorateurs. Ils avaient déjeuné au bord de l'eau; ils étaient
très excités, ils ont affolé tout le monde, se sont moqués de nos grenadines, ont fait distribuer le reste de leur champagne...

JACQUES CHARDONNE, Les Destinées sentimentales, La Femme de Jean Barnery, 1934, page 200.

B.- Emploi intransitif, vieilli " Devenir passionné à en perdre la raison. " (Dictionnaire universel de la langue française (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845).
Devenir fou : affoler de quelqu'un.

Remarque  : Dans cet emploi affoler a été remplacé dans le langage familier par raffoler.

C.- Emploi pronominal .

1. Littéraire . [Avec ou sans complément indiquant la cause du trouble] Devenir comme fou, être troublé profondément. Antonymes : s'assagir, se calmer :

Ø 11. Elle était plus femme qu'elle ne le croyait, cette chétive créature, en essayant de concilier les exigences de la religion avec les vivaces émotions de
vanité, avec les semblants de plaisir dont s'affolent les Parisiennes.

HONORÉ DE BALZAC, La Duchesse de Langeais, 1834, pages 265-266.

Ø 12. À l'avenir, sa tranquillité dépendait de cette femme, dont l'existence devait forcément devenir la sienne. Si elle gardait sa paix, il vivrait
paisiblement de son côté; si elle s'affolait, il se sentirait fou comme elle.

ÉMILE ZOLA, Madeleine Férat, 1868, page 114.

2. En particulier, vieilli. S'éprendre de quelqu'un :

Ø 13.... il avait conquis le coeur de la comédienne en débitant des facéties au dessert, et la dernière s'était affolée de lui après l'avoir entendu lire deux
pages de Jocelyn.

GUSTAVE FLAUBERT, La Première éducation sentimentale . 1845, page 258.

3. Sens affaibli, langue peu soutenue. Perdre la tête dans l'action, devenir extrêmement agité :

Ø 14.... pour imposer aux indigènes, on recourt à une force précaire, spasmodique et dévergondée. On prend peur ; on s'affole ; par manque d'autorité
naturelle, on cherche à régner par la terreur. On perd prise, et bientôt plus rien ne suffit à dompter le mécontentement grandissant des indigènes,
souvent parfaitement doux, mais que révoltent et poussent à bout les injustices, les sévices, les cruautés.

ANDRÉ GIDE, Voyage au Congo, 1927, page 693.

Ø 15.... ce n'est pas le moment de perdre la tête, non. Je ne m'affole pas pour des bêtises.

GEORGES BERNANOS, La joie, 1929, page 720.

Remarque  : À l'époque actuelle le sentiment qui commande l'acte d' affoler est le plus souvent la peur; pour les autres motivations le verbe est d'un emploi rare.

II.- Emplois spéciaux .

A.- Argot . Affoler verbe intransitif, ou s'affoler verbe pronominal Se dépêcher, courir comme des fous :

Ø 16. Les sept aventuriers, vite, s'accrochèrent à leurs chevaux. et rapides (...) s'affolèrent sur la grande route.

GEORGES D'ESPARBÈS, Le Roi, 1901, page 120.

Ø 17. Alors quand sonne l'hyporas

Sans affoler comme des rats

Chacun s'habille avec lenteur

Il n'est pas encor' l'heure. [Couplet d'une revue Barbe.]

ROGER SMET, Le Nouvel argot de l'X, 1936, page 119.

B.- HORTICULTURE. emploi intransitif " Pousser des feuilles sans fleurir, en parlant des anémones. " (Dictionnaire de l'Académie Française, Compléments
1842).

Remarque : Attesté également dans le Dictionnaire universel de la langue française (Louis-Nicolas Bescherelle) 1845. Le mot se rattache à fou " qui pousse de
manière sauvage " qui se trouve dans les expressions herbes folles et branches folles (Französisches etymologisches Wörterbuch (WALTHER VON WARTBURG)
tome 3 1949, au mot follis). Confer affolage. Une interférence avec feuille a pu jouer à l'époque ancienne Confer feuillir, enfeuillir, raffeuillir " (se) garnir de feuilles ".

C.- PHYSIQUE. Affoler une boussole, un compas. Déranger l'aiguille aimantée d'une boussole (phénomène qui se produit sous l'influence de certains facteurs :
voisinage du fer, orage violent, etc.) :

Ø 18. Un coup de foudre qui frappa le bâtiment affola la boussole.

DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE (ÉMILE LITTRÉ) Addenda . 1872.

Remarque  : Dans cet emploi, le verbe a également existé à la forme intransitive :

Ø 19. Mais dans cette journée, la plus terrible de toutes celles que nous passâmes dans les régions glaciales, nous dûmes naviguer dans des directions
très différentes et souvent tout à fait opposées; dès lors tous nos compas de route commencèrent à affoler ; nous nous trouvions suffisamment près
du pôle magnétique, pour que la force horizontale qui dirigeait nos aiguilles devînt trop faible par rapport aux influences étrangères...

JULES-SÉBASTIEN-CÉSAR DUMONT D'URVILLE, Voyage au Pôle Sud et dans l'Océanie, tome 8, 1845, page 162.

La forme pronominale est plus fréquente :

Ø 20.... c'est le printemps, l'aiguille s'affole dans sa boussole, le binocard entre au bocard et la grande dolichocéphale sur son sofa s'affale et fait la
folle.

JACQUES PRÉVERT, Paroles, 1946, page 19.

Remarque  : Selon DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE LA LANGUE FRANÇAISE (PIERRE-CLAUDE-VICTOIRE BOISTE) 1834, Dictionnaire de l'Académie Française
1798 Supplément 1835 on emploie dans le même sens s'affolit. Selon DICTIONNAIRE GÉNÉRAL ET GRAMMATICAL DES DICTIONNAIRES FRANÇAIS
(NAPOLÉON LANDAIS) 1834 cet emploi n'est pas conforme à l'usage.

D.- TECHNOLOGIE.

1. Emploi transitif. Rendre indépendante du mouvement général une partie du mécanisme, " pour qu'elle soit libre de rester au repos ou de prendre un mouvement
différent, opération qui se pratique à chaque instant dans les ateliers au moyen des roues folles ou des embrayages " (Grand dictionnaire universel du XIX e . siècle
(Pierre Larousse)).

2. Emploi pronominal . [En parlant d'une mécanique] Fonctionner trop vite, s'emballer :

Ø 21. Un jour, appuyé sur la rambarde de « l'engine-room », il regardait la puissante machine qui s' emportait parfois, quand, dans un violent
mouvement de tangage, l'hélice s'affolait hors des flots.

JULES VERNE, Le Tour du monde en quatre-vingts jours, 1873, page 94.

Ø 22. En cape, le bâtiment recevait de gros paquets risquant de tout arracher et la machine s'affolait ; nous mîmes en fuite sous la misaine, la machine à
quatre-vingts tours, filant de l'huile et gouvernant à la lame.

JEAN-BAPTISTE CHARCOT, Rapport préliminaire sur la campagne du "Pourquoi-Pas?" en 1933 , 1934, page 27.

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