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Définition: AFFAIRÉ, -ÉE, adjectif et substantif.

Publié le 08/12/2021

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Définition: AFFAIRÉ, -ÉE, adjectif et substantif.

I.- Adjectif .

A.- [Non suivi de préposition]

1. [En parlant d'une personne ou d'un ensemble de personne] Qui est ou laisse paraître qu'il est très absorbé ou très agité par le grand nombre de ses occupations :

Ø 1. La vie d'un homme affairé dans ce monde exclut entièrement la vie de l'esprit et l' absorbe. Dans cet état l'homme tout au dehors s'offre à tout ce
qui vient l'irriter sans aucune retraite en soi, sans moyen de défense ou de consolation.

MARIE-FRANÇOISE-PIERRE GONCTHIER DE BIRAN, DIT MAINE DE BIRAN, Journal, 1823, page 417.

Ø 2. De l'argent! de l'argent! criait le parfumeur par les rues en se parlant à lui-même, comme font tous les gens affairés de ce turbulent et bouillonnant
Paris, qu'un poète moderne nomme une cuve.

HONORÉ DE BALZAC, Histoire de la grandeur et de la décadence de César Birotteau, 1837, page 253.

Ø 3. Les femmes du pays allaient affairées de porte en porte,...

GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 1, La Maison Tellier, 1881, pages 1191-1192.

Ø 4. Dans le monde qu'il imaginait, qu'il voyait, qu'il sentait venir, la tentation de la mort ne tourmenterait plus aucun homme, puisque cette humanité
besogneuse et affairée, aurait l'aspect de la vie, mais serait déjà morte.

FRANÇOIS MAURIAC, Le Mystère Frontenac, 1933, page 276.

- Par extension . [En parlant de la physionomie, du ton de parole, du comportement] Qui est le propre de personnes affairées :

Ø 5. M., intendant de province, homme fort ridicule, avait plusieurs personnes dans son salon, tandis qu'il était dans son cabinet, dont la porte était
ouverte. Il prend un air affairé, et, tenant des papiers à la main, il dicte gravement à son secrétaire :...

NICOLAS-SÉBASTIEN ROCH, DIT DE CHAMFORT, Caractères et anecdotes, 1794, page 94.

Ø 6. J'accoutumais les capitaines à une attitude calme et forte, toute contraire à l'agitation affairée, à l'importance fanfaronne qui était le ton accoutumé
de la milice citoyenne.

ALFRED DE VIGNY, Mémoires inédits, 1863, pages 96-97.

Ø 7. Quand le prince se vit de nouveau seul avec son confident, il ne revint pas sur ce qui venait de se passer, mais prenant le ton le plus affairé, il lui
parla du conseiller de commerce Martélius et chargea Lanze de se rendre immédiatement chez l'indispensable personnage;...

JOSEPH ARTHUR COMTE DE GOBINEAU, Les Pléiades, 1874, page 114.

Ø 8. C'est bon, cette vie active, affairée, où l'on n'a pas une minute à soi : il n'y a pas de place pour l'ennui ou le noir de la pensée.

EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, décembre 1888, page 870.

Remarque : 1. Considéré comme familier par Dictionnaire de l'Académie Française 1740-1878.

Remarque : 2. Le superlatif absolu de affairé pose un problème. Dictionnaire de l'Académie Française 1718-1798 donne dans un exemple : " il est si fort affairé
que... ", qui devient en 1835 : " il est si affairé ", maintenu en 1932. Ce qui laisse supposer que dans l'emploi non intensif il y a passage de fort affairé ( confer infra
exemple 12) à très affairé. Cette dernière tournure a été critiquée par des puristes :

Ø 9. Il est très- affairé. Quoique cette expression soit généralement répandue, elle n'en est pas moins vicieuse; dites, il est très-occupé.

ÉTIENNE MOLARD, Le Mauvais langage corrigé, 1810, page 8.

Mais les écrivains suivent l'usage commun :

Ø 10. Maintenant, elle marchait par les étroits sentiers d'herbe, entre les pièces, donnait un coup d'oeil à chacune; tandis que lui la suivait, très affairé,
l'air préoccupé énormément de la perte possible d'un tablier ou d'un torchon.

ÉMILE ZOLA, Le Rêve, 1888, page 77.

Pour le superlatif relatif confer supra exemple 5

Remarque : 3. On peut se demander si sous la condamnation de très affairé ne se manifeste pas le sentiment que affairé est un participe passé, et s'il n'y aurait pas
e. siècle ( confer ce verbe sous étymologie et historique); mais la là une preuve indirecte de l'existence du verbe s'affairer, attesté seulement au dernier quart du XIX .
condamnation peut aussi avoir son origine dans le sentiment que affairé a de soi une valeur superlative

2. [En parlant d'un animal] :

Ø 11. Quand j'observe les Parisiens, sur le boulevard, à la Bourse, au café, au théâtre, il me semble toujours voir un pêle-mêle de fourmis affairées et
enragées, sur lesquelles on a versé du poivre.

HYPPOLYTE-ADOLPHE TAINE, Notes sur Paris, Vie et opinions de Monsieur Frédéric-Thomas Graindorge, 1867, page 152.

B.- [Suivi d'une préposition]

1. Affairé + à + substantif ou infinitif. Très occupé à :

Ø 12. Le surlendemain, à quatre heures du matin, Leuwen fut réveillé par l'ordre de monter à cheval. Il trouva tout en émoi à la caserne. Un sous-officier
d'artillerie était fort affairé à distribuer des cartouches aux lanciers. Les ouvriers d'une ville à huit ou dix lieues de là venaient, dit-on, de s'organiser et
de se confédérer.

HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Lucien Leuwen, tome 2, 1836, page 83.

Ø 13. Lorsque son maître éphémère, embarrassé d'un aussi beau don, m'appela par le téléphone, je la trouvai assise sur une table ancienne, le derrière
sur des documents diplomatiques, et affairée à sa toilette intime.

GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, La Maison de Claudine, 1922, page 225.

2. Affairé + de + substantif. Très occupé par, très préoccupé de :

Ø 14. Toute sa jeunesse au couvent avait été préoccupée de l'avenir, affairée de songeries.

GUY DE MAUPASSANT, Une Vie, 1883, page 86.

Ø 15.... tante Lison inquiète, affairée de l'événement prochain, lui [Jeanne] tenait la main...

GUY DE MAUPASSANT, Une Vie, 1883 page 132.

II.- Pris substantivement .

A.- Substantif masculin . Un (homme) affairé :

Ø 16. Immobiles, elles [les personnes qui vivent toujours enfermées] s'incarnent dans la vie de la rue, et tous ces affairés qui leur apparaissent,
quelquefois tous les jours aux mêmes heures, ne se doutent pas qu'ils servent de régulateurs à d'autres existences...

ALPHONSE DAUDET, Froment jeune et Risler aîné, 1874, page 169.

Remarque  : Le féminin est mal attesté; dans l'exemple suivant c'est plutôt folles qui est substantivé :

Ø 17. Quant aux... folles affairées qui... s'agitent jour et nuit dans le néant... il faut avouer qu'il est impossible de rien imaginer de plus méprisable.

OCTAVE FEUILLET, Monsieur de Camors, 1867, page 227.

B.- Substantif féminin, régionalisme :

Ø 18. Grande quantité. Se dit surtout par antiphrase. - En v'la ti pas eune belle affairée; c'est-à-dire : Il y en a si peu que ça ne vaut pas la peine d'en
parler.

PAUL MARTELLIÈRE, Glossaire du Vendômois, 1893, page 7.

Remarque : Il semble que le sens exact soit " quantité "; confer Französisches etymologisches Wörterbuch (Walther von Wartburg) tome 3 au mot facere, affaizée
(Yonne) " quantité d'herbe, de menus bois ou autres objets contenus dans le tablier qu'on porte relevé devant soi ".

 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 325. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 284, b) 579; XXe. siècle : a) 713, b) 399.

Forme dérivée du verbe "affairer"

affairer

AFFAIRER (S'), verbe pronominal.

[Le sujet désigne des êtres vivants, avec indication fréquente d'un lieu ou parfois du voisinage d'une personne (préposition : à, dans, autour, devant, etc.)] Faire
montre d'empressement dans son travail et, le cas échéant, d'agitation :

Ø 1. Et la vie continuait, dans l'antique atelier, toujours pareille et régulière, comme si les coeurs, un moment, n'y avaient pas battu plus vite. Tandis
qu'Hubert s'affairait aux métiers, dessinait, tendait et détendait, Hubertine aidait Angélique, toutes les deux les doigts meurtris, quand venait le soir.

ÉMILE ZOLA, Le Rêve, 1888, page 157.

Ø 2. Une lampe sur la table dehors, le feu de la cuisine dans la maison, le tic-tac de la pendule marquaient seuls la pulsation du grand calme un peu
oppressant Puis des gens s'affairèrent pour nos commissions;...

HENRI, ALBAN FOURNIER, DIT ALAIN-FOURNIER, JACQUES RIVIÈRE, Correspondance, lettre de Alain-Fournier à Jacques Rivière, septembre
1908, page 50.

Ø 3. La confusion devint générale, et, tandis que certains s'affairaient auprès de la présidente, qui continuait à gesticuler en poussant des
glapissements aigus, d'autres entouraient Dhurmer qui criait : « Il ne m'a pas touché! Il ne m'a pas touché!... »

ANDRÉ GIDE, Les Faux-monnayeurs, 1925, page 1174.

Ø 4. Un médecin du quartier se tenait au chevet de Mme. Duffieux qui gémissait ainsi, tandis qu'une vieille femme au ventre énorme, peut-être une
parente, peut-être une voisine, s'affairait autour du fourneau.

GEORGES SIMENON, Les Vacances de Maigret, 1948, page 92.

Ø 5. Entrant par une petite porte latérale, les deux garçons se trouvèrent dans une vaste cuisine où s'affairaient plusieurs femmes en tabliers blancs.

JULIEN GREEN, Moïra, 1950, page 196.

Ø 6. Le Redoutable était à quai, ses ponts débarrassés de leur habituel désordre; des hommes s'affairaient auprès du tas de charbon.

JULIEN GRACQ, Le Rivage des Syrtes, 1951, page 197.

Ø 7. « C'est arrivé : me voilà étudiante! » me disais-je joyeusement. Je portais une robe écossaise, dont j'avais cousu moi-même les ourlets, mais neuve,
et taillée à ma mesure; compulsant des catalogues, allant, venant, m'affairant, il me semblait que j'étais charmante à voir.

SIMONE DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, page 171.

- S'affairer à + infinitif ou substantif d'action.. Être très occupé à :

Ø 8. Aux fenêtres des roulottes, les forains regardaient, attendant l'heure. Certains s'affairaient encore à la toilette de leurs boutiques.

LOUIS ARAGON, Les Beaux quartiers, 1936, page 161.

Ø 9.... un vilain, poussant son âne, passa un jour, dans la ville où il était venu vendre une charge de bois, devant la boutique d'un marchand d'épices,
dont les valets s'affairaient à piler dans des mortiers leurs herbes et leurs graines odorantes : en respirant ces précieux parfums, qui agissent sur lui
comme un air maléfique, il tombe raide à terre, évanoui;...

EDMOND FARAL, La Vie quotidienne au temps de Saint Louis, 1942, page 120.

Ø 10.... les hommes s'affairaient à plier les toiles de tente, à rouler les couvertures.

JEAN-PAUL SARTRE, La Mort dans l'âme, 1949, page 220.

- Rare . S'affairer de quelque chose (à propos de quelque chose). Être très préoccupé de. Synonyme : se faire (toute) une affaire de quelque chose :

Ø 11. L'échec a, lui aussi, ses prédestinés : ils ne gardent jamais le souvenir que de ce qu'ils ont manqué ou souffert; ils s'affairent des difficultés de
leurs entreprises avant même qu'elles ne s'offrent à eux;...

EMMANUEL MOUNIER, Traité du caractère, 1946, page 451.

Remarque  : Le verbe, comme l'adjectif affairé, a sans doute désigné d'abord des activités serviles ou matérielles comme celles qui sont confiées à des domestiques,
à des intendants ( confer les exemples d'Alphonse Daudet, d'Émile Zola, etc.). De là sans doute la note péjorative qui parfois s'attache au mot, qui est tout à fait sorti
de ses humbles origines ( confer étymologie et historique) dans l'exemple 7. Dictionnaire de l'Académie Française tome 1 1932 l'ignore encore.

 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 86.

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