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DÉCHAÎNÉ, -ÉE, participe passé, adjectif et substantif.

Publié le 06/12/2021

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DÉCHAÎNÉ, -ÉE, participe passé, adjectif et substantif.  

I.—  Participe passé de déchaîner* 

II.—  Emploi adjectival. 

A.—  Rare, vieilli.  [Appliqué à une personne ou à un animal]  Délivré de sa chaîne. Synonyme : désenchaîné. 

—  Par métaphore.  Libéré de tout état de servitude. [Des] serfs affamés et nouvellement déchaînés (EDGAR QUINET, Allemagne et Italie,  1836, page 129 ). 

B.—  Usuel, au figuré. 

1. [Appliqué à une personne ou à un groupe de personnes]  Qui donne libre cours à sa fureur, à son emportement. Devant sa boutique, Laboque déchaîné, furieux de sa défaite, s'emportait (ÉMILE ZOLA, Travail, tome 1, 1901, page 280 ). Des bandes de voyous déchaînés! Des échappés de Charenton! (LOUIS-FERDINAND DESTOUCHES, DIT CÉLINE, Mort à crédit,  1936, page 640) : 

Ø 1. Elle lui dit (...) des phrases qu'elle n'aurait jamais cru pouvoir prononcer (...) menaçante tour à tour et suppliante, déchaînée enfin et ne calculant plus.

PAUL BOURGET, Cruelle énigme,  1885, page 108. 

—  Déchaîné contre. Des petits êtres déchaînés contre la société et déchaînés contre eux-mêmes (MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 7, 1909, page 217 ). 

—  Être déchaîné..  Être dans un état d'excitation ou d'irritation intense. Plusieurs hommes ensemble étaient incapables de lui tenir tête quand il était déchaîné (JULIEN VIAUD, DIT PIERRE LOTI, Le Mariage de Loti,  1882, page 62 ). Il est déchaîné après toi (MAURICE GENEVOIX, Raboliot,  1925, page 154 ). 

·    Locution familière.  [Par référence à la croyance que le diable est habituellement enchaîné en Enfer] 

Le diable est déchaîné. Rien ne va plus, il règne le plus grand des désordres. Je leur criai : —  Qu'est-ce qui se passe? Et celui qui tenait les rênes me répondit (...) : —  Le diable est déchaîné! (ÉMILE ERCKMANN ET ALEXANDRE CHATRIAN, DITS ERCKMANN-CHATRIAN, Histoire d'un paysan, tome 1, 1870, page 396 ). 

C'est un diable déchaîné. Ils [les Armagnacs] se jetèrent comme diables déchaînés sur le village de Champigny et brûlèrent (...) avoine, blé, brebis, (...) enfants et femmes (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Vie de Jeanne d'Arc, tome 2, 1908, page 63 ). 

—   [Appliqué à une forme du comportement physique ou psychique]  Qui se manifeste avec violence, après avoir été longtemps contenu. Rire(s), voix, passions, sens déchaîné (es). Toute la meute dévorante des appétits déchaînés (ÉMILE ZOLA, Paris, tome 2, 1898, page 33 ). Cette cohue brutale de passions déchaînées (PAUL CLAUDEL, Un Poète regarde la croix,  1938, page 34) : 

Ø 2. À partir de ce jour funeste, et une fois l'impur ruisseau franchi, un élément formidable fut introduit dans mon être; ma jeunesse, longtemps contenue, déborda; mes sens déchaînés se prodiguèrent.

CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Volupté, tome 1, 1834, page 176. 

·    Être déchaîné. Toutes les violences sont déchaînées (JACQUES MARITAIN. Humanisme intégral, problèmes temporels et spirituels d'une nouvelle chrétienté,  1936, page 268 ). 

2. [Appliqué à une force, à un élément de la nature]  Le chaos des éléments déchaînés (ÉMILE MOSELLY, Terres lorraines, 1907, page 39 ). Dehors, la pluie, le vent, la neige, toutes les vieilles habitudes du vieil hiver déchaîné (JEAN THARAUD, JÉRÔME THARAUD, La Rose de Sâron,  1927, page 78 ). 

—  Par analogie.  [Appliqué à un phénomène déclenché par l'homme]  Un tumulte infernal de tambours déchaînés (JEAN THARAUD, JÉRÔME THARAUD, Rabat ou les Heures marocaines,  1918, page 27) : 

Ø 3. Du coup, je suis projeté au milieu d'une inimaginable cohue tournoyante d'hommes et de femmes (...) qui (...) dansent furieusement, entraînés par un orchestre nègre déchaîné.

GEORGES GOURSAT, DIT SEM, La Ronde de nuit,  1923, page 19. 

III.—  Emploi comme substantif. Les déchaînés de la génération nouvelle (PAUL BOURGET, Essais de psychologie contemporaine,  1883, page 105) : 

Ø 4. Devenu soldat, je sollicitai les postes les plus dangereux, espérant me faire tuer pour en finir vite, et me battis en déchaîné. Je ne réussis qu'à obtenir de l'avancement.

LÉON BLOY, La Femme pauvre,  1897, page 204. 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 450. Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) 328, b) 381; XXe.  siècle : a) 1 003, b) 825. 

 

Forme dérivée du verbe \"déchaîner\"

 déchaîner

DÉCHAÎNER, verbe transitif.  

A.—  Rare, vieilli.  [Le sujet désigne une personne]  Retirer ses chaînes à une personne ou à un animal. Synonyme : désenchaîner. Quand ce fut fini, elle déchaîna la chienne (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 1, Une Vendetta, 1883, page 120) : 

Ø 1.... après avoir pris hauteur et calculé la position du navire, Phileas Fogg fit venir Passepartout, et il lui donna l'ordre d'aller chercher le capitaine Speedy. C'était comme si on eût commandé à ce brave garçon d'aller déchaîner un tigre...

JULES VERNE, Le Tour du monde en quatre-vingts jours,  1873, page 198. 

—  Par métaphore. Un jour un homme au large et froid cerveau Déchaîne les chiens de la guerre (AUGUSTE BARBIER, Ïambes et poèmes, 1840, page 258 ). 

B.—  Au figuré, usuel. 

1. Péjoratif.  [Le complément désigne une personne]  Libérer les forces combatives d'un individu, l'exciter, l'irriter. On ne pacifie pas d'un coup ce qu'on a si longtemps déchaîné (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Volupté, tome 2, 1834, page 163) : 

Ø 2. Désormais l'homme n'a plus d'autre loi que son bon plaisir, plus d'autre décalogue que l'estime qu'il fait de ses propres forces, la confiance qu'il met en soi-même, la violence de ses passions. Napoléon, qui a tant travaillé à enchaîner les hommes, a, en réalité, déchaîné l'homme.

JEAN-RICHARD BLOCH, Destin du siècle,  1931, page 251. 

·    Déchaîner contre. Et l'on déchaîne contre lui l'opinion publique (HONORÉ DE BALZAC, Les Illusions perdues,  1843, page 448 ). 

—  Emploi pronominal.  [Le sujet désigne une personne]  Se mettre dans un état d'agitation immodérée, s'emporter avec violence souvent après une longue retenue. Sans parler d'Henriette qui se déchaîne comme une furie, toute en gestes, en paroles, avec de longues tirades (ELSA TRIOLET, Le Premier accroc coûte deux cents francs,  1945, page 346 ). 

·    Se déchaîner contre/sur quelqu'un. Comme je souffre! Qu'ils me tourmentent! Ils sont tous déchaînés contre moi (GUSTAVE FLAUBERT, La Tentation de Saint Antoine,  1849, page 404 ). 

2. [Suivi d'un complément d'objet direct abstrait] 

a) Donner libre cours à une force latente ou à un sentiment contenu, d'ordre individuel ou collectif. Déchaîner le rire, le tumulte, l'enthousiasme, les passions. Ce bon ivrogne et ce cadet de Gascogne sont naturels. Ils déchaînent la sympathie (MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 5, 1906-07, page 161) : 

Ø 3. Il passait par des roulades, d'un air à l'autre, à peu près immobile, n'avançant la tête qu'au refrain. Alors il battait la mesure, déchaînait le tumulte, et tandis qu'il chantait encore je le voyais sourire si toutes les voix couvraient enfin le bruit de ferraille que faisait le train.

JEAN GUÉHENNO, Journal d'un homme de 40 ans,  1934, page 152. 

—  Spécialement, péjoratif.  Déclencher avec force un événement généralement défavorable. Quand elle [la bourgeoisie] aura déchaîné les événements, quand elle aura ouvert la crise (JEAN JAURÈS, Études socialistes,  1901, page XVII. ). Déchaîner une nouvelle guerre (JULIEN GREEN, Journal,  1946, page 64 ). 

—  Emploi pronominal.  [Le sujet désigne un inanimé abstrait]  Toutes les passions s'étaient déchaînées, balayant les hommes et les choses (ÉMILE ZOLA, Travail, tome 2, 1901, page 121 ). 

b) [Le complément désigne un élément de la nature]  Libérer brusquement et avec violence une force naturelle. Déchaîner les vents, la tempête. [Cette force] qui déchaîne les vents, soulève les mers ou calme les tempêtes (CHARLES-FRANÇOIS DUPUIS, Abrégé de l'origine de tous les cultes,  1796, page 6) : 

Ø 4. L'hiver vint, l'ouragan que la saison déchaîne,

S'engouffrant une nuit dans les branches du chêne,

Et le combattant, seul, sans frère et sans appui,

Le balaya de terre et son ombre avec lui;...

ALPHONSE DE LAMARTINE, Jocelyn,  1836, page 751. 

—  Emploi pronominal.  Se manifester dans toute sa violence. La tempête se déchaîne, les vents sifflent, les vagues grondent et les voiles sont déchirées (GERMAINE NECKER, BARONNE DE STAËL, De l'Allemagne, tome 2, 1810, page 146 ). 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 501. Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) 268, b) 499; XXe.  siècle : a) 1 010, b) 1 024. 


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