DÉCAPANT, -ANTE, participe présent, adjectif et substantif masculin.

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DÉCAPANT, -ANTE, participe présent, adjectif et substantif masculin.  

I.—  Participe présent de décaper* 

II.—  Adjectif et substantif. 

A.—  Adjectif.  Qui décape. 

—  Par métaphore et par métonymie.  Râpeux. Le vin bourru d'octobre, doux, trouble et décapant (ALEXANDRE ARNOUX, Pour solde de tout compte,  1958, page 73 ). 

B.—  Substantif masculin.  Produit servant à décaper*. L'acide phénique brut, (...), serait un excellent décapant pour les vieilles peintures à l'huile (CHARLES COFFIGNIER, Couleurs et peintures,  1924, pages 730-731 ). 

 

 

 

Forme dérivée du verbe \"décaper\"

 décaper

DÉCAPER1, verbe transitif.  

A.—  [En parlant d'une surface métallique]  Nettoyer (cette surface) en enlevant la couche d'oxydes et autres impuretés qui la recouvrent. Pour décaper le fer, (...) il faut plonger les pièces dans le bain d'acide sulfurique (HIPPOLYTE FONTAINE, Électrolyse,  1885, page 68 ). Il existe différentes machines à décaper les tôles (M. GASNIER, Dépôts métalliques directs et indirects, 1927, page 40 ). 

B.—  Par extension.  Ôter la couche superficielle qui recouvre et le plus souvent altère une surface quelconque. 

1. [En parlant de surfaces en pierre ou en bois, en particulier d'éléments de menuiserie ou de meubles]  On prépare ensuite la pierre à l'acide nitrique, pour bien décaper la surface (A.-MATTHIEU VILLON. Dessinateur et imprimeur lithographe,  1932, page 221) : 

Ø 1. Après avoir décapé les fauteuils, dont les bois eussent été trop noirs, il les recouvrit de toile bise...

FRANÇOIS MAURIAC, Journal 1,  1934, page 66. 

—  Par métaphore.  Rendre son éclat, sa jeunesse à quelque chose. Il [Radiguet] rendait leur jeunesse aux vieilles formules. Il dépatinait les poncifs. Il décapait les lieux communs (JEAN COCTEAU, La Difficulté d'être,  1947, page 26 ). 

—  Par métaphore et par métonymie. Un tel courage, une propreté si scrupuleuse l'étonnaient un peu. Elle n'avait jamais vu chez les valets de ferme qu'une crasse puante, superficiellement décapée le dimanche (MAXENCE VAN DER MEERSCH, Invasion 14,  1935, page 21 ). 

2. Spécialement. 

a) MINES : 

Ø 2. Pendant l'hiver, l'exploitation est arrêtée; on en profite pour « décaper », c'est-à-dire enlever le découvert ou couche de terre qui recouvre la roche kaolinique.

MARC LARCHEVÊQUE, Fabrication industrielle de la porcelaine dure,  1898, page 130. 

b) TRAVAUX PUBLICS.  Enlever la partie superficielle d'une chaussée afin de faciliter la prise du macadam de rechargement. 

c) VÉNERIE.  Ôter la peau (d'un animal), le dépouiller. Antonio coupa autour du pied de la bête [un marcassin] et il commença à décaper la cuisse (JEAN GIONO, Le Chant du monde, 1934, page 66 ). 

Remarque : Noter aussi les emplois suivants où décaper a le sens de \" ronger \". Les statues intérieures en plâtre, décapées par le feu jusqu'à une blancheur de craie (André Malraux, Espoir, 1937, page 580). Par métaphore Et la voix décapée par les alcools du tambour municipal, avertit les populations (Alexandre Arnoux, Zulma, 1960, page 116). 

C.—  Par métaphore ou au figuré. 

1. [En parlant de personne; le verbe peut être suivi d'un objet secondaire introduit par de désignant ce dont on veut débarrasser quelqu'un]  Nettoyer, débarrasser (quelqu'un) de ce qui est inutile ou nuisible : 

Ø 3. Il [Claude Vorge] me paraît être de ces jeunes baladins (...) —  qu'il faudrait retourner, manipuler six mois, plonger dans des acides —  dans de puissants malheurs par exemple —  pour les décaper et retrouver l'homme véritable qu'il y a peut-être en dessous...

LOUIS FARIGOULE, DIT JULES ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, La Douceur de la vie, 1939, page 180. 

—  Emploi pronominal. Ces hommes se décaperont tout à l'heure de leur sueur, de leur alcool, de l'encrassement de leur attente dans les eaux régales de la nuit de guerre. Je les sens si près d'être purifiés (ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY, Terre des hommes,  1939, page 247 ). 

—  Par métonymie.  Enlever, faire disparaître ce qui est inutile ou nuisible. Lorsqu'il eut décapé tout ce qui s'était déposé sur elle dans sa solitude, de manies et de tics (RAYMOND QUENEAU, Les Enfants du limon,  1938, page 93 ). 

2. Par extension.  Faire apparaître avec plus de netteté. Une lueur froide et minérale décapait les contours des arêtes de pierre dure (JULIEN GRACQ, Le Rivage des Syrtes,  1951, page 352 ). 

—  Emploi pronominal.  Devenir plus net : 

Ø 4. La traversée d'une forêt, je n'ai jamais pu m'imaginer autrement l'approche d'un pays de légende. Il me semble qu'après elle la vision se décape, devient autre, que les champs découverts étincellent plus tendrement, plus doucement, dans la lueur levée derrière ce crépuscule des branches.

JULIEN GRACQ, Un Beau ténébreux,  1945, page 73. 

Remarque : On rencontre dans la documentation a) Le participe passé adjectivé décapé. Nettoyé, rendu neuf. Pendant vingt-quatre heures, son temps allait couler entre des rives nettoyées, des berges désencombrées où se retrouverait, décapé et pur,α  le doux loisir, matière première de la vie (Joseph Malègue, Augustin, tome 1, 1933, page 12). Son arôme [du café au lait] familier et renouvelé à la fois, décapé, rafraîchi, présenta le relief grattant des choses neuves (Idem, ibidem, page 119). b) Décapeur,) Substantif masculin Ouvrier qui effectue le décapage des pièces métalliques. β ) Adjectif masculin Qui décape. Synonyme : décapant, Un verre de vin loyal, savoyard, verjuteux et décapeur (Alexandre Arnoux, Pour solde, 1958, page 51). 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 2