décadence

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Le mot décadence apparaît pour la première fois en 1734, dans le titre d'une oeuvre de Montesquieu, Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence. La racine latine renvoie à l'idée de chute. Le terme devient notoire à la fin du XIXe siècle, où il rassemble poètes et esthètes.La publication, en 1884, du roman de Huysmans, A rebours, déclenche un véritable engouement pour ce "mouvement décadent" qui s'organise autour de la revue Le Décadent, dès 1886. A rebours, devient "le bréviaire" de la Décadence et son auteur rompt violemment avec celui qui fut l'ami des premières expériences littéraires, Zola. Que recèle ce texte, fascinant pour les uns, exaspérant pour les autres, et qui a marqué toute une génération ? A rebours ne raconte rien. C'est un roman sans intrigue, construit comme le catalogue du "bon goût" décadent. La figure unique du livre, des Esseintes, est le dernier descendant d'une illustre famille de l'Ile-de-France, épuisée par la consanguinité. Il incarne l'aristocrate "fin de race", qui n'a plus la force de vivre dans le monde et se retire dans le raffinement de sa propriété de Fontenay, au milieu des rares objets qui lui sont encore chers. L'enfermement de son héros sert de prétexte à Huysmans pour affirmer son refus du contemporain et son goût pour l'étrange, le surnaturel. Aux yeux des décadents, "la nature a fait son temps", il faut se livrer aux délices raffinés de l'artifice, se situer "à rebours" de la mode, se donner comme les derniers symboles d'un univers qui agonise. En effet, le thème de l'épuisement, du crépuscule, lié à celui du culte du Beau, "toujours bizarre'', est une constante de cet esprit décadent "fin-de-siècle". Ce thème nourrit une curiosité pour toutes les formes de corruption, en même temps qu'un élitisme littéraire qui aboutit aussi à la poésie symboliste. Le poète décadent et symboliste choisit en effet la solitude en ignorant le grand public. Sa littérature se veut d'une lecture difficile et sélective. Outre Huysmans, qui a contribué à faire connaître cette sensibilité, on comptera, au nombre des grands écrivains français influencés par la Décadence, Verlaine et Mallarmé, mais aussi Péladan, Mirabeau, Bloy et Rémy de Gourmont.