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COULEUR, substantif féminin.

Publié le 08/12/2021

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COULEUR, substantif féminin.
I.— Qualité de la lumière que renvoie un objet et qui permet à l'oeil de le distinguer des autres objets, indépendamment de sa nature et de sa forme :
Ø 1. « Personne ne peut être sûr de voir les couleurs comme les voit son prochain ». [Rosenstiehl, Traité de la couleur, in-8o, 1913]
CHARLES COFFIGNIER, Couleurs et peintures, 1924, page 17.
A.— [Par référence à l'ensemble des couleurs, y compris le blanc, le noir, le gris, dites couleurs achromatiques]
1. Usuel. Couleur blanche, noire; couleur lumineuse; couleur (de) chair; les (sept) couleurs de l'arc en ciel et absolument les sept couleurs. Le ciel, en essuyant ses pleurs, Déroule avec Iris l'écharpe aux sept couleurs (THÉODORE DE BANVILLE, Les Cariatides, 1842, page 19 ).
— Spécialement. MÉDECINE. [En parlant d'un être humain] Les pâles couleurs. Synonyme : chlorose*. Elle mourut à quatorze ans des pâles couleurs (HONORÉ DE BALZAC, Les Paysans, 1844, page 248 ). Par métaphore. L'âne, aux hommes : Votre philosophie est une vieille prude, Votre bigoterie a les pâles couleurs (VICTOR HUGO, L'Âne, 1880, page 324 ).
— Syntagmes.
a) Couleur + nom spécifiant la nuance (après un substantif le mot prend une valeur adjectif invariable).
· Couleur + nom désignant une couleur. Couleur bleu de roi; couleur (d')argent, (d')or; couleur (de) pourpre; la couleur noisette de ses yeux.
· Couleur + nom d'objet dont la couleur est prise comme variété de couleur. Couleur d'encre, de neige; couleur de rose; des gants couleur beurre frais, un manteau couleur de muraille. Dans les circonstances actuelles qui ne sont pas couleur de rose (JULES BARBEY D'AUREVILLY, Memorandum 1, 1838, page 182) :
Ø 2. J'ai vu sept femmes très belles, vêtues de robes d'or et d'argent et de manteaux couleur du soleil, couleur de la lune et couleur du temps,...
ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Le Petit Pierre, 1918, page 111.
· Couleur + nom abstrait. Couleur de crépuscule, couleur de nuit.
Couleur du temps. Bleu ciel. L'eau roule à ses pieds, couleur du temps, livide (GEORGES BERNANOS, Monsieur Ouine, 1943, page 1470 ). C'est la blonde insouciance, Aux yeux bleus, couleur du temps (LOUIS BOUILHET, Dernières chansons, 1869, page 165 ).
Remarque : Couleur est masculin dans ces locutions elliptiques, le couleur de feu, le couleur de rose, de chair, de citron, etc... Ce ruban est d'un beau couleur de feu (Dictionnaire de l'Académie Française 1835, 1878).
b) Couleur + adjectif. Couleur bleue; couleur cuivrée, dorée; couleur chatoyante, criarde, dégradée, éclatante, éteinte, fanée, sombre, unie, etc.
· Couleur chaude, froide :
Ø 3.... le rouge, lié à l'apparence du feu, du métal en fusion, est couleur chaude; le bleu est couleur froide, celle de l'eau, de la glace.
RENÉ HUYGHE, Dialogue avec le visible, 1955, page 43.
· Couleur pure (saturée, confer Henri Bergson, Essai sur les données immédiates, 1889, page 52), couleur lavée (rompue); couleur claire, foncée; couleur vive (pure et claire), couleur pâle (claire et lavée); couleur profonde (pure et foncée); couleur rabattue (foncée et lavée).
c) Substantif + couleur. Association, combinaison, contraste de couleurs; la gamme, la palette des couleurs; harmonie, intensité de couleurs; orgie, symphonie de couleurs; effet de couleurs :
Ø 4.... les diverses intensités d'une couleur correspondent à autant de nuances différentes comprises entre cette couleur et le noir, les degrés de saturation sont comme des nuances intermédiaires entre cette même couleur et le blanc pur.
HENRI BERGSON, Essai sur les données immédiates de la conscience, 1889, page 52.
d) Verbe + couleur(s). Altérer, assortir, combiner les couleurs; être de la couleur de.
· Changer de couleur; être, devenir de toutes les couleurs.
[En parlant d'un être humain] Pâlir, rougir sous l'effet d'une émotion. Il suffisait d'un mot pour la faire changer de couleur; c'était une sensitive (JEAN-PAUL SARTRE, Huis-clos, 1944, 5, page 142 ).
Par métaphore ou au figuré :
Ø 5.... les samedis pour moi ont changé de couleur depuis que je sais que je ne te trouverai pas le soir en venant dîner.
JACQUES RIVIÈRE, Correspondance [avec Alain-Fournier] , 1909, page 139.
· Spécialement. COIFFURE. Faire une couleur. Faire une coloration*.
— Locutions proverbiales, figurées.
· Des goûts et des couleurs on ne peut disputer. On ne peut discuter de ce qui est purement subjectif.
· Parler de quelque chose comme un aveugle des couleurs. Parler de ce que l'on ne connaît pas. Il est vain de condamner le mal que l'on n'a pas fait. C'est en parler comme l'aveugle des couleurs (PAUL VALÉRY, Suite, 1934, page 76 ).
· (Ne pas) connaître, (ne pas) voir la couleur de quelque chose. (Ne pas) connaître, voir cette chose. Je n'ai pas encore vu la couleur de votre argent (JACQUES AUDIBERTI, Les Femmes du Boeuf, 1948, page 125 ).
· En (faire) voir (à quelqu'un) de toutes les couleurs. (Lui faire) subir des épreuves, des tracasseries. Le vieux roublard, qui en a vu de toutes les couleurs et qui est revenu de tout (BLAISE CENDRARS, Bourlinguer, 1948, page 13 ).
· En dire de toutes les couleurs. Faire toutes sortes d'avances ou de propositions, parfois grossières. À l'heure où les ouvrières rentrent... bien des jeunes gens vont les voir passer, et leur en content de toutes les couleurs (PROSPER MÉRIMÉE, Carmen, 1847, page 30 ).
2. PHYSIQUE. Phénomène visible conditionné par la longueur d'onde de la lumière émise, réfléchie, transmise ou diffusée par un objet. Théorie des couleurs, vision des couleurs :
Ø 6. La couleur existe parce que notre oeil est constitué de telle sorte qu'il transmet au cerveau, sous forme de couleur, les diverses façons dont les corps absorbent et décomposent, suivant leur constitution chimique, les rayons lumineux qui les frappent.
GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, Lettre d'un fou, 1885, page 1005.
— Syntagmes.
a) Couleur + substantif. Couleur de polarisation (confer Albert de Lapparent, Cours de minéralogie, 1899, page 497 ).
· Couleurs du prisme, du spectre. Couleurs principales que l'on obtient par décomposition de la lumière blanche à travers un prisme. On a comparé quelquefois l'échelle des couleurs du spectre solaire à la gamme des tons musicaux (AUGUSTIN COURNOT, Essai sur les fondements de nos connaissances et sur les caractères de la critique philosophique, 1851, page 155) :
Ø 7. Le grand peintre, séduit par les mirages chromatiques qui entourent les choses plutôt que par la matière même, songera aux sept couleurs du spectre plutôt qu'à celle de la terre ou du bois.
ANDRÉ LHOTE, Peinture d'abord, 1942, page 69.
b) Couleur + adjectif.
· Couleur complémentaire.
[D'une couleur du spectre] Couleur mixte composée de toutes les autres couleurs du spectre et dont le mélange avec la première donne de la lumière blanche par addition de l'ensemble des radiations colorées.
[D'un pigment, d'un colorant] Couleur dont le mélange avec la première donne du noir par absorption (ou soustraction) de l'ensemble des mêmes radiations colorées :
Ø 8. Le rouge du drapeau s'éteint et jaunit, parce qu'il se détache sur le bleu du ciel, dont la couleur complémentaire, l'orangé, se combine avec le rouge.
ÉMILE ZOLA, L'Œuvre, 1886, page 207.
· Couleur fondamentale (ou primaire). Chacune des trois couleurs à partir desquelles l'on peut reproduire toutes les autres par des mélanges en proportion convenable. Ce principe scientifique qui fait découler des trois couleurs primaires, le jaune, le rouge, le bleu, les trois couleurs secondaires, l'orange, le vert, le violet (ÉMILE ZOLA, L'Œuvre, 1886page 270 ).
c) Substantif + couleur.
· Indice de couleur. " Différence entre la magnitude visuelle et la magnitude photographique d'un objet céleste " (confer Dictionnaire de l'astronomie (PAUL MULLER) 1966).
· Température* de couleur (confer Histoire générale des sciences. tome 3, volume 2, 1964, page 546 ).
3. PEINTURE (confer coloris A). [La couleur envisagée du point de vue de l'effet esthétique qu'elle doit produire] La couleur anglaise importée par Delacroix dans le Massacre de Scio (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1893, page 420) :
Ø 9.... la couleur est posée non plus comme un simple adjuvant du dessin, mais comme une ressource toute différente de l'art de peindre que l'on compare à la musique et à son action.
RENÉ HUYGHE, Dialogue avec le visible, 1955, page 207.
— Par métonymie. Effet produit par les couleurs d'un tableau et par extension impression générale qui s'en dégage. La couleur est heureuse. La couleur de Van Gogh, si belle qu'elle paraisse encore, n'est qu'une morte par rapport à ce qu'elle fut (ANDRÉ LHOTE, Peinture d'abord, 1942, page 136 ).
— Couleur locale " Couleur propre à chaque objet, indépendamment de la distribution particulière de la lumière et des ombres " (Dictionnaire de l'Académie Française) et par extension peinture exacte d'un personnage, d'un paysage :
Ø 10. J'aime ce tableau, me dit-elle, en me montrant l'Arabe qui pleure sur son coursier; cet homme est profondément affligé; ce cheval est bien mort. (...) — Ne trouvez-vous pas qu'il y a là un sentiment bien vrai de la couleur locale?
VICTOR-JOSEPH ÉTIENNE, DIT DE JOUY, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, tome 3, 1813, page 342.
· Figuré. Ensemble des détails caractéristiques d'un lieu ou d'une époque. C'est le quartier de plaisir pour étrangers en quête de couleur locale, le pittoresque pour touristes sans initiative (ALBERT T'SERSTEVENS, L'Itinéraire espagnol, 1933, page 109 ).
Remarque : On rencontre aussi couleur locale associée à couleur historique (confer PROUST, Guermantes 1, 1920, page 189) et temporelle (confer DUMESNIL, Histoire illustrée du théâtre lyrique, 1953, page 113).
4. [Les couleurs en tant que symboles] :
Ø 11. Les couleurs expressives de la lumière et du ciel seront toujours solidaires des idées de pureté, de vertu, de sagesse divine.
RENÉ HUYGHE, Dialogue avec le visible, 1955, page 270.
a) [En tant que symbole religieux] Couleurs liturgiques. Couleurs des ornements liturgiques adoptées par l'Église pour chaque moment de l'année :
Ø 12.... on rit un tantinet d'elle, dans le village et dans l'abbaye, à cause de sa manie de porter sur sa toilette les couleurs liturgiques du jour; elle est un ordo vivant, un calendrier qui marche;...
GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, L'Oblat, tome 1, 1903, page 31.
b) [En tant que symbole profane]
— D'une nation, d'une collectivité publique, etc. Les couleurs nationales. Gare, (...) pavoisée aux couleurs françaises (MAXENCE VAN DER MEERSCH, Invasion 14, 1935, page 356) :
Ø 13. La plupart des courtisans, (...) étaient enrôlés sous le drapeau tricolore : presque tous avaient fait la guerre d'Amérique et barbouillé leurs cordons des couleurs républicaines.
FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, tome 1, 1848, page 236.
· Absolument. Les trois couleurs (du drapeau français). Et le vent des combats dénouait en jouant L'écharpe aux trois couleurs qui ceignait ce géant (EDGAR QUINET, Napoléon, 1836, page 189 ).
· Par métonymie. Les couleurs. Drapeau, pavillon aux couleurs officielles. Amener, faire flotter, hisser les couleurs :
Ø 14. Certains [vaisseaux] arborent le pavillon tricolore. Les autres naviguent sous les couleurs britanniques, hollandaises, polonaises, belges.
CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1954, page 98.
— D'une personne en vue ou d'une collectivité. Arborer, porter les couleurs de quelqu'un; faire triompher les couleurs d'un club, d'une écurie. Cravates et (...) porte-cartes en soie aux couleurs des clubs ou des régiments (PAUL MORAND, Londres, 1933, page 171 ). Porter les couleurs d'une dame. " Porter des couleurs semblables à celles que cette dame affectionne le plus " (Dictionnaire de l'Académie Française) et au figuré " se mettre parmi ses adorateurs " (Dictionnaire de l'Académie Française).
· Par métonymie. Nos sujets vêtus, (...) chacun de la couleur de sa profession (ANDRÉ MALRAUX, La Condition humaine, 1933, page 197 ).
· Spécialement. Couleurs héraldiques. Couleurs particulières utilisées dans l'art du blason. " Elles sont au nombre de sept, dont deux métaux et cinq émaux " (Dictionnaire général des lettres, des beaux-arts et des sciences morales et politiques (THÉODORE BACHELET, CHARLES DEZOBRY) 1882).
B.— [Par référence à un sous-ensemble de couleurs excluant le blanc, le noir, le gris] :
Ø 15. C'était beau. Tout était gris. Maintenant, tu ne peux pas savoir, tout est déjà rose, jaune vert. C'est devenu une carte postale. Il faut te lever plus tôt, nourrice, si tu veux voir un monde sans couleurs.
JEAN ANOUILH, Antigone, 1946, page 138.
1. [Couleur par opposition au blanc] Craie de couleur. Toute couleur tend à s'évanouir dans le blanc, tout objet à se résorber dans l'absence d'objet (ALBERT BÉGUIN, L'Âme romantique et le rêve, 1939, page 382 ).
a) [En parlant d'êtres humains]
— Couleur(s) du visage (confer bonne, mauvaise mine*). Les premiers fruits, le bon air, les ébats des champs, rendront à Félix ses belles couleurs (FÉLICITÉ-ROBERT DE LAMENNAIS, Lettres inédites... à la baronne Cottu, 1824, page 156 ). P. brachylogie. Avoir (un visage qui a) de belles couleurs :
Ø 16. Sa mère mourut peu de jours après sa naissance, succombant sans doute à une affection tuberculeuse. Il héritait d'elle « une toux sèche et une couleur pâle qu'il a gardée jusqu'à l'âge de plus de vingt ans ».
PAUL VALÉRY, Variété V, 1944, page 211.
— La coloration vive, éclatante du visage (confer bonne mine) par opposition à la pâleur. Perdre, prendre des couleurs. Son visage, toujours sans couleur sous la poudre, blêmit encore (LOUIS ARAGON, Les Beaux quartiers, 1936, page 351 ).
· (Visage) haut en couleur. Très coloré. Son teint haut en couleur (GASTON LEROUX, Rouletabille chez le tsar, 1912, page 15 ). C'était un grand paysan du pays de Caux, haut en couleur, gros de poitrine et de ventre, et perché sur de longues jambes (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, Saint-Antoine, 1883, page 194 ).
Figuré. Voici un de ses compatriotes qui est plus haut en couleur et plus mordant (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Nouveaux lundis, tome 12, 1863-69, page 96 ). Leurs récits étaient si hauts en couleur (EMMANUEL MOUNIER, Traité du caractère, 1946, page 130 ).
Remarque : On rencontre dans la documentation l'expression fort en couleur avec le même sens.
— Par analogie. Teinte finale obtenue par la nature ou par l'art. Prendre (de la) couleur; les raisins ont pris de la couleur.
· Prendre couleur.
ART CULINAIRE, PÂTISSERIE. Prendre une teinte dorée. Faites cuire avec feu dessus et dessous; vingt minutes suffisent pour prendre couleur (JULES FLEURY-HUSSON, DIT CHAMPFLEURY, Les Souffrances du professeur Delteil, 1853, page 84 ).
Figuré a) L'affaire prend couleur. Se précise, prend tournure. Ça prend couleur, (...); voyons où il veut en venir (Reybaud, Jérôme Paturot, 1842, page 43). b) Prendre couleur. Être marqué comme appartenant à un clan ou à un parti :
Ø 17. — Monsieur l'abbé, répondit-il [Albert] il m'est impossible de me charger des intérêts de la maison Fatteville, et vous allez comprendre pourquoi... je ne veux pas prendre couleur, et dois rester une énigme jusqu'à la veille de mon élection...
HONORÉ DE BALZAC, Albert Savarus, 1842, page 98.
— Homme, race de couleur par opposition à la race blanche. Les Français blancs et de couleur (CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1954, page 258 ).
b) Étoffe, et plus particulièrement linge de couleur, par opposition au linge blanc. On ne met pas du linge de couleur à sécher au soleil (JULES RENARD, Journal, 1903, page 843 ). Absolu. Les couleurs, par opposition au blanc. Laver les couleurs.
2. [Les couleurs dites chromatiques par opposition aux couleurs achromatiques] Les daltoniens complets, individus aveugles à toutes les couleurs, voient le monde en noir, blanc, gris (HENRI CAMEFORT, A. GAMA, Sciences naturelles (Classe de philosophie, mathématiques et sciences expérimentales) 1960, page 248) :
Ø 18.... Biondetta, renonçant aux couleurs, aux parures, à « l'arc-en-ciel des vanités », souhaite pour elle des vêtements noirs comme le corbeau qui quitta l'arche, blancs comme la colombe qui revint avec le rameau d'olivier.
ALBERT BÉGUIN, L'Âme romantique et le rêve, 1939, page 291.
· Par métaphore. Il n'y a pas de couleurs dans mes livres, il n'y a que du blanc et du noir, des effets de lumière et d'ombres (JULIEN GREEN, Journal, 1935-39, page 198 ).
— Spécialement, en Beaux-Arts, ARTS APPLIQUÉS. De (en) couleur. (Capable de produire une image) autre qu'en noir, blanc (et gris) exclusivement. Gravure, impression, lithographie en couleur; photographie, tirage en couleur; film en couleur. La télévision en couleurs est arrivée actuellement à l'état expérimental (JEAN-JACQUES MATRAS, Radiodiffusion et télévision, 1958, page 108 ).
· Absolument. La couleur. Faire de la (photographie en) couleur; avoir la (télévision en) couleur.
II.— Par métonymie (confer aussi supra I A 3)
A.— Substance qui sert à donner de la couleur. Marchand de couleurs. Qui vend des couleurs, par extension droguiste. Crayon de couleur. Crayon qui sert à colorier. Ses façades peintes de couleurs vives (ANDRÉ BILLY, Introïbo, 1939, page 14) :
Ø 19. Il vit sur la palette les couleurs qui avaient séché, (...); il vit dans sa boîte à couleurs le désordre des tubes jetés là pêle-mêle.
CHARLES-FERDINAND RAMUZ, Aimé Pache, peintre vaudois, 1911, page 163.
— Syntagmes.
1. Couleur + substantif. Couleur " à l'aquarelle " (confer H.-J. Rousset, Travail des petits matériaux, 1928, page 172), à l'huile; couleur en poudre; couleur d'aniline.
2. Couleur + adjectif (confer aussi supra I A 1). Couleur chimique, minérale, organique (naturelle ou synthétique), pigmentaire. Couleur écaillée; couleur inaltérable, indélébile; couleur opaque, transparente, vitrifiable.
3. Substantif + couleur(s). Pistolet à couleur; charge, couche, touche de couleur; mélange de couleurs; pot, tube de couleur; fabricant de couleurs.
4. Verbe + couleur(s). Appliquer, broyer, délayer, mélanger, préparer les couleurs; mettre en couleur, passer à la couleur; prendre de la couleur.
B.— JEUX.
1. JEU DE CARTES. Marque des quatre séries, trèfle, carreau, coeur, pique. Jouer dans la couleur.
— Annoncer la couleur : Annoncer la série qui servira d'atout.
· Figuré. Annoncer ses intentions. Question galette, j'annonce la couleur : c'est florissant au possible. On peut tout se payer (JEAN GIONO, Les Grands chemins, 1951, page 213 ).
2. JEUX DE HASARD (boule, roulette, etc). " Jouer la couleur... miser sur le rouge ou le noir, au lieu de miser sur les numéros " (Grand Larousse de la langue française en six volumes).
C.— Argot. Soufflet (par référence à la couleur rouge qui marque l'endroit qui a reçu le soufflet). « J'bouscule l'usurpateur, Qui m'applique sur la face, Comm' on dit, une couleur ». Le Gamin de Paris, chanson, 184 (LORÉDAN LARCHEY, Les Excentricités de la langue française en 1860, 1865, page 92 ).
III.— Par métaphore ou au figuré.
A.— [Par référence à la valeur distinctive des couleurs] Aspect distinctif, caractéristique. La couleur typique de quelque chose La couleur générale de sa conversation (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Romens et nouvelles, tome 1, 1842, page 69 ). Ne voyez donc pas l'avenir sous des couleurs si noires (FÉLICITÉ-ROBERT DE LAMENNAIS, Lettres inédites... à la baronne Cottu, 1819, page 48 ). Si Marie-Thérèse eût continué le récit à la place de Manuel, elle eût donné aux événements sa couleur propre (JULIEN GREEN, Journal, 1933, page 134) :
Ø 20. Don Juan I considérait : qu'une femme n'est qu'une note, un timbre, une couleur d'entre les couleurs, et que même on n'en jouit pas, on n'en tire, on ne lui donne toute sa valeur si on ne la place dans une gamme, une diversité d'autres, parmi lesquelles elle peut valoir et faire valoir ce qu'elle a d'unique...
PAUL VALÉRY, Mauvaises pensées et autres, 1942, page 182.
1. Syntagmes.
a) Couleur + substantif. Couleur d'ensemble, de justesse; couleur de (l')amitié, de (l')espoir, de (la) haine, couleur de (la) vertu; une couleur de mélodrame; (avoir) la couleur d'un sot.
b) Couleur + adjectif. Couleur aimable, conventionnelle, cruelle, émotionnelle, épique, exacte, juste, moderne, monacale, morale, originale, paysanne, religieuse, romanesque...
c) Verbe + couleur(s). Peindre sans (avec) des couleurs; présenter (se) sous des couleurs...; prendre des couleurs; représenter sous des couleurs...
2. En particulier.
a) MUSIQUE.
— [Par analogie avec la peinture] Couleur harmonique, instrumentale, musicale. Madame, (...) vous m'avez parlé souvent de la couleur de la musique et de ce qu'elle peignait (HONORÉ DE BALZAC, Massimilla Doni, 1839, page 455 ). Beethoven a su conserver la couleur grave et sombre (...) [qui devait] dominer dans un tel sujet [la symphonie héroïque] (HECTOR BERLIOZ, À travers chants, 1862, page 25) :
Ø 21.... à l'oreille d'un musicien deux motifs, matériellement composés de plusieurs des mêmes notes, peuvent ne présenter aucune ressemblance, s'ils diffèrent par la couleur de l'harmonie et de l'orchestration.
MARCEL PROUST, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, 1918, page 661.
— Spécialement. Timbre, tonalité. On ne classe pas les voix par leur étendue, c'est-à-dire par leur longueur, mais par leur timbre, leur couleur et leur tessiture (Arts et littérature dans la société contemporaine (direction Pierre Abraham) 1935, page 3610 ).
b) PHONÉTIQUE :
Ø 22. Couleur. Qualité du timbre d'une voyelle, appréciée d'après la correspondance qu'on croit percevoir entre les impressions acoustiques et les impressions visuelles; on distingue ainsi des voyelles claires (é), sombres (ou), ternes (eu), éclatantes (â), etc.
Lexique de la terminologie religieuse (JULES MAROUZEAU) 1933, page 58.
c) Opinion, tendance. Couleur politique; couleur démocratique, jacobine; la couleur d'un journal. Nous n'avions pas les mêmes pensées, mais nous avions des pensées de même couleur (JULES RENARD, Journal, 1896, page 364 ).
— [Par opposition à la banalité, à la neutralité des tons ordinaires] Vie, relief. Cela a beaucoup de couleur. Une voix sans couleur. Sur un fond gris d'existence, la plus légère impression fait couleur (PAUL BOURGET, 2e. amour, 1884, page 148 ). Ma femme sans qui rien n'a chanson ni couleur (LOUIS ARAGON, Le Crève-coeur, 1941, page 37 ).
— En particulier. [En parlant du style d'une oeuvre littéraire, d'un auteur] Leur poésie était sans couleur et leur style sans harmonie (JEAN-FRANÇOIS MARMONTEL, Essai sur les romans, 1799, page 308 ). Relu un des contes des Seven Gothic Tales d'Isak Dinesen... il y a de la fantaisie, de la couleur et de la verve dans ces récits (JULIEN GREEN, Journal, 1942, page 242 ).
B.— Péjoratif. [Par référence à la couleur en tant qu'elle masque ce qu'elle recouvre] Prétexte, mensonge. Sous prétexte de mariage ou autre couleur (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Le crime de Sylvestre Bonnard, 1881, page 482) :
Ø 23.... j'aimerais bien être son fils, ô tante Josette!... j'aurais plus de liberté, mais d'un autre côté, je ne pourrais pas lui raconter les couleurs que je raconte à maman... ça ne prendrait pas!...
SIBYLLE-GABRIELLE-MARIE-ANTOINETTE DE RIQUETTI DE MIRABEAU, COMTESSE DE MARTEL DE JANVILLE, DITE GYP, Monsieur Fred, 1891, page 82.
— Argot.
· Monter une couleur. Raconter des mensonges. Ne fais donc pas la bête : est-ce que tu crois que je veux te monter des couleurs? (LOUIS-FRANÇOIS RABAN, MARCO SAINT-HILAIRE. Mémoires d'un forçat, ou Vidocq dévoilé. 1828-29, page 289 ).
· Affranchir la couleur. Renseigner, mettre au courant Tu vas foncer voir Ali pour lui affranchir la couleur (LANGUE VERTE ET NOIRS DESSEINS (AUGUSTE LE BRETON), Du Rififi chez les hommes, 1953, page 74 ).
· Vieux. Ne pas être à la couleur. S'en laisser conter, être naïf (confer être à la coule*). Si vous n'êtes pas à la couleur, [vous croyez ce mensonge que l'on vient vous débiter] (DENIS POULOT. Le Sublime, ou le Travailleur comme il est en 1870 et ce qu'il peut être. 1872, page 201 ).
— Sous couleur de. Sous l'apparence de, sous prétexte de. M. Zola, sous couleur de critique littéraire, n'a jamais fait qu'ériger son goût personnel en principe (JULES LEMAÎTRE, Les Contemporains, 1885, page 251 ).
STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 11 330. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 15 184, b) 16 805; XXe. siècle : a) 15 606, b) 16 838.

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