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Corse (île).

Publié le 06/12/2021

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Corse (île).
1

PRÉSENTATION

Corse (île), île du sud de la France, quatrième plus grande île de la Méditerranée.

2

GÉOGRAPHIE

La Corse est située à 170 km de la côte niçoise. Elle s'étend sur 8 680 km2. Le sous-sol est composé, en grande partie, d'un socle cristallin. Au centre s'élève un massif
cristallin, qui s'étend sur presque toute la longueur de l'île, du nord au sud, la partageant en deux parties. Au nord de ce massif, dans la zone du Niolo, s'élève le point
culminant de la Corse, le monte Cinto (2 710 m). La partie méridionale du massif cristallin est moins escarpée. Les massifs du centre sont creusés par les vallées profondes
du Liamone, du Gravone, du Taravo et du Rizzanese, quand ils ne sont pas prolongés par de vastes plateaux. Dans le nord-ouest de l'île s'étend la plaine de la Balagne,
tandis qu'au nord-est la Castagniccia élève ses sommets schisteux du Tavignano jusqu'au Cap-Corse. Une plaine d'alluvions s'étend à l'est et au sud de cette zone
schisteuse. La plaine d'Aleria occupe ainsi la côte orientale jusqu'au bassin tertiaire de Solenzara. Le golfe de Porto-Vecchio s'inscrit entre ce bassin et celui de Bonifacio, à
l'extrême sud de l'île. De nombreux golfes (golfes de Porto, de Sagone, d'Ajaccio et de Valinco) découpent toute la façade occidentale de l'île.
La région appartient au milieu méditerranéen ; son climat est adouci par l'insularité. Voir aussi Corse (Région administrative).

3

L'ART ET LA CULTURE CORSES

Deux siècles après Pasquale Paoli, la francisation n'a pas totalement réduit la culture corse. Le patrimoine légué tout au long de l'histoire corse est remarquable et riche :
coffres, dolmens, menhirs du néolithique, tours de la civilisation torréenne (plateau de Levie, région de Porto-Vecchio), architecture gréco-romaine (Aleria, Mariana),
basiliques paléochrétiennes (Calvi, Sagone, Saint-Florent).
Dès le haut Moyen Âge, l'art préroman prend son essor. À la fin du
Balagne. Cet art roman pisan s'épanouit jusqu'au
développe aux

XVIe

et

XVIIe

XVe

XIe

siècle, la République pisane construit des cathédrales côtières dans la Castagniccia, le Nebbio et la

siècle. À l'inverse, la présence de l'art gothique demeure limitée. Avec la Contre-Réforme naît l'art baroque. Il se

siècles, notamment dans la région de Bastia et en Castagniccia.

L'insularité, la présence génoise et les menaces permanentes des pirates barbaresques ont marqué durablement les paysages corses. Gênes a légué de nombreuses
citadelles (Bonifacio, Algajola, Porto-Vecchio) et l'office de Saint-Georges a doté l'île d'un système de surveillance en édifiant des tours le long des côtes.
La langue corse est également très riche. Elle s'est construite au fur et à mesure des apports extérieurs (racines celto-ligures, influences latine, puis toscane et
secondairement génoise). Elle reflète les « vendetta « du passé et reste principalement orale jusqu'au milieu du

XIXe

siècle, puis devient écrite et est enseignée à l'université

de Corte. Aujourd'hui, la polyphonie corse (au travers de la paghjella, polyphonie profane, ou de la joute poétique improvisée chantée a cappella, dite chjama è rispondi)
maintient une tradition et une culture, expression et reflet des luttes du passé d'une île et de ses habitants.
Mise en parallèle avec les réalités économiques, la culture corse a autant de sens et d'importance. L'équilibre est néanmoins difficile à conserver entre ces deux domaines
parfois antagonistes.

4 HISTOIRE
4.1 Des origines au XXe siècle
L'homme prend pied en Corse dès la période du prénéolithique. Aux chasseurs-nomades (« la Dame de Bonifacio « date de 6600 av. J.-C.) succèdent les peuplades agropastorales du néolithique ancien (Aleria, Filitosa, Levie). C'est à la fin du néolithique que les mégalithes se multiplient.
L'histoire de la Corse commence véritablement avec la colonisation d'Alalia (Aleria) par les Phocéens aux

VIe

et

Ve

siècles av. J.-C. D'après l'historien grec Hérodote, c'est par

cette colonie que ceux-ci ont fait pénétrer dans l'île les cultes religieux et les techniques du monde méditerranéen.
Si la présence des Phocéens, puis celle des Étrusques et des Carthaginois se limite au littoral, celle des Romains, qui prennent Aleria en 259 av. J.-C., marque le début
d'une longue occupation. La romanisation, puis la christianisation, apportent un brassage entre autochtones, colons grecs, latins et étrangers.
Durant plusieurs siècles, l'île subit différentes dominations étrangères. Au
cinq évêchés corses. Les pirates barbaresques et les Sarrasins (du

VIIe

au

Ve

siècle apr. J.-C., les invasions barbares (les Vandales, puis les Ostrogoths) désorganisent les

XIe

siècle) s'installent sur les côtes, afin de s'assurer d'autres voies maritimes. Face à ces

envahisseurs, les Corses se replient à l'intérieur des terres.
Au

VIIIe

siècle, Pépin le Bref confirme l'attribution de l'île au Saint-Siège. Mais devant les incursions sarrasines régulières, la papauté concède l'administration de la Corse à

l'évêque de Pise en 1077. Suit une période de paix et de prospérité, brisée par la rivalité entre Gênes et Pise, qui conduit le pape à attribuer aux Génois trois des six
évêchés dès 1133. Les Corses demeurent morcelés géographiquement et opposés socialement. Ceux de l'En deçà, situé au nord-est, soutiennent la domination génoise,
avec leur conseil des Six-Corses. Ceux de l'Au-delà, situé au sud-ouest, luttent contre l'administration de Gênes. Cette rivalité constante réduit l'efficacité de la résistance
corse contre les conquérants, ce qui permet à Gênes de dominer l'île de 1284 à 1729. L'exclusion des Corses dans la haute administration, les inégalités judiciaires et la
situation économique déclenchent une succession de jacqueries. Les Corses, alliés à la France, s'opposent à Gênes, soutenue par l'Empire autrichien. Dans ce contexte de
désordre, Pasquale Paoli organise un « gouvernement de la nation corse « en 1755, et contraint Gênes à vendre la Corse à la France en 1768. Devant l'importance du parti
français et la supériorité militaire française, Paoli s'exile pour l'Angleterre en 1769.
Pendant la Révolution française, la Corse, en vertu du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, devient un département français. En 1790, Paoli est rappelé de son exil
pour assumer les charges de président du Conseil général et de commandant de la garde nationale. Affaibli par la maladie, il rompt ses relations avec la Convention et, sous
l'influence de Pozzo di Borgo, fait appel à l'Angleterre, qui administre la Corse entre 1794 et 1796. Bonaparte, originaire de l'île, devenu Premier consul, engage rapidement
l'assimilation de la Corse à la France. Cependant, l'île évolue peu.
Au cours du

XIXe

siècle, l'aménagement du territoire et le développement économique de la Corse restent limités, tandis que le banditisme et le clientélisme perdurent.

Malgré l'indifférence de la IIIe République, la majorité des Corses conserve pour la France un attachement et un intérêt profonds. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la
Corse est le premier département français à être libéré (4 octobre 1943). Ses soldats participent alors au débarquement de Provence. Après l'indépendance de l'Algérie en
1962, de nombreux rapatriés d'origine corse reviennent sur l'île, notamment dans la plaine orientale.

4.2

Le nationalisme contemporain

À partir des années 1960, les questions économiques et le développement de courants autonomistes et indépendantistes prennent une importance particulière. La Région
administrative de Corse est créée en 1970. Le parc naturel régional voit le jour en 1971.

En 1975, la Région est divisée en deux départements distincts. Mais la dépendance économique vis-à-vis du continent et l'abondance des capitaux étrangers sur le territoire
corse, notamment, conduisent les mouvements de revendications autonomistes et indépendantistes à s'engager dans des actions politiques, mais aussi dans des actions
armées. Dès 1974, après la dissolution du Fronte paesanu corsu di liberazione (FPCL), 111 plastiquages sont pratiqués. Après la mort de deux policiers en août 1975 à
Aleria, l'Action régionaliste corse (ARC) est dissoute et le Front de libération national de la Corse (FLNC) est formé.
Mais la répression n'enraye pas la montée de la violence. Des séries d'attentats sont principalement menées contre les symboles de l'État (bâtiments publics, représentants
de l'État) et contre les capitaux étrangers (complexes touristiques étrangers ou métropolitains). Le FLNC revendique ainsi, entre 1976 et le début des années 1990, plus de
5 000 actions armées.
La loi de décentralisation de mars 1982 attribue à la Corse un statut particulier, lui accordant notamment une assemblée de 51 conseillers élus pour six ans au suffrage
universel direct et un président assurant le pouvoir exécutif durant trois ans. Les autorités françaises prononcent la dissolution du FLNC en 1983. L'interventionnisme de
l'État se heurte au clientélisme électoral et à l'esprit de clan insulaire.
Après l'échec d'un projet, en 1990, où la notion de « peuple corse « comme « composante du peuple français « est rejetée comme anti-constitutionnelle, l'île obtient, en
mai 1991, sa classification comme collectivité territoriale à statut particulier. Avec la loi Joxe, la Corse reçoit ainsi des pouvoirs plus étendus que les autres régions : le
Conseil exécutif régional devient un véritable organe de gouvernement quasi autonome couvrant les domaines économiques, sociaux et culturels. Dès lors, les élections
régionales de mars 1992 mettent en évidence l'ampleur des mouvements autonomistes (25 p. 100 des suffrages au second tour) mais aussi des divergences notoires dans
leurs revendications. Ces mouvements sont partagés entre la volonté de négocier un nouveau statut avec l'État (zone franche, pouvoir régional plus étendu), l'acquisition
d'un statut proche de celui des territoires d'outre-mer (TOM) et une indépendance complète. Désorganisées, les luttes indépendantistes dégénèrent en luttes fratricides. À la
recherche d'une voie nouvelle pour la Corse et dans l'attente du rétablissement d'un véritable État de droit, l'État laisse se déclarer au grand jour les dissensions entre
nationalistes.
Cependant, en février 1998, le meurtre du préfet Claude Érignac à Ajaccio provoque une vague d'indignation sur l'île et dans tout le pays, et entraîne une vaste opération
contre la corruption et le clientélisme. Les élections territoriales de mars 1999 sont marquées par une nette progression des nationalistes. Un mois plus tard, l'affaire dite
des « paillotes «, qui entraîne, en mai, l'incarcération provisoire du préfet Bernard Bonnet, soupçonné d'avoir ordonné l'incendie d'un restaurant de plage construit
illégalement, déstabilise -- momentanément -- le gouvernement de Lionel Jospin, peu de temps avant l'interpellation et les aveux des auteurs supposés du meurtre du
préfet Érignac.
Après une recrudescence des attentats à l'automne, plusieurs groupes nationalistes annoncent un cessez-le-feu le 23 décembre 1999. Cette trêve fait suite à la rencontre
historique à Matignon, le 13 décembre, entre le Premier ministre et des élus corses, rencontre qui lance les négociations sur le statut de l'île, conclues en juillet 2000 par
l'accord de Matignon. Cet accord prévoit notamment l'enseignement de la langue corse, qui aurait lieu lors des horaires scolaires normaux en maternelle et en primaire, les
arrêtés Miot sur la déclaration des successions de biens immobiliers, la fiscalité et le financement de l'économie, ainsi que des pouvoirs d'adaptation du règlement et de la
loi nationale par l'Assemblée de Corse, présidée par José Rossi. Les élus de cette dernière, y compris les nationalistes de Corsica Nazione, de Jean-Guy Talamoni,
approuvent en juillet, puis en décembre, le texte qui doit être soumis au Parlement. Mais l'accord de Matignon suscite une vive hostilité dans une partie de la classe
politique continentale qui, sous l'impulsion du ministre de l'Intérieur, Jean-Pierre Chevènement (dont la démission intervient en août), estiment que la loi de la République
doit être la même pour tous les citoyens français. En février 2001, le Conseil d'État rend un avis critique sur les principaux points de l'accord et le président Chirac décide de
reporter l'inscription du projet de loi sur la Corse au Conseil des ministres du 13 février. La commission des lois modifie alors la rédaction du texte définitif, notamment en
ce qui concerne l'apprentissage de la langue corse et la nature du transfert des compétences prévu à la fin de la période transitoire (2002). Face à cette situation, certains
nationalistes s'inquiètent de voir le processus amorcé par l'accord de Matignon vidé de son sens. En outre, en août 2001, François Santoni est assassiné, un an après le
meurtre de son ami Jean-Michel Rossi, une autre figure historique du nationalisme corse. Cet événement contribue à fragiliser le processus en cours.
En décembre 2001, le projet de loi relatif à la Corse, dont est finalement exclue la possibilité pour l'Assemblée de Corse d'adapter la loi de 1986 sur l'aménagement et la
protection du littoral, est adopté en lecture définitive par l'Assemblée nationale par 249 voix contre 228 et 48 abstentions. Mais le Conseil constitutionnel, saisi par
l'opposition, en censure la principale disposition prévoyant le transfert de compétences législatives à l'Assemblée territoriale à titre expérimental (article 1). La loi qui
comporte toutefois de nombreux transferts de compétences, la possibilité d'adapter les règlements, un enseignement facultatif de la langue corse, des dispositions fiscales
particulières et l'annonce d'un plan d'investissement, est promulguée le 22 janvier 2002 par le président de la République.
Superficie : 8 680 km2 ; population (2005) : 276 668 habitants.

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