Corrigé du tableau d’analyse du poème « L’ennemi » de Baudelaire
Publié le 06/10/2022
Extrait du document
«
Corrigé du tableau d’analyse du poème « L’ennemi » de Baudelaire
L’ennemi
Ma jeunesse ne fut qu’un ténébreux orage,
Traversé çà et là par de brillants soleils ;
3
Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage,
Qu’il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils.
Voilà que j’ai touché l’automne des idées,
6
Et qu’il faut employer la pelle et les râteaux
Pour rassembler à neuf les terres inondées,
Où l’eau creuse des trous grands comme des tombeaux.
9
Et qui sait si les fleurs nouvelles que je rêve
Trouveront dans ce sol lavé comme une grève
Le mystique aliment qui ferait leur vigueur ?
12
– Ô douleur ! ô douleur ! Le Temps mange la vie,
Et l’obscur Ennemi qui nous ronge le cœur
Du sang que nous perdons croît et se fortifie !
Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, 1861
Marlène Stuczynski – Lycée français de Jérusalem – 2019-2020
1ère strophe
extrait/citation
outils d’analyse (grammaticaux,
Interprétation / commentaire
sémantiques, ...
etc.
1.
« Ma jeunesse » Emploi du déterminant possessif à situation d’énonciation : auteur =
l.1
la 1ere personne
locuteur=personnage.
Le poète se réfère
à son enfance, texte autobiographique,
rétrospectif
2.
« ne … qu’ » l.1
locution adverbiale « ne …que » = Idée du manque, du vide // insuffisance
exprime la restriction
dans la jeunesse du poète
3.
« fut » l.1
Verbe être au passé simple, passé se réfère à un passé reculé, déconnecté
déconnecté du présent
du présent de l’énonciation.
4.
« un ténébreux métaphore : la jeunesse est
la jeunesse n’est pas la période belle et
comparée à un orage,
radieuse de la vie du poète
orage » l.1
« orage » terme péjoratif renforcé
par l’adjectif « ténébreux »,
5.
« Traversé ...
La métaphore se poursuit avec le
Soleil terme mélioratif renforcé par
par de brillants motif du soleil, qui s’oppose à
l’adjectif « brillant ».
Contraste avec la
l’image de l’orage
jeunesse orageuse,
soleils » l.2
6.
çà et là
la locution adverbiale « çà et là »,
montre l’aspect circonstanciel de cette
CC de manière du verbe
lumière qui a brillé par intermittence,
« traversé »
éparpillée dans l’espace temps.
7.
« Le tonnerre et Poursuite de la métaphore
Dans sa jeunesse, le poète a été secouée
la pluie ont fait (métaphore filée) de la jeunesse
par des épisodes d’une telle violence qu’il
un tel ravage » associée aux intempéries du
est resté détruit et dévasté.
tonnerre et de la pluie.
Dimension péjorative et
destructrice de l’orage renforcée
par la rime croisée orage/ravage.
8.
« en mon
Poursuite de la métaphore de la
le jardin est la vie présente du poète.
jardin »
vie du poète calquée sur la nature.
Emploi du déterminant possessif
« mon » , retour à la situation
d’énonciation
9.
Poursuite de la métaphore
« Fruits » terme mélioratif renforcé par
jeunesse//orage, : les fruits
l’adjectif « vermeils », couleur rouge vif
« fruits
évoquent les résultats, le produit, qui exprime la vie, la vigueur.
vermeils »
la réussite de sa jeunesse
10.
rime croisée soleil / vermeils ≠
jeunesse orageuse entrecoupée (//rime
orage/ravage
croisée) de quelques rares moments des
plénitudes => effet de contraste,
d’alternance, d’oppositions fortes :
-pluie/soleil
-ténèbres/lumière
- humide/sec eau/feu (éléments)
- souffrance/bonheur
11.
« Qu’il
Reste = présent de
Constat pessimiste sur la vie présente du
reste ….bien
l’énonciation/durée ; on bascule
poète (le jardin) marquée par la pauvreté
peu de »
vers le présent
et le manque « bien peu de fruits
avec une proposition
vermeils » = manque de vigueur, de
subordonnée, complément
réussite, ...
circonstanciel de conséquence
marqué par la locution adverbiale
Marlène Stuczynski – Lycée français de Jérusalem – 2019-2020
« bien peu de »
2e strophe
Extrait/citation
12.
« Voilà que ...
»
l.5
13.
« j’ai touché »
l.5
adverbe présentatif
retour à la 1PS, PC= état accompli
du présent,
Sens du toucher
14.
« l’automne des
idées »l.5
15.
« Et qu’il faut
employer la
pelle et les
râteaux » l.6
double métaphore filée, qui
poursuit celle de la jeunesse = été.
L’âge du poète est dorénavant
associé à l’automne,
double constat, introduit par la
impératif lié à l’âge : projet d’un travail
conjonction de coordination « et ».
de la terre qui semble intellectuel à cause
« Pelle » et « râteaux » renvoient à du GNP « des idées »
la métaphore du jardin.
16.
« Pour
rassembler...
»
l.7
Groupe prépositionnel infinitif ,
complément circonstancielle de
but du verbe « faut employer »
exprime l’impératif d’un projet, travail
intellectuel qui vise un but : celui de la
17.
« à neuf » l.7
Locution adverbiale, CC de
manière, terme mélioratif qui
tranche avec le contexte
pessimiste
GN cod du verbe rassembler.
Le
travail se porte sur le nom noyau
« terres » , un des 4 éléments et
qui renvoie à la métaphore du
jardin // travail de la
terre/jardinage
Proposition subordonnée relative,
complément du nom « terres
inondées »
travail régénérateur qui préfigure une
issue, espoir
18.
« les terres
inondées » l.7
19.
« Où l’eau ....
tombeaux » l.8
20.
« creuse des
trous grands »
l.8
21.
« comme des
tombeaux » l.8
assonance en « cr -» ; « tr -», « gr »
comparaison trous=tombeaux
Constat, bilan de sa vie
Nouvelle étape dans la vie du poète
expérience tactile associée aux verbes
creuser/ rassembler/employer et à
l’élément humide,
la vie est calquée sur le cycle des saisons,
l’automne est la saison de la maturité
//idées
La « terre » => nouvel élément qui
s’ajoute aux deux autres (eau/feu) qui a
subi les dégâts de l’élément eau
précise la caractéristique de cette terre
inondées (boue) et l’assimile à la mort
(tombeaux).
La terre/boue est presente
dans le poème au travers d'une
association ambiguë : terre élément de la
regenerescence ou élément de la mort .
Consonnes explosives suivies du « -r »
fricatif => mime l’action de
creuser//enfoncer,
Nouvelle image associée à la terre qui
évoque ici la mort, l’élément où l’on
enterre les morts//putréfaction.
Evoque
probablement aussi l’hiver, dans le cycle
des saisons.
Marlène Stuczynski – Lycée français de Jérusalem – 2019-2020
3e strophe
22.
Et qui sait si ...
leur vigueur ?
l.9-11
23.
les fleurs
nouvelles que
je rêve l.9
24.
Trouveront
l.10
25.
26.
dans ce sol l.10
27.
lavé comme
une grève l.10
28.
Le mystique
aliment l.11
locution adverbiale « qui sait »
introduit une phrase
interrogative, le poète s’adresse à
une instance impersonnelle, façon
de poser cette question à soimême, de s’interroger.
Nouveau motif dans le poème : les
fleurs, motif littéraire
extrêmement mélioratif associé à
l’adjectif « nouvelles » et à la
proposition subordonnée relative
« que je rêve ».
Ces deux
compléments renforcent la
dominante méliorative de ce nom.
L’adjectif « nouvelles » fait écho à
l’adverbe « neuf » de la l.7.
L’article défini « les », fait
comprendre qu’il ne s‘agit pas de
n’importe quelles fleurs mais de
fleurs....
»
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