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Corpus: Jean Echenoz, Je m'en vais (1999)

Publié le 18/05/2020

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« Texte C Dans ce roman, l'auteur fait un choix d'énonciation narravtive particulier pour permettre une réflexion sur le statut du personnage et du lecteur.

Il raconte l'existence d'un jeune homme. Il fait nuit.

De rares voitures passent en trombe.

La goutte d'eau perle au robinet du palier.

Ton voisin est silencieux, absent peut-être ou mort déjà.

Tu es étendu, tout habillé, sur la banquette, les mains croisées derrière la nuque, genoux haut.

Tu fermes les yeux, tu les ouvres.

Des formes virales, microbiennes, à l'intérieur de ton œil ou à la surface de ta cornée, dérivent lentement de gaut en bas, disparaissent, reviennent soudain au centre, à peine chanfées, disques ou bulles, brindilles, filaments tordus dont l'assemblage dessine comme un animal à peine fabuleux.

Tu perds leur trace, tu les retrouves ; tu te frottes les yeux et les filaments explosent, se multiplient. Du temps passe, tu sommeilles.

Tu poses le livre ouvert à côté de toi, sur la banquette.

Tout est vague, bourdonnant.

Ta respiration est étonnament régulière.

Une petite bestiole noire vraisemblablement irréelle ouvre une brèche insoupçonnée dans le labyrinthe des fissures du plafond.

Tu traînes dns les rues, la nuit, le jour.

Tu rentres dans les cinémas de quartiers où flotte l'odeur insistante des désinfectants, tu manfes des sandwiches à des comptoirs, des frites dans des cornets, tu traverses les fêtes foraines, tu joues au billard électrique, tu vas dans les musées, dans les marchés, dans les gares, dans les bibliothèques de lectures publiques, tu regardes les vitrines des antiquaires rue Jacob, des marchands de verrerie rue du Paradis, des marchands de meuble faubourg Saint-Antoine. Au fil des heures, des jours, des semaines, des saisons, tu te déprends de tout, tu te détaches de tout.

Tu découvres, avec presque, parfois, une sorte d'ivresse, que tu es libre, que rien ne te pèse, ne te plaît ni ne te déplaît. Georges Perec, Un homme qui dort (1967) Texte D Le personnage principal, Félix Ferrer, vient de quitter sa femme Suzanne, ce qu'indique le titre du roman.

Il est propriétaire à Paris d'une galerie d'art moderne sur le déclin. Depuis cinq ans, jusqu'au soir de janvier qui l'avait vu quitter le pavillon d'Issy, toutes les journées de Félix Ferrer s'étaient déroulées de la même manière.

Levé à sept heures trente, passant d'abord dix minutes « aux toilettes » en compagnie de n'importe quel imprimé, du traité d'esthétique à l'humble prospectus, il préparait ensuite pour Suzanne et lui-même un petit déjeuner scientifiquement dosé en vitamines et sels minéraux.

Il procédait alors à vingt minutes de gymnastique en écoutant la revue de presse à la radio.

Cela fait, il réveillait Suzanne et il aérait la maison.

Après quoi Ferrer, dans la salle de bains, se brossait les dents jusqu'à l'hémorragie sans jamais se regarder dans la glace, laissant cependant couler pour rien dix litres d'eau municipale froide.

S'y lavait toujours dans le même ordre, immuablement de gauche à droite et de bas en haut.

S'y rasait toujours dans le même ordre, immuablement joue droite puis gauche, menton, lèvre inférieure puis supérieure, cou.

Et comme Ferrer, soumis à ces ordres immuables, se demandant chaque matin comment échapper à ce rituel, cette question en était venue à intégrer le rituel.

Sans avoir jamais pu la résoudre, à neuf heures il partait pour son atelier. Jean Echenoz, Je m'en vais (1999). »

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