Commentaire sur les huîtres d'ostende
Publié le 21/01/2024
Extrait du document
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Bel-Ami, I, ch.
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Les huîtres d'Ostende
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Les huîtres d'Ostende furent apportées, mignonnes et grasses, semblables
à de petites oreilles enfermées en des coquilles, et fondant entre le palais et la
langue ainsi que des bonbons salés.
Puis, après le potage, on servit une truite rose comme de la chair de jeune
fille ; et les convives commencèrent à causer.
On parla d'abord d'un cancan qui courait les rues, l'histoire d'une femme du
monde surprise, par un ami de son mari, soupant avec un prince étranger en
cabinet particulier.
Forestier riait beaucoup de l'aventure ; les deux femmes déclaraient que le
bavard indiscret n'était qu'un goujat et qu'un lâche.
Duroy fut de leur avis et
proclama bien haut qu'un homme a le devoir d'apporter en ces sortes d'affaires,
qu'il soit acteur, confident ou simple témoin, un silence de tombeau.
Il ajouta :
- Comme la vie serait pleine de choses charmantes si nous pouvions
compter sur la discrétion absolue les uns des autres.
Ce qui arrête souvent, bien
souvent, presque toujours les femmes, c'est la peur du secret dévoilé.
Puis il ajouta, souriant : Voyons, n'est-ce pas vrai ? Combien y en a-t-il qui
s'abandonneraient à un rapide désir, au caprice brusque et violent d'une heure, à
une fantaisie d'amour, si elles ne craignaient de payer par un scandale
irrémédiable et par des larmes douloureuses un court et léger bonheur !
Il parlait avec une conviction contagieuse, comme s'il avait plaidé une
cause, sa cause, comme s'il eût dit :
- Ce n'est pas avec moi qu'on aurait à craindre de pareils dangers.
Essayez pour voir.
Elles le contemplaient toutes les deux, l'approuvant du regard, trouvant
qu'il parlait bien et juste, confessant par leur silence ami que leur morale flexible
de Parisiennes n'aurait pas tenu longtemps devant la certitude du secret.
Et Forestier, presque couché sur le canapé, une jambe repliée sous lui, la
serviette glissée dans son gilet pour ne point maculer son habit, déclara tout à
coup, avec un rire convaincu de sceptique :
- Sacristi oui, on s'en paierait si on était sûr du silence.
Bigre de bigre ! les
pauvres maris.
Et on se mit à parler d'amour.
Sans l'admettre éternel, Duroy le comprenait
durable, créant un lien, une amitié tendre, une confiance ! L'union des sens n'était
qu'un sceau à l'union des cœurs.
Mais il s'indignait des jalousies harcelantes, des
drames, des scènes, des misères qui, presque toujours, accompagnent les
ruptures.
Quand il se tut, Mme de Marelle soupira : - Oui, c'est la seule bonne chose
de la vie, et nous la gâtons souvent par des exigences impossibles.
Mme Forestier qui jouait avec un couteau, ajouta :
- Oui...
oui...
c'est bon d'être aimée...
Et elle semblait pousser plus loin son rêve, songer à des choses qu'elle
n'osait point dire.
Guy de Maupassant, Bel-Ami, 1885.
Bel-Ami, ch.
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"Les huîtres d'Ostende furent apportées...
qu'elle n'osait point dire."
è Comment le thème de l'amour est-il traité dans ce passage ?
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Introduction :
Mots attendus dans l'amorce :
Bel-Ami - Maupassant - Fin du XIXe s.
Naturalisme.
Peinture d'un
arriviste sans scrupule.
Séducteur.
Succès dans le journalisme.
Situation du passage : La scène : Mme de Marelle a invité Duroy au
café Riche, avec les Forestier.
+ Rappel de la question posée.
Annonce du plan.
Comment le thème de l'amour est-il traité dans ce passage ?
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I.
Une idée présente à l'esprit des convives...
1.
Le repas - objectivité de l'auteur, ou plutôt regard commun des
convives ? :
Focalisation interne globale, plutôt que focalisation zéro, dans le
choix des comparaisons, liées à la sensualité :
* les trois comparaisons, semblables à, ainsi que, comme...
"Les huîtres d'Ostende furent apportées, mignonnes et grasses,
semblables à de petites oreilles enfermées en des coquilles, et
fondant entre le palais et la langue ainsi que des bonbons salés."
"Puis, après le potage, on servit une truite rose comme de la chair
de jeune fille ; et les convives commencèrent à causer."
Analyser les connotations, noter la "consommation" gourmande,
raffinée, et souligner que les liens entre la nourriture et la femme sousentendent que l'on peut "manger", "consommer", "dévorer" une femme –
pour en tirer du plaisir.
2.
Le point de départ de la conversation :
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"On parla d'abord d'un cancan qui courait les rues, l'histoire d'une
femme du monde surprise, par un ami de son mari, soupant avec un
prince étranger en cabinet particulier."
10
Une scène de vaudeville - qui est ici un fait divers...
Analyser la situation, sur le plan moral.
Une "femme du monde"
a un amant – et peut-être plusieurs : que venait faire "l'ami de son mari"
dans....
»
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