Commentaire d'un extrait de Du Côté de chez Swann, Proust
Publié le 19/12/2021
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Commentaire d’un extrait de Du Côté de chez Swann, Proust
Introduction
Ce texte prend place dans le premier volume de A la Recherche du temps perdu de
Marcel Proust intitulé Du côte de Chez Swann , et plus précisément dans la deuxième
partie de ce roman : « Un amour de Swann » se présentant comme un retour en arrière
dans la vie d’un des personnages important de la Recherche : Swann.
Notre extrait présente une description satirique du salon bourgeois que tiennent les
Verdurin dans le Paris snob, prétendant ainsi rivaliser avec l’aristocratie.
Projet de lecture : Comment Proust à travers le portrait du salon Verdurin
révèle-t-il son ridicule et ses dangers ?
I ) La description d’un salon bourgeois
1) Une société hiérarchisée
Proust présente, dans cette description, la hiérarchie régnant dans le salon bourgeois.
Cette hiérarchie est visible dans la position même des personnages, notamment à travers
la place de Madame Verdurin qui siège sur son « poste élevé ».
Ce « poste » s’avère être
« un haut siège suédois en sapin ciré qu'un violoniste de ce pays lui avait donné » dont il
est question dans la phrase précédant notre passage.
Cette assise surélevée lui donne
l’aval sur tous les membres du salon et la présente d’emblée comme la maîtresse de ce
lieu.
Cette hiérarchie visible plaçant Madame Verdurin dans la position la plus haute est
cependant tournée en dérision, la souveraineté de la maîtresse n’étant réduite qu’à une
apparence de puissance, à travers l’expression « juchée sur son perchoir » , réduisant
Madame Verdurin à un vulgaire oiseau.
La hiérarchie régnant dans cette société implique un règne des conventions jusque
dans les expressions du visages et les émotions qui, en général, se situent du côté du
spontané : c’est ce que suggère l’évocation de la « mimique conventionnelle » de
Madame Verdurin.
Tout n’est donc qu’apparence et convention ce qui révèle l’hypocrisie
fondamentale de ses salons.
2) Le règne de la rivalité
Ce ne sont pas des discussions ni débats sérieux qui animent l’essentiel de ces salons
bourgeois ( qui préfèrent les « fumisteries », c’est-à-dire les discussions sans
importance) mais la rivalité qui s’instaure à plusieurs échelles.
La rivalité règne d’abord
entre les différents salons : ainsi les gens n’appartenant pas au salon verdurin ou en
ayant été exclus se voient désigner sous l’adjectif « ennuyeux » (relever la violence
suggérée par les expressions évoquant cette rivalité : «Au moindre mot que lâchait un
habitué contre un ennuyeux ou contre un ancien habitué rejeté au camp des
ennuyeux ») , ce salon bourgeois prétendant, à travers ce terme, être un lieu réputé
pour sa vivacité où l’on ne s’ennuie jamais : c’est ce que suggère aussi l’omniprésence du
rire dans ce passage qui vise à présenter le salon comme un lieu de divertissement.(cf.
champ lexical de l’amusement : « s’égayait de leurs «fumisteries»… la gaîté des
fidèles »).
Cependant cette gaieté entre habitués ayant pour ennemis comme un les
« ennuyeux » se présente comme totalement factice, puisque la rivalité malsaine règne
au sein même du salon.
La camaraderie, l’amitié et la bienfaisance ne sont qu’apparentes
et masquent un souci constant de s’élever au dessus des autres à étudier l’énumération
ternaire : «ivre de camaraderie, de médisance et d'assentiment » mettant sur le même
plan camaraderie, médisance et assentiment : les deux substantifs à connotation positive.
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