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Commentaire de: "Le Malade Imaginaire" Acte 1 Scène 6, Molière

Publié le 30/06/2023

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« Le Malade imaginaire, acte 1 scène 5 : lecture linéaire commentairecompose.fr/le-malade-imaginaire-acte-1-scene-5/ Le Malade imaginaire, acte I scène 5, introduction Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière est l’un des plus grands dramaturges français. Il est célébré pour ses comédies de mœurs qui dénoncent les vices et les travers humains, souvent incarnés par un noble dont le comportement met en péril sa maison. Molière représente ainsi souvent le désordre social provoqué par l’excès des passions. Le Malade Imaginaire met en scène Argan, un noble hypocondriaque et tyrannique qu’exploitent des médecins charlatans, et qui veut forcer sa fille Angélique à se marier avec un jeune médecin.

(voir la fiche de lecture pour le bac de français du Malade imaginaire de Molière) C’est justement dans la scène 5 de l’acte I qu’Argan annonce le projet de mariage qui déclenche toute l’intrigue de la pièce. Problématique Comment le projet de mariage décidé par le tyrannique Argan provoque-t-il la tristesse de sa fille Angélique et la résistance comique de sa servante Toinette ? Plan de lecture linéaire (acte I scène 5 en intégralité) Dans une première partie, du début de la scène à « “entendu une autre” », Argan et Angélique vantent le futur époux dans un quiproquo comique. Puis, dans une seconde partie, de « “Quoi ! monsieur ”» à la fin de la scène, Toinette oppose une résistance acharnée et comique au mariage décidé par Argan. I – Un quiproquo comique au sujet du mariage d’Angélique (Du début de la scène à «“vous avez parlé d’une personne, et que j’en entendu une autre” ») A – Argan annonce à Angélique qu’elle épousera l’homme qu’il a choisi (Du début à « “ma parole est donnée” ») La didascalie qui ouvre la scène (« “se met dans sa chaise” ») montre combien Argan adopte la posture dominatrice du maître en sa demeure.

Cela annonce la tyrannie du père, qui s’adresse justement à Angélique avec un déterminant possessif : « ma fille ». 1/10 Son annonce est introduite par un effet d’attente au futur proche (« “je vais vous dire une nouvelle” »), ce qui montre qu’Argan se donne de l’importance. La didascalie interne « “vous riez ?”« indique que cette annonce provoque le rire joyeux d’Angélique.

C’est que dans la scène précédente, Angélique confiait à Toinette le mariage qu’elle et Cléante envisagent.

Le spectateur comprend donc déjà le quiproquo qui va s’ensuivre. Argan en revanche croit que sa fille se moque de lui. Il se montre d’abord condescendant, attribuant le comportement d’Angélique à son appartenance à la gente féminine, qu’il raille : « “Il n’y a rien de plus drôle pour les jeunes filles.” » Cette moquerie souligne la goujaterie du père mais aussi sa vision sérieuse du mariage qui repose sur une alliance d’intérêts et ne devrait donc susciter de joie particulière. En père tyrannique, il rappelle avec brutalité qu’il est seul à décider : « “je n’ai que faire de vous demander si vous voulez bien vous marier.” » Angélique répond cependant avec soumission, en affirmant au présent de vérité générale qu’elle ne fera que les volontés de son père : « “Je dois faire, mon père, tout ce qu’il vous plaira de m’ordonner.

”» L’adresse respectueuse « mon père » est particulièrement affable. L’analyse grammaticale de la phrase révèle également la soumission totale d’Angélique qui n’apparaît que dans le « m' », complément d’objet direct du verbe « ordonner ». Cette politesse extrême est toutefois ironique : Angélique se soumet à ce mariage car elle croit que son père lui promet Cléante. C’est donc très satisfait qu’Argan lui répond que « “la chose est donc conclue” ».

Il est comique qu’Argan n’ait jamais demandé l’avis d’Angélique dans ce projet de mariage.

Sa tyrannie va jusqu’à nier la volonté de sa fille. Le substantif « la chose« met le mariage à distance, soulignant le peu d’intérêt que porte Argan aux réalités concrètes du mariage. Angélique témoigne de la même obéissance absolue, avec l’hyperbole « “suivre aveuglément toutes vos volontés.” » Elle est une caricature de l’idéal de l’honnête noble, parfaitement soumis à son père. C’est alors qu’Argan confie le projet qu’avait la belle-mère d’Angélique, Béline : mettre Angélique et sa sœur Louison au couvent. 2/10 En aparté, « tout bas« , la servante Toinette décrypte : « “La bonne bête a ses raisons.

”» La désignation familière et péjorative exprime le mépris de la servante pour la bellemère opportuniste qui aspire à s’accaparer les biens d’Argan.

Béline est un archétype de la comédie. Les apartés de l’ingénieuse servante créent également une connivence avec les spectateurs et participent au plaisir de la comédie. B – Angélique et Argan vantent le futur époux dans un quiproquo comique (De « “Ah ! mon père, que je vous suis obligée” » à « “Qui vous l’a dit, à vous ?” ») La soumission d’Angélique s’exprime désormais par l’éloge au père, comme l’expriment les exclamations répétées et la tournure hyperbolique au pluriel, comme si les bontés du père étaient infinies : « “toutes vos bontés !” » La fille se réjouit d’avoir échappé au couvent. L’insolente Toinette redouble cet éloge par la tournure présentative et le superlatif : « “voilà l’action la plus sage que vous ayez faite de votre vie.” » Le spectateur rit de l’ironie de Toinette qui suggère que son maître ne prend habituellement pas de décisions sages. Argan annonce alors qu’il n’a « “pas encore vu la personne” », mais que tout le monde en sera « content », ce qui peut sembler paradoxal. Cette réplique-clef met en place le quiproquo, car Angélique croit que l’époux en question est Cléante.

D’où son renchérissement par l’adverbe « Assurément ». Cependant, l’acceptation d’Angélique suscite la surprise d’Argan, qui s’exclame et interroge : « “Comment ! l’as-tu vu ? ”» La vivacité de cette réaction laisse déjà deviner qu’il ne s’agit pas de Cléante. Le spectateur se réjouit du quiproquo qui se met en place, tout en craignant la future réaction d’Argan.

On remarque également qu’Argan ne conçoit pas que l’on soit d’accord avec lui.

Comme s’il cherchait justement le conflit. Angélique, qui se croit promise à Cléante, confie à son père qu’elle l’a déjà vu. Elle utilise des tournures précieuses : « “je ne feindrai point de vous dire que le hasard nous a fait connaître il y a six jours” » .

Cet amour de six jours peut sembler superficiel. Molière se moque ici les excès de la galanterie. Cette confession suscite cependant la perplexité d’Argan : « “Ils ne m’ont pas dit cela ”». Le pronom personnel sujet « ils » maintient habilement le quiproquo comique. Le père néanmoins se satisfait de la situation, et amorce l’éloge de l’époux. 3/10 Angélique lui répond, et leurs voix s’entrelacent pour former une stichomythie.

Argan prononce un éloge, et Angélique renchérit : « Fort honnête.

/ Le plus honnête du monde.

» Se dessine ainsi le portrait de l’homme idéal. L’alliance des voix, qui forment une harmonie alternée, souligne le quiproquo de manière tout à fait comique. Le quiproquo et la stichomythie sont des procédés typiques du comique farcesque, issu de la comédie de foire dont s’inspire Molière. La stichomythie accélère justement le rythme pour précipiter le retournement de situation. En effet, Angélique cesse progressivement de renchérir, pour interroger son père, car elle ne reconnaît plus Cléante dans le portrait que son père fait de l’époux : « “Et qui sera reçu médecin dans trois jours.

/ Lui, mon père ?” » Les répétitions cessent d’exprimer l’harmonie pour souligner l’incompréhension : « “Est-ce qu’il ne te l’a pas dit ? / Non, vraiment.

Qui vous l’a dit, à vous ?” » C – Angélique comprend que son père ne parle pas de Cléante (De « Monsieur Purgon » à « “j’ai entendu une autre” » ) Angélique est intriguée par le fait que « Monsieur Purgon » connaisse Cléante.

Son incompréhension témoigne de la naïveté de la jeune fille, qui a sincèrement cru que son père tyrannique avait choisi pour elle l’homme qu’elle aime. L’onomastique participe également au comique de la réplique : « Purgon » est un synonyme dépréciatif de « (mauvais) médecin ».

Par paronomase, ce mot s’apparente à « purger », référence aux pratiques de purification inefficaces que ce médecin inflige à Argan. L’évocation du médecin en plein éloge de l’époux rompt définitivement toute harmonie. Argan répond à Angélique que l’époux est justement le neveu de Monsieur Purgon.

Cette réplique-clef brise le quiproquo, et annonce la confrontation. L’interrogation d’Angélique témoigne une nouvelle fois de sa naïveté et de son incompréhension comique : « “Cléante, neveu de monsieur Purgon ?” » Si Argan est ici ridicule par sa tyrannie, Angélique l’est par sa soumission et sa candeur. La fille s’efface dès lors que la confrontation s’impose.

Sa brève réplique « Hé ! oui.

» témoigne de sa stupéfaction.

La parole et la pensée divorcent : Angélique continue à dire qu’elle est d’accord, mais ne l’est plus. Tandis qu’Argan, au contraire, prend toute la place par une réplique plus.... »

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