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Cent ans de théâtre

Publié le 09/12/2021

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Il y a un siècle et demi, lorsque Napoléon III prit le pouvoir, il trouva, s'il en eut le souci, un art du théâtre qui dut lui donner l'illusion du beau, voire du grandiose et du parfait. Si l'inspiration dramatique, déviée depuis longtemps de ses sources originelles, emprunte alors à la caricature les grimaces ou les tics du mélo ou donne par Scribe ou Labiche notamment un témoignage parodique de la plus épaisse des sociétés bourgeoises, par contre l'art artisanal de la scène atteint dans le modelage, l'illustration et le découpage de la toile peinte un point majeur que l'avenir ne pourra dépasser. L'Opéra National, ainsi que toutes les scènes lyriques du monde maintiendront jusqu'aux années 60 cette façon de faire. Les découvertes mécaniques et électriques de ce siècle, quand elles s'adaptent à ce style, il ne semble pas qu'elles apportent à l'art de la scène un renouveau fructueux, car l'art du théâtre, vieux en Occident de plus de vingt-cinq siècles, refuse le progrès. Il refuse à partir de 1914 le matériau moderne : les théâtres construits en ciment armé et non en pierre de taille et en bois n'eurent jamais une âme, quelque beaux qu'ils soient d'apparence.

« Cent ans de théâtre Il y a un siècle et demi, lorsque Napoléon III prit le pouvoir, il trouva, s'il en eut le souci, un art du théâtre qui dutlui donner l'illusion du beau, voire du grandiose et du parfait. Si l'inspiration dramatique, déviée depuis longtemps de ses sources originelles, emprunte alors à la caricature lesgrimaces ou les tics du mélo ou donne par Scribe ou Labiche notamment un témoignage parodique de la plus épaissedes sociétés bourgeoises, par contre l'art artisanal de la scène atteint dans le modelage, l'illustration et ledécoupage de la toile peinte un point majeur que l'avenir ne pourra dépasser.

L'Opéra National, ainsi que toutes lesscènes lyriques du monde maintiendront jusqu'aux années 60 cette façon de faire.

Les découvertes mécaniques etélectriques de ce siècle, quand elles s'adaptent à ce style, il ne semble pas qu'elles apportent à l'art de la scène unrenouveau fructueux, car l'art du théâtre, vieux en Occident de plus de vingt-cinq siècles, refuse le progrès.

Ilrefuse à partir de 1914 le matériau moderne : les théâtres construits en ciment armé et non en pierre de taille et enbois n'eurent jamais une âme, quelque beaux qu'ils soient d'apparence. Donc, Scribe comme Meyerbeer, Wagner comme Debussy, Becque comme D'Annunzio, Rostand comme Ibsens'emprisonnent alors dans cette boîte de convention, parfaitement aménagée et sertie de tous les prestigesmilliflores de la toile peinte avec la plus extrême minutie, obéissant aux lois sacro-saintes de la " prospettiva ",servie par l'art complexe et industrieux de la machinerie.

Les grands décorateurs de la scène entre 1852 et 1900 nesont pas Degas, Manet, Cézanne, Renoir, etc., ce sont des spécialistes méticuleux et honnêtes qui découpent etpeignent les châssis de côté et la toile de fond selon un art de la décoration théâtrale qui n'a plus rien de communavec ses origines italiennes que ces scrupuleux fournisseurs croient cependant perfectionner.

Ces " décorateurs "pignochent donc sur toile des vues en profondeur d'une rue, d'une place, voire d'un village en son entier, toiles defond usagées devant lesquelles parurent pour la première fois il y a un siècle, Chantecler, Ibsen, Bernard Shaw,Synge, voire Pirandello et Strindberg, Marguerite, Faust, Tristan et Yseult, la Femme nue, l'Homme à la rose, lesHuguenots et la Vierge folle. Le Théâtre qui, par bien des liens essentiels à sa vie, appartient aux arts plastiques, ne pouvait ne pas subir cettefaçon de faire.

Alors que D'Annunzio et Maeterlinck construisent à leur usage personnel des demeures princières,face au ciel, à la mer et à la pierre vraie, ils acceptent de voir leurs oeuvres dans un appartement deux pièces :scène salle.

Les grands aventuriers de la littérature se détournent à la vérité de ce bric-à-brac bourgeois.

Le roman,grâce à Dostoïevski, Tolstoï, Hugo à partir de 1850, Zola, Proust, Joyce, etc., devient l'art du XXe siècle.

Ceux quicomme Strindberg ou Pirandello ou Claudel, ne peuvent pas ne pas employer l'art de la scène tenteront en solitairesune aventure difficile. Cependant, cette technique théâtrale enrichit tous les ans ses falotes parures.

Tout lui sert, il est vrai : et lafacilité de l'inspiration (Labiche, Augier, Sardou, etc.), et le progressisme de ces bons bourgeois qui vont dresserl'invraisemblable exposition de 1889, admirer le style métro, vivre chez eux dans le néogothique et respirer l'air dularge avec Richepin et Rostand. Par l'abstention, l'Empire second avait, semble-t-il, provoqué cet état de choses.

Les préfets et les maires deNapoléon III, plus policiers que princes, avaient centralisé à outrance et pas nécessairement sur ordre, lefonctionnement administratif et donc culturel du pays.

Aux gouverneurs de province des XVIe, XVIIe et XVIIIesiècles, voire aux fermiers généraux, qui avaient accueilli en nos capitales provinciales, parfois avant Paris, l'art vif,tonitruant où charmant des Italiens, à ce mécénat désinvolte qui avait souvent provoqué la naissance d'oeuvresadorables et même les premières manifestations du génie (Molière en province), à ces grands amateurs de fêtes,pas toujours galantes, succédait un mécanisme préfectoral.

Paris règne et par tous les moyens.

Et Paris va régnerlongtemps.

Ce mécanisme au service soit de l'Empereur soit de ce que la troisième République appellera progrès,contraint à l'imitation la plus stérile.

Pour un Mérimée, que de Viollet-le-Duc ! Les bals impériaux de l'Opéra sont lesuprême raout.

Haussmann faisant école, on détruit Avignon et bien d'autres lieux.

Le progrès se juge l'ennemi dupassé.

Le chemin de fer Sète-Bordeaux passe à travers l'abbatiale de Moissac.

Et, mon Dieu, on construit aussibeaucoup de théâtres.

Trente ans après, la plupart de ces salles seront dans la plupart des villes inutilisées ouinutilisables.

A la vérité, un art traditionnel s'est perdu.

Et toutes les déformations suivent.

On en est à l'époque desexploits.

On écrit Aïda, on compose des Tannenhäuser marseillais.

La mise en scène à grand spectacle, méthodeaussi peu française que possible, naît et rayonne aussitôt.

Les meilleurs réalisateurs cèdent eux-mêmes à ce goût etmême s'en enivrent.

Le mal du siècle, c'est cette confusion entre le grandiose et le vrai.

On ne joue plus une oeuvredu passé, on en fait un exploit.

La tragédie du répertoire devient le prétexte de performances presque sportivespour de grands comédiens pas toujours en forme. L'art de la scène, le plaisir du théâtre, le goût populaire de voir jouer ou de jouer, c'est donc pendant le secondEmpire qu'il change de sens ou de portée.

C'est alors qu'il se décharge aussi de ses vérités cruelles.

On croit que lethéâtre va bien puisque la Comédie française et Cherubini rayonnent sur le monde.

Et à cette dramaturgieengraissée correspond un art monumental aussi monstrueux. Cependant le public reste avide de spectacles.

Rostand et les boulevardiers profiteront de cette affection et de cebesoin éternels.

La petite bourgeoisie et les classes moyennes iront toujours au théâtre, et de quelque qualité qu'ilsoit, comme on va à une fête.

Cependant et l'une et les autres s'instruisent comme elles peuvent.

On s'est moquédes invectives de Hugo, de ses plaintes et de ses lamentations concernant Les Misérables.

Hugo n'exagère rien.

La. »

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