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Bertrand de Born

Publié le 09/12/2021

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Bertrand de Born vers 1150-avant 1215 S'il était question de donner la palme à l'un de nos grands poètes méridionaux des XIIe et XIIIe siècles, Bertrand de Born, à coup sûr, serait sur les rangs. Du moins apparaît-il comme le type achevé du troubadour politique et guerrier. Il naquit vers le milieu du XIIe siècle à Hautefort — Born étant le nom d'un étang et d'une forêt, non loin de là. Il n'est que de se référer à la vieille biographie provençale d'Uc de Saint-Circ, miroir grossissant peut-être, mais où se réfléchit grossièrement la figure du poète, telle qu'ont pu la voir les contemporains : "Bertrand de Born était seigneur d'un château appelé Hautefort, dans l'évêché de Périgord. Toujours il fut en guerre avec ses voisins et avec le comte de Périgord, tant que celui-ci resta comte de Poitiers. Il fut bon chevalier, bon guerrier, bon troubadour, et avisé, et galant. Et il était l'hôte, chaque fois qu'il le voulait, du roi d'Angleterre et de son fils… Mais il voulait toujours qu'ils fussent en guerre entre eux…" Sur toutes choses, dès l'abord, un fomenteur de disputes.

« Bertrand de Bornvers 1150-avant 1215 S'il était question de donner la palme à l'un de nos grands poètes méridionaux des XIIe et XIIIe siècles, Bertrand de Born, à coup sûr, serait sur les rangs.Du moins apparaît-il comme le type achevé du troubadour politique et guerrier. Il naquit vers le milieu du XIIe siècle à Hautefort — Born étant le nom d'un étang et d'une forêt, non loin de là.

Il n'est que de se référer à la vieille biographieprovençale d'Uc de Saint-Circ, miroir grossissant peut-être, mais où se réfléc hit grossièrement la figure du poète, telle qu'ont pu la voir les contemporains : "Bertrand de Born était seigneur d'un château appelé Hautefort, dans l'évêc hé de Périgord.

Toujours il fut en guerre avec ses voisins et avec le comte dePérigord, tant que c elui-ci resta comte de P oitiers.

Il fut bon chevalier, bon guerrier, bon troubadour, et avisé, et galant.

Et il était l'hôte, chaque fois qu'il levoulait, du roi d'Angleterre et de son fils… Mais il voulait toujours qu'ils fussent en guerre entre eux…" Sur toutes choses, dès l'abord, un fomenteur de disputes. Il faut, pour comprendre cette activité essentielle de Bertrand, se rappeler que l'Aquitaine était alors le théâtre des rivalités des trois fils de Henri IId'Angleterre : H enri au Court Mantel, Richard C oeur de Lion, comte de Poitiers, et Godefroy ; rivalités qui armèrent bientôt, contre le roi et le comte, l'aîné etle benjamin jaloux.

Il faut savoir, d'autre part, que Bertrand de Born avait eu maille à partir avec son propre frère C onstantin, par lui accusé de l'avoir lésédans le partage des biens paternels, et que Richard Coeur de Lion avait pris, au moment c ritique, le parti de Cons tantin : de là, l'empressement dutroubadour à verser une huile périgourdine sur le feu des querelles anglaises, et c ette rage, notamment, d'animer contre le vieux roi celui qu'on appelait le"Jeune roi", rage qui lui a valu si belle place au C hant XXVIII de L'Enfer de Dante : "J'ai vu, et il me semble que je le vois encore, un buste décapité,marchant, ainsi que marchaient les autres dans ce groupe funèbre.

Il tenait sa tête par les cheveux, suspendue à sa main, en guise de lanterne…, et cettetête nous regardait et disait : — Hélas !… Parce que j'ai séparé des personnes que le sang unissait, je porte mon cerveau séparé du buste sur lequel ildevrait reposer…" Dès la terre, d'ailleurs, sa passion de faire battre les murs valut à Bertrand de Born c ertains revers.

C'est ainsi que, H enri au Court Mantel étant mort demaladie à Martel, en 1183, au cours de sa guerre monstrueuse, le troubadour vit sa propre terre de Hautefort occupée par l'ennemi même qu'il avait suscité.Une belle légende le montre assez piteux aux pieds du roi Henri, au reste aus si habile, pour se tirer de difficulté, à faire vibrer c hez le père la cordepaternelle, qu'hier, chez le fils , la corde parricide. “…Et toujours il voulut aussi, ajoute U c de Saint-Circ, que le roi d'A ngleterre et le roi de France fussent en guerre entre eux…" En fait, qu'il s'agisse demettre aux prises le vieux roi d'Angleterre et ses enfants, ou bien Richard et P hilippe Auguste, ou encore Richard et A lfonse II, notre Bertrand est toujourslà ; ce petit seigneur ne rêve que grandes plaies et grandes bosses. Au fait, pas tellement pour lui-même.

En bon troubadour militaire, il aime surtout voir les autres se battre.

O n a parfois l'impression qu'il se plaît mieux àcomposer des sirventès dans son château qu'à se jeter, l'épée haute, dans la mêlée.

A insi quand, reprochant à Richard et à Philippe leur retard à secourir enOrient le roi C onrad, il déclare avoir été retenu, pour s on compte, par les charmes de sa dame. Car c e brutal eut un amour : ne parlons pas des deux femmes qu'il épousa : une Rosemonde, puis une P hilippe, dont il devait avoir en tout cinq enfants —mais une certaine Maheut de Montignac, objet de ses chants, cette personne "fraîche et fine, mignonne, gracieuse et délicate, à la chevelure ardente commerubis, à la peau blanche comme fleur d'aubépine, aux coudes potelés, aux tétons durs, à l'échine de lapin" qu'il décrit dans une pièce célèbre.

Amoureuxinfidèle, comme ami ou ennemi opportuniste et versatile ! Il devait exciter la jalousie de M aheut contre une certaine Guicharde et se voir provisoirementcongédié — quitte à adorer les plus beaux fragments d'un certain nombre de dames nouvelles, pour reconstituer, par un ingénieux puzzle, l'idole perdue… Sesamours, d'ailleurs, prennent une allure martiale comme le reste : mais, sous la chemise de l'amant c omme sous l'armure du chevalier, on peut douter qu'ilait élevé ses actes à la hauteur de ses chants. Ce politique égoïste et perfide, ce chevalier hâbleur et inc onstant, sorte, comme on l'a dit, de "c ondottière lyrique", devait finir étrangement sous la capuced'un moine de l'ordre de Cîteaux, à l'abbaye de Dalon, proche de Hautefort, où des doc uments sûrs nous le montrent installé dès 1197.

O n trouve à la datede 1215, dans la chronique de B.

Itier, bibliothécaire de Saint-M artial de Limoges, cette phrase laconique : "Octava candela in sepulcro ponitur proBertrando de Born." Dès 1194, d'ailleurs, Bertrand, à ce qu'il semble, avait cessé d'écrire. Les "chansonniers", ou manuscrits anthologiques des troubadours , nous ont gardé de Bertrand de Born quarante-deux sirventès ou chansons , soit vingt-sept poésies politiques, sept poésies amoureuses et huit pièces d'intention morale ou politique.

L'ensemble a fait l'objet d'une édition et d'une étudedéfinitive d'A ntoine Thomas, d'une belle publication aussi de l'A llemand Stimming. Parmi les poés ies guerrières, on admire surtout le sirventès Pois V entodorns e Comborns ab Segur par lequel il excite les barons à se liguer contre Richard,le sirventès A r ve la coindeta Sazos, saluant, par un de c es revirements dont le poète est familier, l'arrivée du même Richard, le Mes sage du roi Conrad àTyr (A ra sai eu de pretz cual l'a plus gran) le Plaint sur la mort du Jeune roi (Si tuit li dol elh plor elh marrimen) où il fait voir, avec beaucoup d'art, uneémotion presque sincère, surtout, et peut-être, le demi-sirventès (Mei s irventes volh far dels reis amdos) sur la guerre de Richard et d'Alfonse, où éclatetoute sa mâle joie devant les combats auxquels il ne prend point part : "Si les rois sont tous deux vaillants et hardis, nous aurons tôt fait de voir les c hampsjonchés de débris de heaumes et d'écus, d'épées et d'arçons ; nous verrons partout des cadavres fendus de la tête à brayette et au has ard les destrierscourants, et mainte lance enfoncée à travers les poitrines…" Entre ses poésies amoureus es, relativement moins intéress antes, les anthologistes retiennent volontiers sa Justification à Maheut (Eu m'esc ondisc,dompna, que mal non mier) où, sous l'amant, éclate le mieux le hobereau paillard et violent : "Si jamais, fût-ce par la pensée, j'ai commis quelque fauteenvers vous, puisé-je, quand je serai seul avec une femme dans une chambre ou un jardin, me trouver impuissant et hors d'état de faire mon devoir…" C'est parmi les pièces morales et satiriques qu'on range généralement s on chef-d'oeuvre, le sirventès Be m platz lo gais temps de Pascor : "J'aime le joyeux temps de P âquesQui fait venir feuilles et fleursEt j'aime entendre la rumeurDes oiseaux qui font retentirLeur chant par le bocage ;Et j'aime voir sur les prairiesTentes et pavillons dressés,Et j'ai grande allégresse,Lorsqu'aux champs je vois se dresserChevaux et cavaliers en armes." Impétueux, mordant, fort, concis, animé, coloré, on se demande quelles vertus de la plume belliqueuse ont manqué à ce T yrtée limousin, le plus grand sansdoute, comme le premier en date, de nos poètes militaires .. »

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