Bel Ami
Publié le 23/05/2020
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«
UN CONTE PARMI D'AUTRES
● Le réalisme du texte
L' I ngénu est bien plus réaliste que les autres contes , tout merveilleux en est exclu . C'est le seul où appara ît une
date (« en l'ann
ée 1689, le 15 juillet au soir »), o ù les personnages , exception faite du Huron, portent un nom propre , o ù les fonctions
assum
ées par certains protagonistes sont des r éalit és connues des lecteurs de l' époque (bailli, prieur, évêque..) , o ù les personnages historiques
sont tr
ès ais ément identifiables, o ù la soci été ressemble fort à elle des contemporains de Voltaire.
Cet ancrage dans une r
éalit é historique rend ce récit vraisemblable .
C'est pourquoi il a pu être dis que L'ing énu, plus qu'un
autre conte
était un roman : i l n'est pas malais é d'en faire un r ésum é, à l'inverse de Candide ou de Zadig. L'intrigue est plus consistante et le
traitement des personnages diff
érent .
Certes les personnages secondaires, comme le bailli, son fils, Mlle de Kerkabon sont simplifi és à
l’extr
ême, mais dans leur portrait l'ironie c ède souvent la place à une bonhomie bienveillante. La psychologie de Mlle de SaintYves est assez
fouill
é et, par amour pour l'ing énu, elle se r évèle être capable de prendre en main son destin. Entre Gordon et son élève les liens d'amiti é sont
solides et la relation entre le « vieux savant » et le « jeune ignorant » est trait
ée de fa çon approfondie par Voltaire.
En effet
l'apprentissage du Huron diffère de celui de Candide qui, pour évoluer, devait se déprendre des
enseignement néfastes de Pangloss . Au contraire un v
éritable dialogue s'est instaur é entre l'Ing énu et Gordon à tel point que la
relation maitre
élève a subi un total renversement.
Alors que Pangloss demeure jusqu'au bout un bavard imp énitent à qui Candide doit
fermer la bouche.
Gordon a su conqu
érir la libert é de pens ée propre à son élève.
L'ing énu en France retrouv é ses racines et s'est int égré
activement
à un monde o ù il a choisi de vivre : Candide projet é hors de Westphalie, s’installe à Pronpotide, lieu indiff érent, et commode
d'une m
étairie en attendant que toute la troupe e ût une meilleure destin ée.
● Une critique en action
L' I ng
énu , comme Zadig ou candide met en sc ène un jeune homme dot é d'un bon naturel, d'un esprit droit et d'un physique de jeune
premier . Par le regard neuf qu'il porte sur le monde, il s e rapproche dans une certaine mesure de Microm
égas. Comme Candide et Zadig, il
conna
ît l'amour et ses d éconvenues . Enfin l'Ing énu se rattache par certains aspects du genre du roman d’apprentissage.
● L'ingénu dénonce l'arbitraire
Le r
ègne de Louis XIV fut plac é sous le signe du renforcement de l'autorit é monarchique et marqu é par la personne de Louvois,
ministre de la Guerre brutal. C'est lui qui, dans l' Ing
énu est responsable des dragonnades contre les Protestants et c'est à lui qu'est adress ée la
lettre de d
énonciation qui provoque l'arrestation du Huron. La j ustice est bafou ée , les lois m épris ées et l'arbitraire le plus complet r ègne. Ces
abus de pouvoir sont toujours l
égion à l'époque de Voltaire qui introduit dans son conte le personnage de SaintPouange, allias Saint
Florentin, ministre de l’int
érieur de 1758 à 1770.
Celuici fit grand usage des lettres de cachet, qui par leur caract ère arbitraire et
discr
étionnaire menacent la libert é individuelle. L'ing énu s'indigne donc une raison Il n'y a donc pas de lois dans ce pays ? Se faisant ainsi
le porteparole ds revendications de justice et d e libert
é exprim ées par le philosophes du Vingti ème si ècle.
La critique vise aussi les petits potentats locaux comme l e bailli, le trafics d'influence et la corruption g
énéralis ée les charges et les
dignit
és ne sont pas attribu ées a ceux qui le m érite (Chap 18)
A l'inverse, la r
éférence à l'Angleterre, terre de libert é est fr équente dans la bouche de l'ing énu.
En effet sous Louis XIV influenc
é par son confesseur j ésuite, le P ère La Chaise, les j ésuites tr ès puissants, avides de pouvoir, ont pratiqu é
un politique d'infiltration
à tous les niveaux de la soci été.
C'est pourquoi ils sont responsables de tous les malheurs dont sont victimes les personnages Gordon doit son embastillement au p
ère La
Chaise (chap 10), le Huron son arrestation
à un espion de ce dernier et la malheureuse SaintYves se laisse convaincre de c éder à Saint
Pouange par les casuistique du caricatural p
ère Tout àtous, confesseur de bas étage .
Son nom ridicule est emprunt é à l'ouvrage de
d'Alembert o
ù l'on lit que le j ésuites sait se faire «pour ainsi dire tous à tous », ce qui signifie qu'il s'occupe de tout et de tous.
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