Bacon (Francis)

« 1 / 2 3 mal1967 Série C-27 Fiche N• 1752 Bacon (Francis) 1.

Deux expositions parisiennes (la seconde en novembre 1966), quelques autres en Italie, en Suisse et en Allemagne, une rétrospective organisée à New York pour le cinquantenaire de l'artiste ont fait au peintre britannique Francis Bacon une réputation internationale.

Cette notoriété ne se fonde pas seulement sur des réactions admi­ ratives.

Si la critique, dans l'ensemble, se montre vivement intéressée, le public réagit couramment par la réprobation, voire l'indignation devant une œuvre qui, selon Michel Leiris, son commentateur français, se présente souvent comme " une agression contre le spectateur"· 2.

Né à Dublin le 28 octobre 1909, Bacon quitte sa famille à 16 ans pour visiter quel­ ques capitales européennes.

Déjà, sans fréquenter aucune école, il s'est essayé à l'aquarelle.

Certaine exposition Picasso, vue à Paris en 1926, l'a sans doute amené à prendre conscience de sa vocation.

Installé à Londres en 1929, il commence à peindre à l'huile, tout en gagnant sa vie comme décorateur et dessinateur de meubles.

Lui-même assigne une date beaucoup plus tardive à ses véritables débuts en peinture: ce serait en 1944, avec ses trois études pour une Crucifixion; mais ce triptyque, il l'a laissé mQrir de longues années, et l'influence du Picasso surréaliste des dernières années vingt y est sensible.

3.

Dieu est mort, Francis Bacon reprend souvent le thème de la Crucifixion comme pour bien se pénétrer de cette idée.

L'homme est seul, larve dérisoire, pauvre chair déjà déformée par la décomposition certaine.

Apparemment exaspéré par sa propre vision du monde, l'artiste se saisit de son sujet, le tord, le triture, s'acharne à pour­ suivre sous l'apparence lamentable la vie malgré tout triomphante.

..

L'art est une obsession de la vie», déclare-t-Il; c'est aussi un moyen de supporter cette obsession, comme il a pu s'en convaincre auprès de ses auteurs de prédilection: Nietzsche, Baudelaire et Dostoievsky.

4.

Ses maîtres en peinture, Bacon les a choisis parmi ceux qui se sont attaqués à la réalité avec une sorte de virulence: Velasquez (dont le portrait d'Innocent X a fourni le point de départ de sa série des "Papes •), le Rembrandt de la dernière période, Daumier (voir la manière caricaturale dont Bacon traite ses " Juges •, souvent accompagnés de chair saignante, ou ses "Hommes d'Affaires»), Van Gogh, à qui il a consacré plusieurs toiles.

Ces influences suffisent à montrer qu'il est résolument opposé l l'abstraction Informelle.

S'il déforme l'objet (presque toujours gauchi, raccourci, placé dans une perspective Inquiétante) c'est ..

pour le ramener, à l'issue de cette déformation, à un constat de l'apparence"· 5.

L'être vivant l'intéresse au premier chef, non pas tant pris sur le vif que recréé par ses soins.

C'est pourquoi, à l'observation d'après nature, il préfère l'inspiration que lui apporte la.

photographie (un gros plan du film ..

Le Cuirassé Potemkine "• les animaux de Muybridge, photographe anglais du XIX• siècle).

Plus le cliché est ancien, plus il semble que l'artiste mette de passion à lui redonner la vie, comme pour vaincre le temps et son angoisse.

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