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-- Attends !

Publié le 08/12/2021

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-- Attends ! beuglai-je.
Je parcourus la pièce du regard, en quête du tube d'acier inox que Navarro nous avait montré.
-- La drogue ! Il y a un échantillon, là, quelque part...
Tout à coup je le repérai.
Aux pieds de Munro.
Il suivit mon regard, ramassa le tube. Il le mit dans sa poche avec un sourire satisfait.
-- On y va ! gueula-t-il avant de sortir, en direction de la maison.
J'étais sur ses talons.
Nous prîmes un passage étroit menant à un vieil escalier, qui nous conduisit à l'extérieur. Penchés en
vant, nous longeâmes en courant un chemin qui traversait un espace découvert de la taille d'un terrain de
ootball, en direction de l'hacienda. Ce faisant, je repérai plusieurs hommes de l'unité de Munro, à couvert
derrière un abreuvoir en pierre, pris dans une violente fusillade avec des sbires de Navarro, pour certains
abrités derrière un pick-up.
Munro ne leur accorda pas un regard. Nous courions vers la maison.
Nous nous trouvions à plus de cent mètres de l'entrée principale du bâtiment lorsque je vis Tess. Elle avait
le visage ensanglanté, mais elle courait et ne semblait pas grièvement blessée. Il ne m'en fallait pas plus pour
comprendre que Navarro s'était emparé d'Alex, et que Tess avait été impuissante à l'arrêter. J'agitai le bras qui
tenait le revolver et lui criai : -- Baisse-toi !
Le bruit d'un moteur qui s'emballe domina soudain celui de la fusillade. Il venait de l'autre côté de ce qui
ressemblait à des écuries abandonnées, à gauche de la maison. Sur la gauche d'un passage en arcades,
j'aperçus une Jeep qui venait de démarrer en trombe et s'éloignait de nous.
Navarro. Et Alex.
Munro fit un signe, vers l'autre côté de la maison.
-- J'ai vu deux quads, là-bas, près du cimetière !
Sans attendre ma réponse, il partit à toutes jambes vers la poignée de pierres tombales brisées qu'on
percevait sur le côté de la maison. Tous mes muscles me criaient que j'aurais dû courir dans la direction du
ruit de moteur. Si nous perdions de vue Navarro et Alex, je craignais que nous ne les retrouvions jamais. Mais
unro avait raison. A pied, nous n'aurions jamais rattrapé la Jeep. Je ne pouvais pas non plus perdre du temps
n rejoignant Tess, malgré mon envie. A mon grand désespoir, ce serait pour plus tard. Je m'efforçai d'oublier
on dos endolori et mon crâne torturé, et de courir le plus vite possible.
Je rattrapai Munro tout au bout du cimetière. Il avait démarré la première moto et me criait de me hâter.
Je sautai sur le deuxième quad, démarrai sans attendre et fonçai sur les traces de la Jeep, suivi de Munro
moins de dix mètres derrière moi.
Nous arrivâmes à la hauteur d'un grand bâtiment de pierre délabré, puis à l'extrémité opposée de l'espace
ectangulaire. Il était évident que les hommes de Munro étaient en train de remporter la bataille qui les opposait
ux tueurs de Navarro. Les cadavres de deux des voyous gisaient derrière le pick-up criblé de balles - et qui ne
eprendrait pas la route de sitôt.
Je fis ronfler le moteur du quad et fonçai vers les écuries. Munro roulait à ma hauteur, maintenant.
En doublant les écuries, nous vîmes le nuage de poussière soulevé par la Jeep. Navarro venait de
isparaître derrière l'épais bouquet d'arbres qui marquait la limite de l'enceinte.
La route traversait la lourde végétation qui laissait à peine passer la lumière. Dans une quasi-obscurité,
ous serpentions sur des corniches en zigzag. Quelques minutes plus tard, nous débouchâmes sur une
lairière inondée de soleil. Je freinai brutalement.
Trois routes partaient de là, dans trois directions différentes.
Je n'avais aucun moyen de savoir laquelle des trois Navarro avait prise.

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Je coupai mon moteur et fis signe à Munro de m'imiter - je me disais que nous pourrions entendre la Jeep
et connaître ainsi la direction qu'elle avait prise -, mais il n'en fit rien. J'allais lui demander ce qu'il foutait, quand
il sortit un appareil de la poche de cuisse de son battle-dress noir. Il ouvrit l'étui de plastique et regarda l'écran.
Je me demandais toujours comment il était parvenu à nous retrouver. Clairement, Munro lisait dans mes
pensées.
-- Predator, fit-il en montrant le ciel.
Il se concentra sur son écran.
Je levai les yeux vers le ciel d'un bleu féerique. Je ne voyais aucun drone.
-- Un des nôtres ? demandai-je.
-- Oh, ce ne sont pas les federales, c'est sûr, fit-il sans lever les yeux de son écran.
-- Vous nous avez tracés ? Depuis quand ? Pourquoi vous ne nous avez pas récupérés avant que nous
quittions le sol américain ?
Il me jeta un regard puant le mépris.
-- Nous ne savions pas si Navarro était là. Quel est le problème ? Tu es toujours en un seul morceau, non
?
-- Hé, ducon ! Navarro a enlevé Alex.
Haussant les épaules, il fourra l'appareil dans sa poche.
-- Par là.
Il désigna la route de gauche, qui semblait quitter le plateau pour plonger vers un niveau inférieur.
J'avançai mon quad et lui coupai la route. Je lui jetai un regard mauvais.
-- Alex est la priorité absolue, quoi qu'il arrive.
Il leva les mains, dans un geste de feinte soumission.
-- Absolument.
Je ne le croyais pas, et ça devait se voir.
-- Quoi-qu'il-arrive.
-- D'accord, mon pote ! protesta-t-il.
Je n'étais toujours pas convaincu, mais il me faudrait faire avec.
Je mis les gaz et repartis en trombe, Munro dans mon sillage.
La route se mit à descendre et se transforma en une piste de terre si étroite qu'il nous était impossible de
ouler de front. Elle était à peine assez large pour laisser le passage à une Jeep. Mais la nuée d'oiseaux qui
enait de s'envoler, huit cents mètres devant nous, semblait confirmer que Navarro n'était pas loin.
Nous suivîmes la piste jusqu'à la fin des arbres, et nous retrouvâmes à découvert. Avec une idée plus
récise des lieux, je compris que la piste que nous avions empruntée longeait le bord d'un large ravin. Devant
ous, elle formait une épingle à cheveux au pied d'une muraille rocheuse qui fermait le ravin à l'autre bout.
Après avoir négocié le tournant à cent quatre-vingts degrés, nous fûmes récompensés par un panorama
onnant sur toute la longueur de la vallée, totalement ouverte à l'autre bout, même si le ravin se rétrécissait
vant d'y arriver. Visiblement, c'était l'objectif de Navarro, et l'endroit parfait pour se faire évacuer par hélico.
solé et totalement indécelable, le ravin étoufferait le bruit du rotor, et il était sûrement invisible des airs grâce au
ouvert de la jungle environnante.
Je vis en effet un hélico au sol, rotor en mouvement, dans un espace découvert tout au fond de la ravine.
a Jeep fonçait vers lui, hors d'atteinte.
Fou de rage, j'actionnai au maximum la poignée des gaz. Mon moteur rugit tandis que je dévalais la piste,
irant du quad tout ce qui était possible, dérapant dans les virages à la limite de chavirer, le corps penché à
'extérieur pour faire contrepoids, le coeur battant à tout rompre...
J'arrivai dans la clairière, droit sur l'hélico, au moment où Navarro et ses deux hommes de main quittaient
a Jeep en se bousculant. Navarro tenait Alex. On m'avait vu, bien sûr. Navarro entraîna Alex vers l'hélico,
andis que les pistoleros se positionnaient devant le véhicule, leurs armes pointées dans ma direction.
Je me penchai en avant et continuai à foncer.
Des balles sifflaient autour de moi, mais je parvins très vite à leur hauteur. Je heurtai violemment le
premier, qui s'envola littéralement avant de disparaître derrière moi, et je bloquai les freins tout en tournant le
uidon au maximum. Je sautai du quad avant même l'arrêt complet, me détournai pour me jeter sur le second
tueur... et le vis tomber. Munro, toujours sur sa moto, venait de le descendre.
Je me ruai en direction de l'hélico. Navarro et Alex y étaient presque, tandis que le rotor agitait l'air tout
autour de nous en soulevant un nuage de poussière infernal.
-- Stop ! hurlai-je.
Navarro se tourna, me jeta un regard dantesque...
Il tira brusquement Alex devant lui, véritable bouclier humain de quatre ans - d'une efficacité douteuse, le
gosse lui arrivant à peine à la taille et laissant son torse à découvert. Il n'en pressait pas moins un couteau sur
le cou d'Alex, et je me retrouvai comme paralysé, en repensant à ce qui était arrivé à la petite fille de Corliss.
-- Holà ! Tout le monde se calme, ici, d'accord ? cria Munro.

Il s'approcha de moi d'un air nonchalant. Le bras qui tenait son arme était tendu vers Navarro. De l'autre, il
aisait un geste d'appel au calme.
-- C'est le moment de souffler un peu, les mecs !
-- Posez vos armes, ou le gosse est mort ! hurla Navarro, en reculant lentement vers la cabine de l'hélico.
J'avais les membres paralysés par la terreur. Du coin de l'oeil, j'apercevais l'air impassible de Munro. Et
quelque chose ne collait pas.
-- Personne ne va nulle part, dit-il à Navarro. Tu poses ton couteau de merde et tu amènes ton cul par
ici... ou c'est moi qui descends le gosse.
Il baissa légèrement son arme.
Maintenant, il visait Alex.

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