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Art naïf

Publié le 15/05/2020

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« L'I,CNO.R~NCE DELIBEREE DE TOUT ENSEIGNEMENT La peinture moderne s'est développée contre ce que l'on nomme l'académisme : l'art tel qu'on l'enseignait au XIX' siècle dans les écoles, entre perfection technique et conventions esthétiques.

Les Manet , Courbet, leurs successeurs impressionnistes et nabis , les fauves se définissent par opposition à cette peinture académique, assimilée au monde bourgeois, à sa morale étriquée et à son goût réactionnaire.

Dans les années 1880 , les jeunes artistes modernes découvrent un art surprenant , dont l'audace involontaire leur ouvre des perspectives considérables.

On nommera «art naïf» cette peinture pratiquée en autodidacte par des pei ntres du dimanche , sans formation , et qui, à l'instar du plus célèbre d'entre eux, le douanier Rousseau , n'ont que faire de l'aca démie , des querelles d'école et de l'esprit du temps .

Cette séduisante liberté a bien sûr ses limites , mais la peinture naïve trouve sa force dans l'ignorance délibérée de tout enseignement, qui est promesse de personnalité, de style et de trouvailles surprenantes : tout ce qui fait le cœur d'une modernité acharnée à «trouver du nouveau», pour reprendre le mot de Baudelaire .

n ' auraient pas l'audace de considérer leurs travaux comme de véritables œuvres d'art : les artistes, les vrais , sont de l'Académie royale .

Une stricte hiérarchie régit les artistes, et jusqu 'aux genres qu'ils pratiquent.

Chardin , peintre de nature morte, n'oserait pas se comparer à Pierre, premier peintre du roi, spécialisé dans les grands formats de la peinture d 'histoire .

Autant dire que ceux qui barbouillent en amateur n'auraient jamais l'idée de se considérer comme des artistes.

L:histoire de l'art naïf est en fait l'histoire d'une reconnaissance .

Une première étape est franchie quand , vers 1850 , un groupe d'artistes anglais commence à affirmer que toute l'histoire de la peinture , depuis Raphaël, est une fausse route (ci-dessous, The Sou/ of the Rose , de John William Waterhouse).

Ces « prér ap haélites» , comme ils se nomment , tentent de retrouver les secrets des primitifs italiens du Trecento (XIV' siècle), comme Giotto {1266-1337) :des maîtres admirables, aux techniques rudimentaires, qui ne maîtrisent pas la perspective, par exemple, et dont le regard n'a pas été perverti par les habitudes esthétiques de l'académisme .

Les conquêtes esthétiques de la peinture moderne, dans la France des années 1850-1880 , se font, elles aussi, contre l'académisme , contre 1-------------1 son obsession du «bien peint» PRÉMICES qui finit par tuer toute émotion.

Courbet et Manet se révoltent D'UNE DÉCOUVEm contre l'« école» et imposent Les peintres du dimanche ne datent des maladresses délibérées .

pas d'hier.

Les contemporains de Ils sont bientôt suivis par les Voltaire savent où trouver des impressionnistes, Monet et Renoir artistes amateurs, qui offrent leurs en tête, qui font de l'inachèvement toiles pour une bouchée de pain : un principe de qualité.

Dans le sur le Pont -Neuf.

Certains, plus fracas des polémiques, les critères modestes , se contentent de peindre esthétiques commencent à évoluer : les enseignes des estaminets et les critiques les plus perspicaces, des boutiques de mode .

Les sujets tel l'écrivain Émile Zola, devinent sont variés, mais les dames se que certaines maladresses peuvent consacrent plutôt aux fleurs , les réserver des émotions esthétiques messieurs se hasardent au paysage.

plus fortes que la technique la plus Les uns et les autres, toutefois , éprouvée.

L'ART DES HUMBLES Ce sont, de fait, les écrivains qui attirent les premiers l'attention sur les toiles maladroites des évoque ainsi son goût pour « les peintures idiotes , dessus de portes , toiles de saltimbanques, enseignes, enluminures populaires».

Un peu plus tard , le jeune dramaturge A lfred sa banlieue) , complètement autodidacte, Rousseau donne des tableaux étonnants, à la fois méticuleux et maladroits .

Le public et les critiques se moquent , mais ne se sont-ils pas moqués de Manet , n'ont -ils pas ri des impressionnistes en 1873, ne riront-ils pas des fauves quelques années plus tard? Les risées du public et de la critique, en ces années 1880 , sont presque un brevet de qualité , aux yeux des amateurs les plus avertis.

Mais il y a autre chose.

Dans ces années 1880 qui voient le triomphe du naturalisme de Zala et la reconnaissance du mouvement social avec l'autorisation des syndicats, l'idée d'un art populaire est en train de faire son chemin.

Que des hommes de peu, de petits employés, des prolétaires , puissent se consacrer à l'art, voilà qui n'est pas sans plaire aux différentes avant-gardes.

Les uns voient dans ce phénomène un pied de nez fait à la bourgeoisie, une revanche sociale du petit peuple en voie d'émancipation , et d'applaudir.

Les autres, plus artistes, découvrent dans l'art de Rousseau un dépas sement inattendu de la peinture académique, pas si éloigné des leçon s de Gauguin et des toiles de ses jeunes amis de Pont-Aven : l'inspiration populaire, la naïveté des scènes bretonnes , la disposition volontairement sans nuances des couleurs dans les tableaux nabis, tout cela fait écho à l'expérience solitaire du douanier Rousseau .

11 y a assurément dans cette rencontre un malentendu :car les jeunes peintres de Pont -Aven et les critiques qui les soutiennent sont obsédés par l'histoire de l'art: à la suite de Baudelaire, ils sont en quête d'une modernité toujours à venir et cherchent les moyens de faire avancer l 'histoire de la peinture .

lis sont une avant-garde.

Rousseau , au contraire, se soucie fort peu de l'histoire de l'art , qu'il ignore du reste à peu près complètement.

11 n'a aucune idée de ce qu'est la modernité , n'a pas lu Baudelaire et cherche très simplement à faire de la peinture le mieux possible .

Lui offrirait-on les moyens d'entrer aux Beaux-Arts qu'il s'y précipiterait.

HISTOIRE D'UN MOUVEMENT À la différence des autres écoles modernes , l'art na'1l n'aura jamais de manifeste .

11 n'est pas le fait d 'artistes sûrs de leur fait, désireux d'imposer une nouvelle façon de peindre .

Ce sont des peintres isolés, qui se considèrent comme des amateurs et qui n'ont, le plus souvent, pas conscience d'appartenir à un mouvement qui les dépasse .

Sans doute est-ce pour cela qu'il faudra une quarantaine d'années entre les premiers succès du douanier Rousseau et la toute première exposition naïve, et le dévouement de plusieurs critiques et directeurs de musée pour que soit reconnue l'existe nce d'un art naïf .

Le premier à suivre la voie de Jarry est Guillaume Apollinaire, critique avisé qui, aux côtés des cubistes, défend dès 1909le douanier Rousseau, dont il devient l'ami.

Le critique Wilhelm Uhde ira plus loin :collectionneur passionné, il est le premier à identifier, au-delà de la personne de Rousseau , des artistes ayant en commun, outre leurs origines sociales, une certaine manière de peindre, marquée par un même souci du détail, une même ignorance des lois de la perspective, une même attention aux premiers plans.

En 1928, Uhde organise une exposition à la galerie parisienne des Quatre-Chemins : il y montre des œuvres de Séraphine de Senlis (qui se trouve être sa femme de ménage) , Louis Vivin , Camille Bambois et André Bauchant.

11 baptise ce petit groupe les «peintres du Cœur-Sacré» .

Le terme d'art na'1l s'impose peu à peu, mais il est concurrencé dans les années 1930 par une autre expression : les «maîtres populaires de la réalité».

C'est le titre d'une exposition présentée à Paris , en 1937 , par le conservateur du musée des Beaux-Arts de Grenoble .

UN NAÏF EN ARCHITECTURE : LE FACTEUR CHEVAL Contemporain du douanier Rousseau, Ferdinand Cheval {1836-1924) est comme lui un petit fonctionnaire.

C'est en effectuant ses tournées qu'il commence à ramasser les pierres, les morceaux de céramique, les tessons avec lesquels il décorera son «palais idéal», sorte de maison de rêve entièrement bâtie de ses mains, à la décoration baroque.

li lui faudra plus de quarante ans pour achever son œuvre, qui devient peu à peu une curios ité locale, puis une gloire nationale.

Le fadeur Cheval, qui se rapp roche autant du monde des petits inventeurs de la fin du XIX' siècle que de celui des artistes na'1ls, connaît la gloire populaire dans ses dernières années.

Toutefois, ni artistes ni critiques ne s'intéresseront guère à son travail, à l'exception notable des surréalistes, qui visitent à plusieurs reprises le « palais idéal" dans les années 1920 et 1930.. »

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