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ART ET SCIENCE

Publié le 02/12/2021

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Source: http://www.peiresc.org/DINER/Lexique.pdf

 

Selon la belle formule de I. Lotman l'art et la science sont les deux yeux d'une même culture. Mais si l'on évoque souvent les relations entre l'art et la science, on précise rarement la nature véritable de ces relations, sauf à dénoncer toute collusion mutuelle et à revendiquer leur caractère spécifique en les opposant. L'émotion et la raison. Par delà le caractère anecdotique des situations où l'art fait appel à la science, il faut reconnaître que l'art et la science ont un certain nombre de problématiques communes, liées en particulier à la notion de forme et au dilemme de la représentation. Plus généralement on voit bien que l'art et la science sont des modes de connaissance et d'action sur la nature et la société. Art et science ont aujourd'hui en commun d'être engagés sur des voies abstraites dans un cadre technologique commun, même si dans notre univers informatisé les images et les sons pullulent. Ces démarches abstraites sont rendues possibles par la nature profonde du renouvellement des idées et des connaissances scientifiques au XX ème siècle. L'art est essentiellement la création de formes et toute perception de formes peut constituer le départ d'une expérience artistique. C'est à travers les contributions de la science à l'univers des formes que s'établissent les relations les plus fertiles entre l'art et la science. D'où l'importance de la prise en compte de la culture non linéaire dans la compréhension de l'art contemporain. Plusieurs dynamiques contribuent aujourd'hui au rapprochement entre l'art et la science. On constate tout d'abord un mouvement de la science vers l'art lié à l'évolution de la science qui tend à brouiller certaines des dichotomies sur lesquelles reposait la séparation entre art et science. Les frontières entre objectivité et subjectivité, analyticité et holisme, réductionnisme et non réductionnisme, ordre et désordre, deviennent plus floues dans la science contemporaine, qui laisse s'exprimer des démarches que l'on considérait jusqu'alors comme spécifiquement artistiques. La dialectique de la simplicité et de la complexité, qui fait le sel de l'attitude artistique, s'est installée au coeur même des théories scientifiques, en particulier lorsqu'elles abordent les systèmes complexes et les systèmes biologiques. L'activité des artistes se trouve soudainement plongée au centre des préoccupations scientifiques et répond aux mêmes interrogations. C'est que la science d'aujourd'hui ne cherche pas seulement à décrire le monde mais s'attache à élucider notre connaissance du monde. Elle vit massivement la réapparition du sujet connaissant, depuis l'observateur de la mécanique quantique, l'agent des théories subjectives des probabilités ou bien encore le sujet des sciences cognitives. Une subjectivité envahissante qui ouvre la science sur l'homme, et offre à l'artiste l'image « rassurante » d'une science moins à la recherche d'une domination du monde. Au fur et à mesure que la science s'engage dans des problématiques de plus en plus complexes, elle découvre les limites de la raison et s'interroge sur l'intelligibilité de l'univers. Ses questionnements rejoignent alors ceux de la pratique artistique en multipliant les points de vue et en privilégiant l'action créatrice aux dépens du raisonnement abstrait. La connaissance devient art et l'art devient connaissance, dans un univers culturel dominé par des idéaux de créativité. 19 Artistes et scientifiques vivent dans le même environnement technologique caractérisé par l'omniprésence de l'ordinateur. Leur activité quotidienne aux uns et aux autres est très proche, consistant bien souvent en des manipulations informatiques dans des univers virtuels. Entre la simulation numérique et le computer art, la marge est très faible. Entre l'imagerie scientifique et les arts électroniques la frontière est bien perméable. Elle est souvent franchie. La technologie remodèle la culture en imposant ses démarches à l'art et à la science. Les contacts historiques entre l'art et la science sont innombrables, en particulier lorsque les artistes trouvent dans la science des motifs d'inspiration. On n'en finirait pas de commenter l'inspiration scientifique des peintres de la Renaissance dans leur emploi de la perspective, de Leonardo da Vinci avec sa culture technologique, d'Arcimboldo dans sa connaissance des multiples formes vivantes, des impressionnistes dans leur découverte des lois de l'optique physiologique, ou de Salvador Dali féru de sciences physiques. Sans parler des architectes de tout temps inspirés par les mathématiques au service de leur imagination créatrice et à la poursuite d'une esthétique des proportions. La science permet bien souvent de donner une analyse et une interprétation des oeuvres d'art, en particulier lorsque l'on a recours aux sciences cognitives. C'est le cas pour l'analyse de tous les phénomènes de perception impliqués dans l'expression artistique comme dans le cas de la problématique de la couleur, de la représentation de l'ombre ou de la nature de la musique. De ce point de vue l'artiste apparaît souvent comme un manipulateur d'illusions. L'histoire de l'emploi de la perspective est un des moments majeurs de cette manipulation. Et pourtant l'art et la science vivent plus que jamais dans des mondes à part. C'est la marque d'une époque qui vit des dichotomies profondes et des dualismes stériles.. D'une époque qui rêve de transdisciplinarité et qui cultive la séparation des savoirs et des savoirs faire. D'une époque qui répand la connaissance tout en cherchant à en cacher le sens. D'une époque qui dissimule son unité profonde en clamant la mort des idéologies. D'une époque qui ne connaît pas le partage et vit sans cesse dans la définition de territoires, chasses gardées soumises aux raids des puissances du capitalisme régnant. Cependant paradoxalement le couple art et sciences est l'objet de toutes les attentions, on lui consacre aujourd'hui colloques, publications, expositions, voire des programmes entiers de recherche et de formation. Malgré cette proximité, recherchée autant par le monde de l'art que par celui des sciences, ce sont souvent des préjugés anciens qui dominent les discours de l'un sur l'autre. Les sciences envient à l'art son public, " la liberté artistique qui permet aux artistes d'explorer des modes de communication que les scientifiques ne sont pas en mesure de suivre " et confondent l'art avec la communication, notamment lorsqu'il s'agit, comme si souvent, de faire appel aux artistes pour visualiser de manière plus séduisante les résultats de leurs recherches. De son côté, l'art envie à la science sa respectabilité, l'autorité que lui reconnaît la société en échange des vérités qu'elle produit et de la contribution qu'elle apporte au progrès technique. Le pouvoir et l'argent divisent. L'Art et la Science sont pris dans ces courants de l'histoire qui séparent les hommes des femmes, les riches des pauvres, les intellectuels des manuels, les producteurs des spéculateurs et qui ne s'accordent que sur le point de transformer tous les individus en consommateurs. Les musées d'art ne font jamais place à la science ; les musées de science ne font appel à l'art que pour des raisons documentaires. L'enseignement général ne fait presque aucune place à l'histoire de l'art et n'en fait aucune à l'histoire de la science tout 20 tourné qu'il est vers l'histoire de la littérature. Comme si l'art non littéraire et la science n'étaient pas des langages. Les enseignements littéraires sont soigneusement isolés des enseignements scientifiques, alors que les mathématiques "modernes" et la linguistique contemporaine auraient pu servir à les rapprocher. N'est-ce pas là le signe indubitable de ce fossé qui s'est creusé et s'accroît entre l'Art, considéré comme Humanisme et la Science figée dans une posture inhumaine. La Science fait-elle peur ? Sans aucun doute, car elle s'ouvre aujourd'hui sur des mondes abstraits, mystérieux et lointains, et se trouve lourde de menaces pour le bien être de l'humanité. A côté d'elle la technologie fait figure d'animal sauvage en captivité. De ce fait, les rapports entre l'Art et la Technologie, toujours très profonds, n'ont cessé de s'affirmer au XXe siècle. De nombreux projets et de nombreuses expositions témoignent de cette interaction. Sans parler bien sûr de l'interaction profonde entre la pratique artistique et les technologies maîtresses du XXe siècle, comme les matériaux plastiques, le laser et... l'informatique. D'une certaine manière l'art contemporain n'a que simulations et images virtuelles à la bouche. Esthétique numérique, figures fractales, design informatique s'infiltrent de toute part dans le champ artistique. Mais où est la Science dans tout cela ? N'aurait-elle rien à dire ? L'Art et la technologie ont toujours interagi. Mais une technologie ne fait pas l'art pas plus qu'elle ne fait la science. L'usage massif et monstrueux de la technologie dans l'art comme dans la science contemporaine ne fait bien souvent qu'accentuer le manque de signification profonde de ces activités. Des déluges de faits dans des déserts d'idées. L'histoire de l'art et l'histoire des sciences révèlent de profondes correspondances entre ces deux activités à une époque donnée, où l'on voit se manifester des préoccupations et des thématiques communes. Ainsi on constate avec intérêt à la fin du XIX° siècle une démarche commune qui tend à libérer la représentation de la contrainte du réalisme. Une prise de conscience de l'écart entre notre perception et notre représentation du monde et le monde tel qu'il est supposé être en notre absence. La connaissance n'est pas une copie de la nature. En physiologie de la perception s'élabore une conception de la sensation qui l'éloigne de l'image chez Helmholtz et Mach. En physique apparaît un mouvement symboliste, adossé au renouveau de la logique, dont les porte paroles sont Helmholtz, Hertz et Cassirer. Toute une époque se pare de préoccupations formalistes et s'enfonce dans l'abstraction emmenée par Wittgenstein et les positivistes logiques. C'est là que la peinture choisit de s'écarter de la représentation réaliste et de la ressemblance pour s'acheminer à travers les Impressionnistes, et les Symbolistes vers l'art non figuratif et l'Abstraction. Dans les deux cas un univers des signes se substitue à un univers des images. Par sa démarche modélisatrice, constructiviste et abstraite la cybernétique a joué un rôle essentiel dans la pensée scientifique comme dans la création artistique. De fait la cybernétique remplace une conception mimétique de la science comme miroir de la nature par une conception constructiviste comme interprétation de la nature. Dans la seconde moitié du XX° siècle apparaît en science une nouvelle doctrine sur l'origine des formes qui fait la part belle à la confrontation de l'ordre et du désordre et à la complexité. Ce sont les théories de l'auto-organisation qui privilégient l'émergence des formes sur leur création selon un dessein intelligent. 21 C'est là que l'on voit toute une activité artistique s'ouvrir au hasard et à la création automatique, à travers l'art algorithmique, en particulier par l'emploi des fameux automates cellulaires. L'art se trouve aujourd'hui pris dans la spirale de la culture nonlinéaire, un mode de pensée qui envahit petit à petit le champ des connaissances. Au cours des XIX et XX èmes siècles les relations entre l'art et la science s'établissent sur un mode « métaphorique ». La science fournit à l'art des représentations ou des modèles abstraits du monde que celui-ci transfigure en images sensibles. La science donne des idées, propose des conceptions du monde, de la réalité, inspire, suggère, travaille l'art par en dessous. Il suffit de rappeler l'influence des travaux sur l'optique et la couleur, le rôle de la théorie de l'évolution de Darwin dans les mentalités des artistes ou les interrogations sur la représentation provoquées par les géométries non euclidiennes ou la psychanalyse. Cette relation métaphorique est fortement remise en question par la technologie numérique. Tout y revient à l'utilisation de programmes informatiques qui utilisent des modèles de simulation qui sont des interprétations formalisées du réel. Les artistes numériques sont obligés de créer du sensible à partir de l'intelligible, ce qui renverse en quelque sorte le rapport que l'esthétique propose en général en faisant naître l'intelligible à partir du sensible. Cela a pour conséquence de donner à la technique et à la science une part de plus en plus importante dans l'art. Avec le numérique la science ne peut plus être interprétée métaphoriquement, elle impose directement et de l'intérieur sa présence à l'art en lui fournissant par le biais des modèles de simulation ses matériaux, ses outils et ses processus.

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