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Antoine Watteau

Publié le 16/05/2020

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« Antoine Watteau La renommée de Watteau, le peintre le plus exquis de l'école française du XVIIIe siècle, a passé par des alternativesd'admiration et de décri qui jettent un jour curieux sur les variations du goût. Ses contemporains lui rendaient justice.

Il trouva, jeune encore, de chauds partisans parmi les amateurs et lesmarchands.

Il suffit de rappeler son ami Jean de Jullienne qui lui éleva après sa mort le plus durable monument enfaisant graver à ses frais la majeure partie de son œuvre peint et dessiné, le financier Pierre Crozat qui lui ouvrit sagalerie de tableaux italiens et ses portefeuilles de dessins ou encore Gersaint qui lui commanda la plus fameuse desenseignes pour sa boutique du Pont-Neuf. La pastelliste vénitienne Rosalba Carriera parle avec enthousiasme de "l'inimitable M.

Watteau", et le roi de PrusseFrédéric II, qui rafla ses meilleures toiles en recommandant toutefois à ses rabatteurs de bien marchander, confessequ'il "préfère les touches de Watteau à celles de Rembrandt". Brusquement, vers 1745, le goût change.

L'antiquomanie commence à exercer ses ravages.

L'archéologue Caylusreproche aigrement à Watteau d'être incapable de composer "rien d'héroïque ni d'allégorique, encore moins de rendreles figures d'une certaine grandeur".

Diderot déclare avec une risible assurance : "Je donnerais dix Watteau pour unTeniers".

Pour les Davidiens, le maître de l'Embarquement pour Cythère n'est qu'un "peintre de bambochades". Cette incompréhension s'est prolongée pendant cent ans.

C'est aux frères de Goncourt que revient le mérite d'avoir"revalorisé" l'œuvre de Watteau en le remettant à sa vraie place parmi les plus grands génies de l'école française,entre Poussin et Delacroix. Pour comprendre Watteau, il faut commencer par écarter l'idée naïve et radicalement fausse de ceux qui sereprésentent l'homme d'après ses tableaux, sous les espèces d'un élégant cavalier, coquetant et marivaudant avecde jolies femmes dans une Cour d'amour, cueillant voluptueusement les roses de la vie.

Il en a surtout connu lesépines. Ce prince charmant était le fils d'un pauvre couvreur de Valenciennes.

Cet épicurien était un malade, unvalétudinaire fiévreux, de tempérament instable, atrabilaire qui mourut phtisique à 37 ans.

Il suffit de regarder sonportrait dessiné par lui-même et gravé par Boucher : ce visage hâve, ces pommettes saillantes, ces joues creuses,ce regard triste, ces lèvres amères, pour diagnostiquer sa maladie.

En réalité, ce peintre de la joie de vivre dans ledécor le plus riant et le plus raffiné a vécu comme un condamné à mort. Si la fièvre qui le consumait a assombri son caractère, elle a en revanche mûri précocement son génie ; elle l'asurtout affiné, aristocratisé.

Un Watteau bien portant n'aurait été peut-être qu'un vulgaire Lancret.

Ajoutons que lesentiment de la brièveté de la vie, de l'imminence de la mort, loin de paralyser sa production, l'a au contrairetalonnée.

Sachant ses jours comptés, il n'a pas voulu en perdre un seul et, déjà moribond, il s'est surpassé enpeignant d'une main fiévreuse, "pour se dégourdir les doigts", l'incomparable Enseigne de Gersaint. Une autre erreur trop répandue, et qu'il faudrait extirper une fois pour toutes, est que Watteau est un Flamand ouun demi-Flamand plus apparenté à Rubens et à Teniers qu'aux maîtres de l'école française. Il est vrai qu'il est né à Valenciennes, six ans seulement après la conquête de cette ville par Louis XIV.

MaisValenciennes a toujours été une ville de langue française ; elle appartient à la Wallonie et non à la Flandre.

Je nesache pas que Froissard, qui était Valenciennois, ait écrit ses Chroniques en flamand et personne n'aurait l'idée detraiter Carpeaux, autre compatriote de Watteau, de sculpteur flamand. On allègue son admiration fervente pour Rubens qu'il considérait comme le dieu de la peinture.

Mais il ne faut pasoublier que le "rubénisme" est un trait commun à tous les grands peintres français du XVIIIe siècle.

Largillière,Greuze et Fragonard sont des desservants du même culte.

Chose curieuse qu'il convient de noter en passant : ceValenciennois n'a jamais eu l'idée de descendre l'Escaut jusqu'à Anvers, qui n'est pourtant pas bien loin, pour rendrehommage à son idole.

Il s'est contenté de copier à Paris des détails de la Vie de Marie de Médicis à la Galerie duLuxembourg. Au surplus, l'influence des Flamands et particulièrement de Rubens n'est pas la seule qui se soit exercée surWatteau.

Elle a été contre-balancée, sinon neutralisée, par la connaissance des maîtres vénitiens avec lesquels il apu se familiariser, sans faire le voyage d'Italie, dans le cabinet du financier Crozat.

L'élégance patricienne de Titienet de Véronèse lui a fait entrevoir un idéal très différent de la robuste sensualité et du réalisme vulgaire des maîtresflamands. On a cité bien souvent l'admirable définition que Delacroix, ce "Véronèse fiévreux", a donnée de l'art de Watteau,avec lequel il avait tant d'affinités : "Venise et la Flandre s'y trouvent réunis". Oui, sans doute.

Mais il oublie, au fond de son creuset, un troisième élément essentiel : c'est la France, c'est Paris.Il ne faut tout de même pas oublier que ce prétendu Flamand a vécu dans le Paris de la Régence, qu'il y fut l'élèvede Claude Gillot, puis de Claude Audran, que le premier débrouilla ce petit provincial et l'introduisit dans le monde. »

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