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Antoine Adam : « un monde cruel, peuplé d’êtres passionnés et faibles, entraînés par les fatalités de leur sang »

Publié le 15/05/2020

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Ci-dessous un extrait traitant le sujet : Antoine Adam : « un monde cruel, peuplé d’êtres passionnés et faibles, entraînés par les fatalités de leur sang » Ce document contient 1448 mots soit 3 pages. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système gratuit d’échange de ressources numériques. Cette aide totalement rédigée en format pdf sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en Littérature.

« (INTRODUCTION :) Le XVIIème siècle est par excellence le siècle du théâtre et de la morale.

Qu’il s’agisse des comédies ou des tragédies, toutes visent à plaire et instruire, «Placere et docere » selon la formule consacrée.

Le théâtre racinien n’échappe pas à la règle : mais le critique A ntoine Adam a pu dire aussi à son sujet qu’ildépeint « un monde cruel, peuplé d’êtres passionnés et faibles, entraînés par les fatalités de leur sang ».

Cette affirmation s’applique sans aucun doute àAndromaque, tragédie qui raconte les amours malheureuses du personnage éponyme et de ses compagnons d’infortune, P yrrhus, Oreste et Hermione.

Eneffet, le monde d’après la guerre de Troie où se situe la pièce n’est pas enclin à la douceur et si les personnages s’aiment passionnément, ils n’en sont pasmoins victimes du poids de la fatalité familiale. (DEVELOPP EMENT :) Tout d’abord, les personnages vivent dans un monde particulièrement cruel.En effet, ils sont soumis à une violence tout d’abord physique.Nous sommes à la fin de la guerre de T roie qui fut particulièrement dévastatrice : la ville de Troie n’existe plus, saccagée par les Grecs lors d’ «une nuitcruelle » (III, 8), les belligérants ont perdu navires (A cte III, scène3) et compagnons.

Nombreux sont les veuves et les orphelins (II, 5), le peuple troyen«ser[t]» en esclavage (III, 6) et l’on ne ressent plus que haine et désir de vengeance qui se résument dans la peur d’un avenir représenté par un tout petitenfant, Astyanax.

Les personnages ont perdu toute humanité : A ndromaque et son fils ne sont plus que des butins de guerre.

C ette cruauté ambiante netrouvera son achèvement que dans la douleur : Pyrrhus sera assassiné à l’instigation de celle qui l’aime, Hermione se tuera et Oreste deviendra fou.Andromaque a tout d’une tragédie.Mais à cet univers brutal s’ajoute pour les personnages une autre forme de cruauté, plus terrible encore car intrinsèque, la pression psychologique.

En effet,les personnages subissent les revirements incessants de l’être aimé : les hésitations d’A ndromaque amènent Pyrrhus à revenir sur les serments faits àHermione qui trouve son amoureux « infidèle » (IV , 5).

Son cousin Oreste, tout comme elle plus tard dans la pièce, a déjà cédé au désespoir et est parti enmer pour oublier sa peine.De plus, certains personnages ont recours au chantage : P yrrhus ne sauvera la vie d’Astyanax que si sa mère l’épouse et Hermione n’aimera Oreste que sice dernier tue Pyrrhus.Enfin, les protagonistes souffrent de leur grande solitude, dernier raffinement de la cruauté imposée par le dramaturge.

Hermione, seule à la cour de Pyrrhus,n’écoute pas Andromaque venue la supplier de l’aider à sauver son enfant.

C e manque de solidarité féminine laisse la mère seule face à la peur d’une ultimeperte irréparable, elle qui est déjà condamnée à pleurer la mort d’un époux, de sa famille entière, de la quasi-totalité de son peuple et à vivre dans lesouvenir.

L’égoïsme des personnages privés de tout appui familial, les enferme dans une solitude tragique qui se soldera par leur perte. Ainsi, les personnages d’Andromaque sont-ils victimes d’un monde cruel tant physiquement que psychologiquement.

Mais ils sont aussi les victimes deleurs passions et de leurs faiblesses. En effet, la passion amoureuse est au centre de la tragédie.Dans Andromaque l’amour est voué à l’échec : il fait souffrir.

Oreste aime Hermione qui aime Pyrrhus qui à son tour a succombé aux charmes d’A ndromaque,laquelle n’aime que son défunt époux, Hector, et le fils qu’elle a eu de lui, Astyanax.

Cette chaîne amoureuse est sans espoir et elle se solde par une mort,celle d’Hector, qui préfigure celle des autres personnages.

Car la passion ici est aveugle et obsessionnelle, surtout chez les personnages masculins.

Dansson amour inconditionnel pour sa captive, Pyrrhus en oublie son devoir, ses alliés grecs et sa fiancée : il mourra assassiné.

Oreste revient en Epire commeambassadeur mais aussi comme un amant éconduit prêt à enlever, tuer ou violer la femme qu’il aime, quelles qu’en soient les conséquences.

Il deviendrarégicide par amour.L’amour est donc une force mortelle qui entraîne la faiblesse, les doutes de ceux qui la subissent.

Pyrrhus ne maîtrise pas l’amour d’A ndromaque malgré tousses efforts et reste suspendu à ses décisions.

Oreste et Hermione passent de l’espoir au désespoir le plus profond, dépendants des réactions parfoisincompréhensibles de l’être aimé et finissent par céder à leur jalousie et à leur désir de vengeance : Pyrrhus est le point focal de leurs deux haines.

SeuleAndromaque ne doute pas.

L’objet de sa passion n’est plus et ne peut donc plus la trahir.

Elle est sûre de son devoir et cherche seulement la meilleuresolution pour sauver son fils tout en restant fidèle à la mémoire de son mari : elle épousera Pyrrhus pour épargner A styanax mais s’immolera sur l’autel dumariage en hommage à Hector et au peuple troyen.

Sa force, qui assure finalement sa survie puisqu’elle seule ne meurt pas et devient même la reine de sesanciens ennemis, la prive néanmoins du statut de personnage tragique. Ainsi, les personnages d’Andromaque sont-ils bien tragiques, passionnés et faibles à la fois, mais toujours terriblement humains.

Mais ils sont aussi soumisau poids de la fatalité de leur sang. La notion de fatalité divine est présente dès le début de la pièce.

En effet, dès la première scène, O reste sait qu’il est vaincu, impuissant à oublier Hermione:« Puisqu’après tant d’efforts ma résistance est vaine,Je me livre en aveugle au destin qui m’entraîne.

» (I, 1)Ce même destin, pressenti comme fatal dans la scène d’exposition, le rattrapera dans le dénouement sous la forme des Erinyes ou Euménides, les déessesgrecques de la vengeance.Car les dieux ont maudit ces familles coupables de tant de crimes, parricides, adultères, infanticides ou autres incestes.

O reste est un descendant d’Atrée,fils d’Agamemnon qui sacrifia sa propre fille Iphigénie à Artémis pour sa gloire personnelle.

Agamemnon expiera sa faute, assassiné par sa femmeClytemnestre assistée de son amant Egisthe.

Le mythe précise que, poussé par sa sœur Electre, O reste vengera la mort de leur père en exécutantClytemnestre et Egisthe.

Il deviendra alors fou.

Dans Andromaque Racine hâte donc quelque peu son funeste destin.

Hermione, la cousine d’Oreste, est fillede Ménélas et d’Hélène par laquelle arriva la guerre de T roie.

En s’enfuyant avec le beau Pâris, Hélène trahit sa famille et sa patrie et provoqua des mortsinnombrables.

Les deux cousins sont donc tous deux victimes de la haine divine et le paieront de leur vie physique et mentale, la folie d’Oreste étant unemort symbolique.Enfin, le destin et les dieux courroucés ont conduit les différents protagonistes de la pièce à aimer précisément la seule personne qu’ils auraient dû fuir :Pyrrhus est le fils d’Achille qui pendant le sac de Troie tua Hector en le précipitant du haut des remparts de la ville.

A u-delà de leur antagonisme politique,la haine d’Andromaque envers le descendant direct de l’assassin de son époux s’explique logiquement.

Oreste aime Hermione qui lui a déjà clairement faitpart de l’indifférence qu’il lui inspirait et qui est de plus promise par son père au fils d’A chille (II ,2).

Tout comme sa mère avant elle, Hermione trahira lessiens en faisant assassiner le roi d’Epire par un futur matricide.

Du reste, l’antagonisme qui oppose P yrrhus à Oreste n’est pas seulement d’ordre affectif.

Ilrésulte aussi de la rivalité de leurs parents.Quant à Andromaque, elle aime sans espoir un héros mort au combat et un fils jouet d’un destin qui dépasse largement son avenir personnel. (CONCLUSION :) En définitive, l’affirmation d’A ntoine Adam s’applique particulièrement bien à A ndromaque.En effet, pris dans le monde cruel des suites de la guerre de T roie, subissant des violences tant physiques que morales, les héros de la pièce de Racine,dans leur faiblesse humaine, cèdent à une passion aveugle qui les mènera au désastre politique et personnel.

Ils subissent en cela la dure loi du destin qui amaudit leurs familles.

Seule Andromaque, le personnage éponyme, qui est étrangère à la Grèce et fidèle à ce qu’elle a aimé, échappera à la tragédie finale. NB : Les indications relatives aux parties de la dissertation développées (introduction, développement, conclusion) sont rajoutés ici à titre indicatif et nesont pas à recopier dans un devoir rédigé.. »

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