Analyse littéraire du poème L'Ennemi de Baudelaire

« ORAL BAC DE FRANÇAIS OBJET D’ETUDE 1 : LA POESIE Texte 1 : L’Ennemi Charles Baudelaire INTRODUCTION : Les Romantiques avec la figure emblématique de Victor Hugo ont habitué les lecteurs à une poésie souvent lyrique avec une véritable hypertrophie de la sensibilité pour exprimer le fameux Mal du siècle.

Charles Baudelaire (1821-1867) va marquer à son tour l’histoire littéraire du XIXème siècle car il offre dans son recueil de poésie « Les Fleurs du mal » publié en 1857 des thèmes romantiques comme l’automne ou la fuite du temps, il amène surtout une modernité qui va créer beaucoup d’originalité, à travers des poésies qui reflètent son cheminement intérieur.

De ce fait, cette œuvre poétique novatrice, divisée en sections, fait de son auteur un poète pré-symboliste, dont les états d’âme oscillent entre le Spleen et l’Idéal, le Spleen étant un état proche de la dépression, et l’Idéal, une vision positive vers laquelle tend l’écrivain.

// Ainsi, le pouvoir de la poésie qui, selon Baudelaire, est un art qui permet de « transformer la boue en or », amène ici, à travers le poème l’Ennemi, issu de la section Spleen et Idéal, une nouvelle perception de la fuite du temps, ce thème poétique traditionnel, traité par le poète avec beaucoup d’originalité.

En effet, L’Ennemi, sonnet en alexandrins, propose d’abord, dans les deux premiers quatrains, le bilan d’une vie par le biais d’images liées à la nature, puis montre, dans les deux tercets, une réflexion sur la création poétique. PROBLEMATIQUE : On peut alors se poser la question suivante : Comment Baudelaire évoque t’il la fuite du temps et les difficultés de la création poétique d’une façon originale ? PLAN : Pour y répondre, on observera, dans une première partie, en quoi ces deux quatrains révèlent le bilan d’une vie, puis, dans une seconde partie, comment Baudelaire, dans le premier tercet, mêle étroitement fuite du temps et création poétique, pour arriver au second tercet, à la chute du poème qui amène une vision tragique de la condition humaine, avec un Ennemi du genre humain : le Temps. 1.

Le bilan d’une vie à travers une métaphore filée climatique : les deux quatrains. Vers n°1 : Il s’agit du bilan d’une vie, un bilan rédigé à posteriori comme l’indique le verbe être au passé simple.

L’adjectif possessif « ma » révèle une tonalité lyrique accentuée par le terme « jeunesse ».

Le second hémistiche montre une métaphore climatique « ténébreux orage ».

C’est également un oxymore, sa jeunesse fut contrastée et chaotique.

Par hypothèse, on peut faire le lien avec les conflits qui mêlaient lui et son beau-père. Vers n°2 : On remarque la poursuite de la métaphore climatique, elle devient filée et est basée sur une redondance.

Les « brillants soleils » évoquent des moments heureux de sa jeunesse, peut être des moments de bonheur avec sa mère, des succès scolaires en poésie latine ou bien des souvenirs fugitifs avec son père biologique. Vers n°3 : Poursuite de la métaphore filée climatique « tonnerre et la pluie ».

Cela renforce l’originalité du poème.

Dans le second hémistiche, le caractère hyperbolique de « ravage » accentue l’idée de destruction de sa jeunesse, le constat est sombre.

L’image donnée est d’autant plus angoissante que l’on remarque une rime suffisante entre « orage » et « ravage » car il a fait le choix d’employer des rimes croisées. Vers n°4 : Ce dernier vers du premier quatrain poursuit toujours la métaphore filée climatique pour représenter son passé, mais, cette fois ci, Baudelaire se livre à un constat sinistre basé sur une restriction : « bien peu », le verbe « reste » employé au présent amène une impression définitive.

On relève le champ lexical de la nature dans tout le quatrain (citer « orage », « tonnerre », « pluie », « fruits », « jardin ») On peut également voir à travers l’expression « fruits vermeils » une allusion à la Bible et au jardin d’Ede, au jardin perdu de la Genèse, fruits donnés par l’arbre de la connaissance, liée au bien et au mal.

Cette vision pessimiste est renforcée par les allitérations en « r » signe de dureté.

On peut aussi observer que le choix des rimes croisées à la place des rimes embrassées permet au poète de faire rimer : « orage » et « ravage », « vermeils » et « soleils », cela montre à quel point sa jeunesse fut mouvementée et contrastée. CONCLUSION 1ER QUATRAIN : Dans ce premier quatrain, Baudelaire s’est donc livré à un véritable bilan de son passé, à travers une métaphore filée climatique originale et à un registre lyrique présent dès le début du quatrain, le second quatrain ne faisant que confirmer l’impression de malaise ressentie dans le premier quatrain. Vers n°5 : Le vers 5 débute à travers le présentatif « voilà » qui annonce la poursuite de la métaphore filée basée sur le cycle des saisons « l’automne », ce qui accentué par le lyrisme : « j’ », il continue encore le bilan de son passé.

Le choix de la saison n’est pas anodin car c’est la saison de la mort de la nature, c’est la saison préférée des romantiques, c’est une saison triste, synonyme d’introspection, ce qui laisse une vision très négative.

La métaphore complète « l’automne des idées », montrant que l’inspiration poétique est amoindrie par les ravages du Temps qui passe. Vers n°6 et vers n°7 : Poursuite de la métaphore filée « terres inondées » dans un enjambement entre le vers 6 et le vers 7.

Les « terres inondées » renforcent l’idée de destruction.

Il y a également une métaphore, « la pelle et les râteaux » représentent le travail poétique. Vers n°8 : L’écrivain poursuit toujours sa métaphore filée climatique pour évoquer son passé. La comparaison du second hémistiche « grands comme des tombeaux », et la présence de « trous » amènent une idée de mort et une tonalité pathétique. CONCLUSION 2EME QUATRAIN : Ce second quatrain offre un bilan sinistre, celui d’une vie dévastée, ce qui place clairement ce poème, L’Ennemi, dans la thématique du Spleen, le tout étant encore accentué par la métaphore filée climatique originale utilisée par le poète. 2.

Une étroite fusion entre fuite du temps et.... »