Analyse linéaire et Oral – Les Fleurs du Mal - « L’Albatros »
Publié le 20/05/2023
Extrait du document
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Analyse linéaire et Oral – Les Fleurs du Mal - « L’Albatros »
Texte
Le lendemain qu'elle fut arrivée, elle alla pour assortir des pierreries chez un Italien qui en trafiquait par tout le
Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.
A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d'eux.
Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule!
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid !
L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait !
Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.
Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal (1861), « L’Albatros »
ANALYSE LINÉAIRE
INTRODUCTION
Situation de l’extrait :
Deuxième poème du recueil à partir de l’édition de 1861, « L’Albatros » fait partie des plus célèbres poèmes des
Fleurs du Mal.
Caractérisation de l’extrait
Ce poème a la particularité d’être un portrait métaphorisé de l’auteur : Baudelaire s’y représente sous la forme
d’un oiseau.
D’autres poètes avaient fait le même choix: Leconte de Lisle avec le condor orgueilleux et solitaire,
Alfred de Musset avec le pélican qui se sacrifie, Alphonse de Lamartine avec le cygne.
Charles Baudelaire choisit
pour sa part l’albatros: représentation du poète incompris des hommes et donc exclu de leur société.
Formulation d’une problématique
En quoi ce poème constitue-t-il un apologue sur le manque d’ouverture d’esprit de la société ?
Annoncer le plan
On distinguera trois mouvements successifs
1.
Un thème prosaïque et banal - Du début à « gouffres amers.
»(v.4)
2.
Rencontre entre les marins et les oiseaux - De « à peine les ont-ils » (v.5) jusqu’à « qui volait » (v.12)
3.
Le caractère métaphorique du texte - « Le poète est» (v.13) jusqu’à la fin
DEVELOPPEMENT
Premier mouvement (du début à « gouffres amers.
»(l.4) )
Ce poème comporte quatre quatrains en alexandrins à rimes croisées, alternativement féminines et masculines.
Premier mot du premier vers, l’adverbe « souvent » (v.1) est une entrée rapide et directe dans le poème.
Il marque
la répétition, mais aussi le caractère habituel, banal de l’évènement qui va suivre : « pour s’amuser, les hommes
d’équipage prennent des albatros » (v.1-2).
« Pour s’amuser » évoque le but léger, le divertissement recherché par
un groupe indéterminé, sans identité, quelconque « les hommes d’équipage ».
On notera que le vers 2 est le seul à reprendre le mot « albatros », présent dans le titre.
Les autres évocations de
l’albatros dans la suite du poème se font par des périphrases et des métaphores, comme dans la suite du vers «
vaste oiseaux des mers » périphrase laudative qui insiste sur l’envergure majestueuse du volatile.
Au vers 3, un portrait moral de l’albatros est esquissé : « Qui suivent, indolents compagnons de voyage » Au
sens étymologique, indolent signifie « qui ne souffre pas », mais son usage courant en fait un synonyme de
«paresseux».
Cet aspect négatif est compensé par le fait que l’oiseau est décri comme un « compagnon de voyage
».
Dans l’ensemble cette attitude est plutôt inoffensive et rassurante.
Le vers 4 introduit une note inquiétante, notamment avec l’expression : « gouffres amers » renforcée par
l’allitération en « r » : navire, gouffre, amers.
Le poème met en scène une mer avec des grandes vagues, des
grands creux.
La mer est d’ailleurs le paronyme d’« amers ».
Le verbe « glissait » affirme aussi la présence de
l’eau.
Deuxième mouvement («à peine les ont-ils » (v.5) jusqu’à « qui volait » (v.12))
Le début du vers 5 : « A peine » est une locution adverbiale soulignant l’immédiateté, la rapidité de l’action : « A
peine les ont-ils déposés sur les planches ».
(v.5) « Les planches» sont une synecdoque pour le pont du navire.
Le
terme « les planches » désignent au sens figuré une scène de théâtre, ce qui fait de l’albatros un acteur involontaire
qui se donne en spectacle pour le plaisir d’un public : les marins.
Le vers 6 est construit sur un parallélisme antithétique : la périphrase métaphorique « rois de l’azur » s’oppose
aux adjectifs péjoratifs « maladroits et honteux ».
Le fait que l’ont décrivent les oiseaux comme ressentant des
sentiments rappelle au lecteur qu’il s’agit de métaphore d’humains..
Le poète s’attarde sur « leurs grandes ailes blanches » au vers 7 que les albatros « laissent piteusement » (v.7) «
traîner » (v.8).
L’adverbe « piteusement » relève du registre pathétique et le verbe « laissent» admet le caractère
subi de la situation pour les albatros.
La comparaison entre les ailes des oiseaux au vers 7 et « des avirons » (l.8), c’est à dire des rames, souligne qu’il
est aussi inutile d’avoir des ailes sur un bateau de «traîner» des rames sur le pont d’un navire.
La deuxième strophe se concentre sur les interactions entre l’albatros et les hommes d’équipage.
Le vers 9 reprend la construction antithétique déjà employée dans la strophe....
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