Databac

analyse la princesse de clèves scène du bal

Publié le 04/05/2022

Extrait du document

Eléments d’introduction :
Ce texte correspond à l’acmé du roman.
Le dénouement marque le moment où tous les conflits sont résolus. Originalité ici
puisque l’œuvre s’ouvre sur l’image d’un conte de fées et se referme sur un dénouement
tragique. Ce dénouement se caractérise par un renoncement à la passion, la séparation
des amants et la mort de l’héroïne.
Dans le dénouement de l’intrigue, on intègre la scène ultime de l’aveu : le seul véritable
tête-à-tête entre les amants. C’est en même temps la première fois et la dernière fois
qu’ils se parlent à cœur ouvert dans le roman.
 Regard de « sujet lecteur » critique : Dans une autre dimension, cette ultime rencontre a
été très largement attendue par le lecteur. Comme souvent dans son œuvre Madame de
La Fayette n’a eu de cesse de créer ces effets d’attente, toujours, dans un souci de
théâtralité, donnant une dimension dramatique aux scènes entre les personnages. Ici,
l’horizon d’attente du lecteur est contrecarré. Alors que nous nous attendons à ce,
qu’après la mort de Monsieur de Clèves, la princesse succombe enfin à la passion
amoureuse, puisque plus aucun obstacle n’entrave cette union, contre toute attente,
celle-ci refuse d’y succomber. C’est ainsi la morale de l’héroïne elle-même qui nous est
dispensée à travers un dialogue, qui a toutes les allures d’un dernier discours adressé
avant de mourir définitivement à la société. Ce dénouement déroute, surprend ainsi par
son ton sublime et tragique, car il est à la fois un ultime aveu d’amour tout en même
temps qu’il est un adieu au Duc. C’est tout l’héroïsme du personnage qui se cristallise ici.
 Contexte de l’épisode et résumé du passage : Mr de Clèves est mort de jalousie, se
croyant trahi. La princesse de Clèves s’isole de la cour et de M. de Nemours, et prend
conscience de sa culpabilité. Cette entrevue est organisée à l’insu de la princesse par le
vidame de Chartre.
Ce passage expose les causes et les résolutions de la princesse à ne plus jamais revoir
Nemours et à vivre dans la solitude. Et ce renoncement final s’appuie sur une
connaissance de la nature inconstante du cœur humain, et particulièrement du cœur
masculin. Dans une autre mesure, il s’agit aussi dans cette scène de faire tomber une
dernière fois les masques. Mme de Clèves fait ainsi fi de toutes les bienséances en
avouant au duc de Nemours son amour. "Je vais passer par-dessus toute la retenue et
toutes les délicatesses que je devrais avoir." Pour la première fois, vis à vis de son
amant, au sens du XVIIème, elle fait preuve d'une grande "sincérité. L'aveu parut
choquant à l'époque de Mme de Lafayette car la princesse tout en confiant ses
sentiments détruit toutes les espérances du Duc. "Ce sera apparemment la seule fois de
ma vie que je donnerai la liberté de vous les faire paraître. (ses sentiments)". Une
certaine cruauté se dégage de la sincérité de la part de Mme de Clèves qui explique les
motivations de son refus.

« Texte 10 -Je veux vous parler encore avec la même sincérité que j’ai déjà commencée, reprit-elle, et je vais passer par-dessus toute la retenue et toutes les délicatesses que je devrais avoir dans une première conversation, mais je vous conjure de m’écouter sans m’interrompre.

» Je crois devoir à votre attachement la faible récompense de ne vous cacher aucun de mes sentiments, et de vous les laisser voir tels qu’ils sont.

Ce sera apparemment la seule fois de ma vie que je me donnerai la liberté de vous les faire paraître ; néanmoins je ne saurais vous avouer, sans honte, que la certitude de n’être plus aimée de vous, comme je le suis, me paraît un si horrible malheur, que, quand je n’aurais point des raisons de devoir insurmontables, je doute si je pourrais me résoudre à m’exposer à ce malheur.

Je sais que vous êtes libre, que je le suis, et que les choses sont d’une sorte que le public n’aurait peut-être pas sujet de vous blâmer, ni moi non plus, quand nous nous engagerions ensemble pour jamais.

Mais les hommes conservent-ils de la passion dans ces engagements éternels ? Dois-je espérer un miracle en ma faveur et puis-je me mettre en état de voir certainement finir cette passion dont je ferais toute ma félicité ? Monsieur de Clèves était peut-être l’unique homme du monde capable de conserver de l’amour dans le mariage.

Ma destinée n’a pas voulu que j’aie pu profiter de ce bonheur ; peut-être aussi que sa passion n’avait subsisté que parce qu’il n’en aurait pas trouvé en moi.

Mais je n’aurais pas le même moyen de conserver la vôtre : je crois même que les obstacles ont fait votre constance.

Vous en avez assez trouvé pour vous animer à vaincre ; et mes actions involontaires, ou les choses que le hasard vous a apprises, vous ont donné assez d’espérance pour ne vous pas rebuter.

-Ah ! Madame, reprit monsieur de Nemours, je ne saurais garder le silence que vous m’imposez : vous me faites trop d’injustice, et vous me faites trop voir combien vous êtes éloignée d’être prévenue en ma faveur.

-J’avoue, répondit-elle, que les passions peuvent me conduire ; mais elles ne sauraient m’aveugler.

Rien ne me peut empêcher de connaître que vous êtes né avec toutes les dispositions pour la galanterie, et toutes les qualités qui sont propres à y donner des succès heureux. Vous avez déjà eu plusieurs passions, vous en auriez encore ; je ne ferais plus votre bonheur ; je vous verrais pour une autre comme vous auriez été pour moi. J’en aurais une douleur mortelle, et je ne serais pas même assurée de n’avoir point le malheur de la jalousie.

Je vous en ai trop dit pour vous cacher que vous me l’avez fait connaître, et que je souffris de si cruelles peines le soir que la reine me donna cette lettre de madame de Thémines, que l’on disait qui s’adressait à vous, qu’il m’en est demeuré une idée qui me fait croire que c’est le plus grand de tous les maux.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles