Databac

AFFECTION 2 , substantif féminin.

Publié le 08/12/2021

Extrait du document

Ci-dessous un extrait traitant le sujet : AFFECTION 2 , substantif féminin.. Ce document contient 2174 mots. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système d’échange gratuit de ressources numériques ou achetez-le pour la modique somme d’un euro symbolique. Cette aide totalement rédigée en format pdf sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en : Dictionnaire

AFFECTION 2 , substantif féminin.

I.- Manière (particulière ou accidentelle) dont un être, une chose sont affectés ou modifiés (confer affecter2 ; le complément introduit par la préposition de
indique ce qui est affecté).

A.- Vieux .

- GÉOMÉTRIE. Modification, propriété d'une ligne, d'une figure. Affection d'une courbe :

Ø 1. Les points singuliers imaginaires ou à l'infini font partie des affections particulières des courbes,...

MICHEL CHASLES, Aperçu historique sur l'origine et le développement des méthodes en géométrie, 1837, page 250.

Remarque : DICTIONNAIRE GÉNÉRAL ET GRAMMATICAL DES DICTIONNAIRES FRANÇAIS (NAPOLÉON LANDAIS) 1834 signale ce sens avec l'exemple : "
cette courbe a telle affection "; il ajoute : " il a vieilli en ce sens "; Dictionnaire de l'Académie Française, Compléments 1842 précise que l'expression était employée
" par les anciens géomètres "; Grand dictionnaire universel du XIXe . siècle (Pierre Larousse) et DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE (ÉMILE LITTRÉ)
notent que cet emploi est " vieux ".

- LINGUISTIQUE :

Ø 2. Affection. Toute modification subie par un phénomène en vertu d'une loi phonétique : assimilation, dissimilation, apophonie, etc.

Lexique de la terminologie religieuse (JULES MAROUZEAU) 1933, page 19.

- PSYCHOLOGIE (ANCIENNE).

· État modificatif du corps, sensation :

Ø 3. En philosophie, on nomme affections les différentes qualités et les différens changemens qui surviennent à quelque corps, et dont on dit qu'il est
affecté.

ABBÉ CLAUDE-MARIE GATTEL, Nouveau dictionnaire portatif de la langue française, 1797.

Ø 4. Une odeur, comme une saveur, est une affection du sujet sentant, qui ne donne aucune représentation, qui n'implique ni ne détermine par elle-
même aucune connaissance de l'objet senti.

AUGUSTIN COURNOT, Essai sur les fondements de nos connaissances et sur les caractères de la critique philosophique, 1851, page 146.

· État modificatif de l'âme :

Ø 5.... nous considérons ici les affections de l'âme, non point en tant qu'elles produisent des changemens dans l'état des organes, ce qu'en effet elles
sont capables de faire, mais en tant qu'elles résultent elles-mêmes de ceux qu'ont déjà déterminés les habitudes physiques.

PIERRE CABANIS . Rapports du physique et du moral de l'homme , tome 2, 1808, page 4.

Ø 6. La morale est la connaissance des règles auxquelles il nous importe de conformer non-seulement nos actions, mais encore nos affections . Celles-ci
sont une portion si importante de notre manière d'être, que je m'étonne qu'aucun philosophe ne les ait comprises encore dans la définition de l'objet
essentiel de la morale. Nos affections, en effet, sont à nos actions ce que les idées sont aux mots. Le point essentiel, en morale comme en logique, est
que les premières soient bonnes.

JOSEPH JOUBERT, Pensées, tome 1, 1824, page 266.

B.- PSYCHOLOGIE (MODERNE). Modification qui affecte la sensibilité, sentiment, passion, etc. :

Ø 7. Comme les affections d'amour, de haine, de jalousie, d'enthousiasme, d'espérance, de regret, de joie et de tristesse sont les mêmes par les causes et
le développement en tout homme, qu'il soit noir, blanc ou jaune, comme les lois de l' action, coutume, habitude, savoir-faire, travail, persévérance, sont
les mêmes en tout homme, qu'il soit jaune, noir, ou blanc, ainsi l'intelligence est la même en tous,...

ÉMILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Propos, 1921, page 295.

Ø 8. Il n'y a pas de nom pour désigner le sentiment que nous avons d'une substance de notre présence, de nos actions et affections, non seulement
actuelles, mais à l'état imminent, ou différé, ou purement possible, - quelque chose de plus reculé, et pourtant de moins intime que nos arrière-
pensées : nous nous trouvons une capacité de modifications presque aussi variées que les circonstances environnantes.

PAUL VALÉRY, Variété V, 1944, page 70.

Ø 9. Affection : tout ce qui, dans nos pensées, dans nos projets, dans nos résolutions est marqué d'un degré quelconque d'amour ou de haine, de joie
ou de tristesse. La mélancolie est une affection, l'envie est une affection, la déception est une affection.

ÉMILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Définitions, [Les Arts et les dieux] , Paris, Gallimard, 1961 [1951] .

C.- Péjoratif, MÉDECINE. Modification qui affecte le corps en altérant la santé, maladie (considérée dans ses symptômes douloureux). " Affection nerveuse,
hystérique, aiguë, chronique " (Dictionnaire de l'Académie Française) :

Ø 10. En ma qualité de beau-frère de la défunte (elle est la soeur de ma femme), je me permettrai de vous demander (ne pensant pas commettre
d'indiscrétion), le nom de la maladie, de l' affection, du cas, si vous aimez mieux, qui vient de nous l'enlever si malheureusement?

PAUL REIDER, Mademoiselle Vallantin, 1862, page 189.

Ø 11. Il y a, murmura Laurent, des affections qui partent d'un petit furoncle ou d'une écorchure. Et elles s'étendent, elles s'étendent et on oublie le petit
bouton qui se trouvait à l'origine.

GEORGES DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Le Combat contre les ombres, 1939, page 222.

Ø 12. Sont considérées comme affections de longue durée la tuberculose, les maladies mentales, les affections cancéreuses, la poliomyélite et les
affections entraînant une interruption de travail ou des soins supérieurs à six mois.

Liaisons sociales . 18 novembre 1955, no. 1613, page 23.

II.- Manifestation du sentiment d'attachement d'un être (généralement humain) pour un autre être (le complément introduit par la préposition de indique l'être qui
éprouve une affection).

A.- [L'objet désigne une personne] Attachement intime et durable qu'une personne éprouve pour une autre personne (sans considération d'âge ni de sexe) :

Ø 13. Que faites-vous donc, toute la journée, Madame? Quelle affaire si importante vous ôte le temps d'écrire à votre bien bon amant? Quelle affection
étouffe et met de côté l' amour, le tendre et constant amour que vous lui avez promis? Quel peut être ce merveilleux, ce nouvel amant qui absorbe tous
vos instants, tyrannise vos journées et vous empêche de vous occuper de votre mari?

NAPOLÉON 1ER, Lettres à Joséphine, 1796, page 60.

Ø 14.... Malek Adhel, en se voyant l'objet d'un zèle si ardent et si pur, verse des larmes plus tranquilles, et la douce affection que l' amitié répand dans
son âme, y calme un moment les dévorantes ardeurs de la passion : depuis le départ de Mathilde, il goûte quelques instans d'un sommeil tranquille, et
c'est à la bienfaisante amitié qu'il le doit.

SOPHIE COTTIN, Mathilde, tome 2, 1805, page 16.

Ø 15. Affection. Sentiment désintéressé, moins vif que l' amour, et plus tendre que l' amitié.

Dictionnaire des gens du monde, 1818 .

Ø 16. Un vieux malicieux domestique, très fort en l'art vétérinaire, servait les chevaux et pansait Godefroid, car il avait été à feu Monsieur Beaudenord,
et portait à Godefroid une affection invétérée, cette maladie du coeur que les caisses d'épargne ont fini par guérir chez les domestiques.

HONORÉ DE BALZAC, La Maison Nucingen, 1838, page 609.

Ø 17.... le sentiment national devient un véritable intermédiaire entre l' affection domestique et l' amour universel.

AUGUSTE COMTE, Catéchisme positiviste, ou Sommaire exposition de la religion universelle, 1852, page 306.

Ø 18. Il était lui-même d'ailleurs composé de deux éléments en apparence incompatibles. Il était ironique et cordial. Son indifférence aimait. Son esprit se
passait de croyance et son coeur ne pouvait se passer d' amitié. Contradiction profonde; car une affection est une conviction. Sa nature était ainsi.

VICTOR HUGO, Les Misérables, tome 1, 1862, page 784.

Ø 19. Une même affection féminine peut-elle cumuler les caractères des diverses affections filiale, fraternelle, conjugale et maternelle? Je le crois.

HENRI-FRÉDÉRIC AMIEL, Journal intime, 20 avril 1866, page 253.

Ø 20. MONSIEUR. - Mais ma reconnaissance pour vous...

JEAN. - Mais je n'en veux pas.

MONSIEUR. - Pourquoi?

JEAN. - Mais parce que votre reconnaissance deviendrait vite de l'amitié... et, de l' amitié à l' affection, il n'y a qu'un pas.

MONSIEUR. - Nous le franchirons.

JEAN. - Non, Monsieur! Jamais!... Je ne veux pas devenir votre ami.

SACHA GUITRY, Le Veilleur de nuit, 1911, III, page 23.

Ø 21. Renée, écoutez-moi. Écoutez-moi, mon petit. Nous avons repris notre... notre intimité, c'est cela, le mot est bon, nous avons repris notre intimité
au point où nous l'avions laissée il y a trois ans. Mais aujourd'hui vous êtes mariée. Et notre... affection ne peut pas être la même qu'alors, ne doit pas...
c'est cette pensée qui nous gêne, n'est-ce pas?

MARCEL ARLAND, L'Ordre, 1929, page 298.

Ø 22. Il avait en outre une authentique peine du coeur, l' amour intéressé qu'il professait pour son oncle comportant une part d' affection véritable. On
ne comprend rien à la vie, tant qu'on n'a pas compris que tout y est confusion.

HENRI DE MONTHERLANT, Les Célibataires, 1934, page 895.

Ø 23. De l'attachement. Dès le second jour, de la confiance (elle vagabondait seule dans l'appartement, tous tiroirs ouverts). Dès le troisième jour, de
l'estime. Puis de la sympathie. Puis quelque chose entre l'attachement et l' affection, où il s'était stabilisé. Pas d' amour, bien entendu, et pas la moindre
jalousie pour ses nombreux usagers.

HENRI DE MONTHERLANT, Les Lépreuses, 1939, page 1438.

Ø 24. La plupart des affections ne sont que des habitudes ou des devoirs qu'on n'a pas le courage de briser.

HENRI DE MONTHERLANT, La Reine morte, 1942, II, 3, page 185.

Ø 25. Il pensait à moi, à mon « amour » qui, à son gré, durait trop; il me disait même que la chose la plus grave qui pût m'arriver serait que cet amour se
transformât en affection, et se trouvât ainsi tisser entre Gina et moi des liens moraux. « On a assez de choses à trancher dans la vie sans se créer
encore des devoirs d' affection ou des scrupules de morale. L' amour, au moins, ne se crée pas de devoirs. »

RAYMOND ABELLIO, Heureux les pacifiques, 1946, page 141.

- Par métonymie. La personne objet de l'affection :

Ø 26. Je t'aime par toutes les racines qu'il y a dans mon coeur. Je t'aime par nos quatre enfants. Écoute bien ceci, c'est la vérité devant Dieu, mon Adèle.
Tu as été la première et tu seras la dernière affection de ma vie.

VICTOR HUGO, Correspondance, 1836, page 548.

Ø 27. - Ma maman, ma protection, mon admiration et mon affection, ma maman à moi, tout petit, elle est absente pour cause de démêlés avec la
police...

LÉON FRAPIÉ, La Maternelle, 1904, page 298.

- THÉOLOGIE. au pluriel. Élans de l'âme vers Dieu dans la prière. «  L'oraison consiste plus dans les affections que dans la connaissance.  » ( Dictionnaire de
l'Académie française, Compléments . 1842) :

Ø 28. Mais toutes ces croyances et toutes ces tendres affections qui s'élançaient du coeur de l'homme de ces temps-là vers le ciel, se rencontraient et
se fixaient toutes sur une image suprême. Toutes ces pieuses traditions, les unes locales, les autres personnelles, s'éclipsaient et se confondaient dans
celles que le monde entier répétait sur Marie.

CHARLES, COMTE DE MONTALEMBERT, Histoire de Sainte Élisabeth de Hongrie, duchesse de Thuringe (1207-1231) introduction, 1836, page CI.

B.- [L'objet désigne une chose] Prédilection manifestée pour une chose :

Ø 29. Gavarni nous emmène tous trois dîner à son restaurant d' affection et d' habitude, la poissonnerie anglaise, où l'on est si mal et où il se trouve si
bien, parce que le maître lui raconte toutes les ruses des voleurs de plats d'argent et lui sert un dîner sans qu'il le demande.

EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, juin 1857, page 361.

Ø 30. - Écoutez-moi, Ski, attendez, je vais vous dire « une bonne chose », dit Cottard qui avait pris en affection cette expression usitée dans certains
milieux médicaux.

MARCEL PROUST, À la recherche du temps perdu, Sodome et Gomorrhe, 1922, page 892.

Remarque : 1. Lorsque la personne qui éprouve l'affection est explicitée, elle s'exprime par un adjectif possessif (exemple 21; confer aussi L.-E. Duranty, Le Malheur
d'Henriette Gérard, 1860, page 228), ou par un complément déterminatif (péroposition de). L'objet de l'affection s'exprime le plus souvent par un complément
prépositionnel (péroposition pour, rarement à) notamment dans les locutions verbales : avoir de l'affection pour quelqu'un, porter de l'affection à quelqu'un, se
prendre d'affection pour quelqu'un ou quelque chose. Dictionnaire de l'Académie Française 1798-1932 : Il n'a d'affection pour (ou à) rien. Avec objet direct : prendre
quelqu'un (ou quelque chose) en affection (exemple 30) :

Ø 31. Quand je jette les yeux autour de moi, dans cette chambre où j'ai dévoré ma tristesse pendant les mortelles semaines de l'hiver dernier, je me sens
pris d'une sorte d' affection pour ces murs qui m'ont abrité et qui ont vu ma peine.

JULIEN GREEN, Journal, 1942, pages 188-189.

Remarque : 2. La double construction affection de... à est vieillie (confer affectionner I B 2, s'affectionner à quelqu'un ou à quelque chose) :

Ø 32.... tu sais si je t'aime et si jamais affection plus grande a réuni deux âmes. Pour moi, je n'en crois rien; l' affection de mon coeur au vôtre est
incomparable.

JOSEPH ARTHUR COMTE DE GOBINEAU, Nouvelles asiatiques, L'Illustre magicien, 1876, page 98.

Remarque : 3. Les dictionnaires signalent l'expression d'affection au sens « avec chaleur, avec intérêt » : Il en parle d'affection ( Dictionnaire de l'Académie
Française 1798-1932). Cet emploi est vieilli, de même que celui qu'illustre l'exemple 29. En revanche est vivant l'emploi aimer d'affection (sincère), où le complément
sert à particulariser la compréhension trop pauvre (et donc l'extension trop large) du verbe aimer.

 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 5 243. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 11 063, b) 8 756; XXe. siècle : a) 5 435, b) 4 900.

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles