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Adolphe (1816)Chapitre PremierBenjamin ConstantJe venais de finir à vingt-deux ans mes études à l'université de Gottingue.

Publié le 22/05/2020

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« Adolphe (1816) Benjamin Constant Chapitre Premier Je venais de finir à vingt-deux ans mes études à l'université de Gottingue.

L'intention de mon père, ministre de l'électeur de ***, était que je parcourus les pays les plus remarquables de l'Europe.

Il voulait ensuite m'appeler auprès de lui, me faire entrer dans le département dont la direction lui était confiée, et me préparer à le remplacer un jour.

J'avais obtenu, par un travail assez opiniâtre, au milieu d'une vie très dissipée, des succès qui m'avaient distingué de mes compagnons d'étude, et qui avaient fait concevoir à mon père sur moi des espérances probablement fort exagérées. Ces espérances l'avaient rendu très indulgent pour beaucoup de fautes que j'avais commises.

Il ne m'avait jamais laissé souffrir des suites de ces fautes.

Il avait toujours accordé, quelquefois prévenu mes demandes à cet égard. Malheureusement sa conduite était plutôt noble et généreuse que tendre.

J'étais pénétré de tous ses droits à ma reconnaissance et à mon respect.

Mais aucune confiance n'avait existé jamais entre nous.

Il avait dans l'esprit je ne sais quoi d'ironique qui convenait mal à mon caractère.

Je ne demandais alors qu'à me livrer à ces impressions primitives et fougueuses qui jettent l'âme hors de la sphère commune, et lui inspirent le dédain de tous les objets qui l'environnent.

Je trouvais dans mon père, non pas un censeur, mais un observateur froid et caustique, qui souriait d'abord de pitié, et qui finissait bientôt la conversation avec impatience.

Je ne me souviens pas, pendant mes dix-huit premières années, d'avoir eu jamais un entretien d'une heure avec lui.

Ses lettres étaient affectueuses, pleines de conseils, raisonnables et sensibles ; mais à peine étions-nous en présence l'un de l'autre qu'il y avait en lui quelque chose de contraint que je ne pouvais m'expliquer, et qui réagissait sur moi d'une manière pénible. Je ne savais pas alors ce que c'était que la timidité, cette souffrance intérieure qui nous poursuit jusque dans l'âge le plus avancé, qui refoule sur notre c œur les impressions les plus profondes, qui glace nos paroles, qui dénature dans notre bouche tout ce que nous essayons de dire, et ne nous permet de nous exprimer que par des mots vagues ou une ironie plus ou moins amère, comme si nous voulions nous venger sur nos sentiments mêmes de la douleur que nous éprouvons à ne pouvoir les faire connaître.

Je ne savais pas que, même avec son fils, mon père était timide, et que souvent, après avoir longtemps attendu de moi quelques témoignages d'affection que sa froideur apparente semblait m'interdire, il me quittait les yeux mouillés de larmes et se plaignait à d'autres de ce que je ne l'aimais pas. Ma contrainte avec lui eut une grande influence sur mon caractère.

Aussi timide que lui, mais plus agité, parce que j'étais plus jeune, je m'accoutumai à renfermer en moi-même tout ce que j'éprouvais, à ne former que des plans solitaires, à ne compter. »

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