ABOU NOWAS
Publié le 17/05/2020
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«
A
ABOU NOWAS
162?- 810?
LE nom d'Abou Nowâs éveille-t-il quelque image précise chez l'Européen du xxe siècle? Parmi
tant de poètes arabes d'avant ou d'après le prophète, toujours lus et admirés en Orient, il est un
des rares qui, chez nous, aient été sauvés de l'oubli.
Mais cette notoriété est due moins à la connais
sance
directe de son œuvre qu'à celle du folklore oriental.
Le poète antéislamique Antara est
surtout connu des Occidentaux par l'avatar qu'il a subi en devenant, sous le nom d'Antar, le
héros
d'un roman de chevalerie.
De même, tout lecteur des Mille et Une Nuits -aussi bien
l'enfant qui fait sa joie de la version de Galland, que l'adulte qui fait ses délices d'autres traduc
tions, plus complètes et souvent plus savoureuses, et dont l'une est une « belle infidèle » - se
rappelle le personnage d'Abou Nowâs, qui, dans le cycle bagdadien de ces contes, est le bouffon
attitré et le compagnon d'escapades nocturnes du légendaire khalife Haroun ar-Rachîd, avec le
vizir
Djaafar et Masrour, le Porte-Sabre.
Qui ne se souvient du poète bon vivant que son souverain
fait
arracher aux mauvais lieux où il faisait des vers sur un mignon, émule de Frégoli, et qui iui
fait composer sur-le-champ un poème en l'honneur de la jeune esclave qu'il venait de découvrir,
dormant nue dans un pavillon de son palais? Qui ne connaît l'aventure du khalife qui, ravi de
la beauté d'une servante qu'il avait surprise sans voile au bain, fournit à Abou Nowâs un vers,
à
charge pour lui de le compléter aussitôt par un poème en l'honneur de la belle? Qui a oublié
la joute poétique où Abou Nowâs triomphe de deux confrères, invités comme lui à improviser
des pièces
de vers finissant par le proverbe, bien décevant, par lequel une délicieuse esclave avait
éconduit Haroun ar-Rachîd? Nombre de vers de notre poète, et pas toujours des plus édifiants,
sont cités, à l'occasion, dans d'autres contes du célèbre recueil.
La légende n'a pas fini de se déve
lopper autour d'Abou Nowâs : dans la littérature populaire de l'Orient contemporain, notre
personnage continue à vivre sous le nom d'Abou-n-Nawwâs.
Par-delà la légende, ne peut-on remonter à un Abou Nowâs authentique? Que sait-on de
sa vie? Quelle valeur littéraire reconnaître à son œuvre?
A VRAI dire, sa biographie est pleine d'incertitudes.
Les dates mêmes de sa naissance et de sa
mort sont mal connues : on flotte, pour l'une, entre 130 et 145 de l'hégire (747 et 762 de notre
ère), pour l'autre, entre 195 et 199 (8ro et 814).
Son nom complet (les noms arabes sont de vraies généalogies) est Abou Ali al-Hassan,
fils de Hâni, fils de Abd ai-Awwal, fils de as-Sabbâh, le Hakamite, mais son surnom d'Abou
Nowâs « l'homme à la tresse » prévalut sur ces autres noms.
Bibl.
Nat., Paris.
Photo S.P.B.N.
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,.
ct.
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