Databac

abaissé ABAISSÉ, -ÉE, participe passé et adjectif.

Publié le 06/12/2021

Extrait du document

Ci-dessous un extrait traitant le sujet : abaissé ABAISSÉ, -ÉE, participe passé et adjectif. . Ce document contient 0 mots. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système d’échange gratuit de ressources numériques ou achetez-le pour la modique somme d’un euro symbolique. Cette aide totalement rédigée en format pdf sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en : Dictionnaire

 abaissé

ABAISSÉ, -ÉE, participe passé et adjectif.  

S'emploie adjectivement dans les mêmes conditions sémantiques que abaisser : au sens propre, dans l'acception générale ou dans une acception technique, en parlant d'une chose; au figuré, en parlant d'une personne ou d'une chose. 

I.—  Sens propre (domaine de l'espace, etc.) 

A.—  Acceptions et domaine d'application communs à l'adjectif et au verbe (Confer abaisser, exemples 12 et 13) : 

Ø 1. On forme avec le noir toutes les nuances sombres, que l'on indique souvent comme nuances abaissées, et qui vont du ton saturé au noir.

GIUSEPPE OVIO, La Vision des couleurs,  1932, page 189. 

B.—  Acceptions et domaines d'application propres à l'adjectif. 

1. BOTANIQUE.  Se dit quelquefois de la lèvre inférieure d'une corolle labiée, quand elle forme un angle presque droit avec le tube (Dictionnaire de l'Académie Française, Compléments 1842). 

2. GÉOLOGIE.  lèvre abaissée désigne \" l'ensemble des couches qui se trouvent sur le bord affaissé d'une faille. \" (Larousse du XXe.  siècle en six volumes) (Confer abaissement, sémantique I B 1). 

3. HÉRALDIQUE.  Se dit du vol des oiseaux, quand leurs ailes sont pliées, ou que l'extrémité en est dirigée vers la pointe de l'écu; du chevron, du pal, de la bande, quand la pointe finit au coeur de l'écu, ou au-dessous, et ne monte pas plus haut, et, en général, de toutes les pièces de l'écu qui se trouvent au-dessous de leur situation ordinaire : 

Ø 2. Il porte d'argent au lion léopardé de sable, armé, lampassé et couronné de gueules, à la queue nouée, fourchue et passée en sautoir, abaissé sous un chef d'azur à trois pesants d'or.

JULES SANDEAU, Sacs et parchemins,  1851, page 3. 

II.—  Au figuré (domaine moral) : 

Ø 3.... toute heureuse floraison des lettres et des arts dépend de deux forces génératrices : le génie individuel et un public suffisamment élevé, éclairé, sensible. Que le public manque, c'est-à-dire qu'il soit trop abaissé ou trop épaissi de culture, trop indifférent aux plaisirs de l'esprit et de l'imagination, trop inapte à y faire la différence du délicat et du grossier, les arts privés de ce salutaire contact humain poursuivent leur oeuvre de travers... etc.

HENRI MASSIS, Jugements, tome 2, 1924, page 261. 

Remarque : On rencontre, notamment chez Chateaubriand, l'emploi du participe passé abaissé au lieu de l'adjectif bas :

4. Au moment de disparaître, elle s'est arrêtée; elle a jeté un dernier regard sur l'étranger; puis inclinant la tête pour passer avec sa hotte sous une porte abaissée, elle est entrée dans une chaumière, comme un petit chat sauvage se glisse dans une grange parmi des gerbes.

F.-R. DE CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 4, 1848, page 293. 

 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 384. Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) 637, b) 627; XXe.  siècle : a) 409, b) 506. 

 

Forme dérivée du verbe \"abaisser\"

 abaisser

ABAISSER, verbe transitif.  

I.—  Sens propre.  [En parlant d'une descente dans l'espace]  et par extension ou analogie.   [d'une baisse de l'importance, de la quantité, de l'intensité, de la valeur physique, physiologique ou économique] 

A.—  Emploi transitif.  [L'objet est normalement un nom de chose; le sujet est le plus souvent un nom d'être animé, plus rarement un nom de chose]  Faire descendre (une chose) à un niveau inférieur (considéré comme un terme provisoire ou définitif). 

1. Acception générale : 

Ø 1. Pour en revenir à ce que nous disions, il s'était adossé à la fenêtre ouverte, et dans le cadre rond de sa glace, qu'il haussait, abaissait, puis rehaussait encore, de façon que pas un seul trait de son sympathique physique n'échappât à son inspection, il se renvoyait des grimaces.

GEORGES MOINAUX, DIT GEORGES COURTELINE, Le Train de 8 h 47,  1888, page 12. 

Ø 2. Appuyer et charger (les rideaux, plafonds, herses, etc.) appartiennent à la technologie du machiniste; le premier terme signifie : enlever; le second : abaisser.

GEORGES MOYNET, La Machinerie théâtrale,  1893, page 40. 

Ø 3. Au surplus, un moraliste moderne, et des plus révérés, a nettement approuvé les juges qui, bons gardiens des intérêts de la terre, ont condamné Socrate; chose qu'on n'avait pas encore vue chez les éducateurs de l'âme humaine depuis le soir où Criton abaissa les paupières de son maître.

JULIEN BENDA, La Trahison des clercs,  1927, page 131. 

Ø 4. Elle [Sara] recule de nouveau pas à pas, la tête cachée entre ses bras. Puis elle tourne lentement sur elle-même, relevant et abaissant ses deux bras croisés comme pour un geste d'exorcisme, comme si elle était entourée d'un cercle de figures menaçantes.

PAUL CLAUDEL, L'Histoire de Tobie et de Sara,  1940, II, 3, page 1244. 

Remarque : 1. Abaisser s'emploie notamment pour exprimer une action plus décidée ou plus calculée. 2. Parmi les groupes associatifs le plus fréquemment rencontrés dans les textes des XIXe.  et XXe.  siècle et dont l'existence est déjà attestée dans les dictionnaires, il y a lieu de noter ceux où l'objet du verbe est un nom désignant la direction des yeux, du regard (confer aussi l'exemple 3) : 

Ø 5. Ne bougeant pas volontiers ma tête en ce moment et éprouvant un grand plaisir à garder une position une fois que je l'avais prise, je restai à tenir le volume de Mme.  de Sévigné sans l'ouvrir, et je n'abaissai pas sur lui mon regard qui n'avait devant lui que le store bleu de la fenêtre.

MARCEL PROUST, À la recherche du temps perdu, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, 1918, page 652. 

Ø 6. Alors j'abaissai moi-même les yeux vers le pied du mur, et je fis un bond!

ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY, Le Petit prince,  1943, page 486. 

2. Acception technique et domaines d'application particuliers.  [Sert de 1er.  terme à diverses locutions dans de nombreuses scientifiques ou techniques : arithmétique, chirurgie, marine, jardinage, pâtisserie. On donnera quelques échantillons de locutions pour lesquelles la documentation fournit des exemple; pour les autres, confer historique] 

—  GÉOMÉTRIE : 

Ø 7. On nomme distance d'un point à un plan, la longueur de la perpendiculaire abaissée de ce point sur le plan...

JACQUES HADAMARD, Leçons de géométrie élémentaire, Géométrie dans l'espace, tome 2, 1921, page 23. 

Confer abaisser, historique II A 1 b. 

—  MÉDECINE.  Diminuer la résistance physique. 

·    Emploi transitif : 

Ø 8. Peut-être qu'en coupant les [nerfs] vagues à des animaux déjà abaissés physiologiquement on aurait moins de chance de les faire mourir.

CLAUDE BERNARD, , Cahier de notes (1850-1860),  1860, page 161. 

·    Emploi absolu (exemple unique dans la documentation) : 

Ø 9. Au point de vue thérapeutique, abaissement de l'organisme et repos ou diminution des causes d'excitation; l'oxygène et la chaleur sont des causes d'action parce qu'ils affaiblissent le corps; alors la réparation organique revient. Les médicaments abaissent, c'est-à-dire rendent malade inversement. L'abaissement organique me paraîtrait le grand principe thérapeutique vital.

CLAUDE BERNARD, Principes de médecine expérimentale,  1878, page 165. 

—  MUSIQUE : 

Ø 10. Il [l'artiste] abaissera ou élèvera certains passages... pour les ajuster à ses moyens...

MANUEL GARCIA, Traité complet de l'art du chant,  1840, page 70. 

Ø 11.... on appelle accidents... des signes employés dans l'écriture musicale pour indiquer les différentes modifications ou altérations que l'on fait subir à l'intonation d'une note en l'élevant ou en l'abaissant...

Dictionnaire général de l'art musical (PAUL ROUGNON)  1935, page 13. 

—  PEINTURE.   [Théorie et utilisation des couleurs] :

Ø 12. Mettre du noir à côté d'une couleur, c'est en abaisser le ton; dans quelque (sic) cas, c'est l'appauvrir.

EUGÈNE CHEVREUL, De la loi du contraste simultané des couleurs, 1839, page 198. 

Ø 13. Des vêtements de couleur proprement dite peuvent par contraste rehausser ou abaisser la couleur du visage.

GIUSEPPE OVIO, La Vision des couleurs,  1932, page 381. 

B.—  Emploi réfléchi.  [Le sujet est un nom de personne, exceptionnellement un nom de chose]  Descendre à un niveau inférieur (considéré comme un terme provisoire ou définitif) : 

Ø 14. Les colons s'étaient encore abaissés d'une cinquantaine de pieds suivant la perpendiculaire, quand leur attention fut attirée par des sons éloignés qui venaient des profondeurs du massif.

JULES VERNE, L'Île mystérieuse,  1874, page 165. 

Ø 15. Selon les paroles du texte [de la neuvième symphonie] , le thème s'abaisse, puis s'élève et plane longuement, immobile, à l'aigu des voix et des instruments.

JEAN CHANTAVOINE, Les Symphonies de Beethoven,  1932, page 270. 

Ø 16. Que de forces ne pensions-nous pas assoupies pour toujours dans la nature, qu'une analyse plus minutieuse a prouvées être toujours en action! l'écorce terrestre n'a pas fini de se soulever ou de s'abaisser sous nos pieds.

PIERRE TEILHARD DE CHARDIN, Le Phénomène humain,  1955, page 100. 

Ø 17. Le prix s'élevant ou s'abaissant, le nombre des firmes dans l'industrie s'élève ou s'abaisse aussi et l'offre est égalée à la demande par une adaptation automatique.

FRANÇOIS PERROUX, L'Économie du XXe.  siècle, 1964, page 401. 

II.—  Au figuré. 

A.—  Emploi transitif.  [Le sujet et l'objet désignent une personne ou l'activité, la qualité, etc., d'une personne]  Faire descendre à un niveau inférieur la valeur attachée à une personne, ou à son activité, aux qualités qu'elle s'attribue, etc. (l'accent est mis sur l'infériorité du niveau) : 

Ø 18. Les vierges folles m'apparaissent ainsi : vers la porte et le passage, l'abaissée et abattue, dégradée, tourne à la bête; l'orgueilleuse, dressée sur la hanche, triste et satanique;...

JULES MICHELET, Journal,  juin 1842, page 418. 

Ø 19. Ce n'est pas seulement notre force morale qui était amoindrie. Ce n'était pas simple affaire d'imagination. Nous étions réellement abaissés de valeur dans l'appréciation de l'univers. Un Allemand comptait plus que nous. Les Italiens, les Espagnols, les Argentins eux-mêmes, tous inclinés d'instinct vers la France, secouaient la tête, nous disaient : « Prenez garde, ces Allemands sont si forts ».

MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 11, juillet 1914-février 1917. page 99. 

Ø 20. Je voudrais que, dans mon récit, cette humilité resplendisse, comme elle resplendira devant Dieu le jour où seront abaissés les puissants, où seront magnifiés les humbles.

ANDRÉ GIDE, Si le grain ne meurt,  1924, page 364. 

Ø 21. Je comprends la signification profonde de l'humilité exigée de l'individu. Elle ne l'abaissait point. Elle l'élevait. Elle l'éclairait sur son rôle d'ambassadeur.

ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY, Pilote de guerre,  1942, page 375. 

—  Emploi absolu : 

Ø 22. Sachez que je suis là. J'abaisse et j'humilie;

Je tiens, je tords, je courbe, et je lie et délie

La vague adriatique et le vent syrien;

Je suis celui qui prouve à tous qu'ils ne sont rien;...

VICTOR HUGO, La Légende des siècles, tome 3, 1877, page 332. 

Remarque : Domaine du sport (athlétisme).  Abaisser un record « diminuer le temps d'une performance » et donc l'améliorer. D'où renversement de la valeur stylistique du verbe. 

B.—  Emploi réfléchi.  [Le sujet est un nom de personne] 

1. [Sans complément indiquant une action] (Se décider, consentir, se laisser aller à) faire descendre à un niveau inférieur la valeur attachée à sa propre personne : 

Ø 23. Oh! Ne parlons pas de contempler; c'est l'état du ciel, des bienheureux. Nous, pauvres pêcheurs, c'est beaucoup de savoir nous abaisser devant Dieu pour gémir de nos misères et lui confesser nos fautes.

EUGÉNIE DE GUÉRIN, Journal intime,  1838, page 216. 

Ø 24. Qu'est-ce que ça leur fait, aux sociétaires? Je comprends l'idée de Thierry en sa qualité d'homme officiel, et, à sa place, j'en eusse fait tout autant Mais en acceptant tu t'abaisses et, tranchons le mot, tu te dégrades. Tu perds ta balle de « poète pur », d'homme indépendant Tu es classé, enrégimenté, capturé. Jamais de politique, n... de d...! Ça porte malheur et ça n'est pas propre.

GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance,  1860, page 367. 

Ø 25. 17 février. Les pages que j'écrivais hier indigneront certains (s'ils viennent à les lire). Ils taxeront de forfanterie ma franchise; mettons : mon cynisme, pour leur accorder quelques points. Mais je suis bien résolu à ne me laisser imposer par eux non plus hypocrisie que silence. Je ne veux ni m'abaisser, ni me surfaire et ne prétends qu'au naturel.

ANDRÉ GIDE, Carnets d'Égypte,  1939, page 1062. 

Ø 26. Il se rappelait un vieux mot de Josette et il pensait : « La célébrité aussi est une humiliation ». S'exhiber, c'est toujours se livrer, c'est s'abaisser.

SIMONE DE BEAUVOIR, Les Mandarins,  1954, page 369. 

Remarque : 1. Notamment dans l'emploi religieux (exemple 23), un complément introduit par la préposition devant indique la personne (Dieu) à laquelle on se compare et dont l'élévation est cause de l'abaissement en question. 2. Suivant le contexte, s'abaisser est pris en bonne ou en mauvaise part; un contexte mystique (généralement chrétien) en fait une vertu (exemple 23), un contexte humaniste (exemple 24, 25, 26) le rapproche de se dégrader. 

2. [Avec un complément substantif, généralement d'action, ou infinitif, précédés de à ou jusqu'à]  Consentir à (se laisser aller à) descendre du niveau (moral, intellectuel) auquel on se tient habituellement, pour faire une chose : 

Ø 27. Dans le groupe de la famille (c'est-à-dire au milieu de ces relations que je ne me suis pas faites moi-même), j'ai péché : par pensée (les péchés par pensées sont les plus graves, car la pensée est l'homme même); c'est ainsi que je m'abaissai jusqu'à avoir des préjugés sur les situations sociales et que je respectai malgré tout celui qui avait réussi.

MAURICE BARRÈS, Un Homme libre,  1889, page 51. 

Ø 28. On eût dit que son malheur remuant les profondeurs de son être, comme une eau vaseuse, en faisait sortir des choses informes, qui grouillaient. Jalousie d'abord, et révolte de tout son corps, de tout son coeur, quand elle le voyait au bras d'une autre, dépit d'être abandonnée, mais surtout une immense désillusion, car il s'abaissait jusqu'à cette fille à soldats.

ÉMILE MOSELLY, Terres lorraines,  1907, page 95. 

Ø 29. CHATOV. —  Elle peut du moins être utile à l'espion et au coquin que tu es. Sois donc satisfait. Je ne m'abaisserai pas à répondre à ton ignoble question.

ALBERT CAMUS, Les Possédés, adapté de Fédor Dostoïevski, 1959, page 1053. 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 1 459. Fréquence relative littéraire : XIXe s : a) 2 621, b) 2 429; XXe.  siècle : a) 1 646, b) 1 671. 

 

Liens utiles