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A une heure du matin - Le Spleen de Paris de BAUDELAIRE

Publié le 09/12/2021

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• Ce poème en prose a été publié avec vingt autres dans la Presse, le 27 août 1862, puis introduit après la mort de BAUDELAIRE dans le Spleen de Paris. Ce recueil, composé de cinquante poèmes, et publié en 1869, confère un éclat exceptionnel à un genre assez nouveau : le poème en prose. De la préface à Arsène HOUSSAYE, citons le fameux paragraphe : Quel est celui de nous qui n'a pas, dans ses jours d'ambition, rêvé le miracle d'une prose poétique, musicale sans rythme et sans rime, assez souple et assez heurtée pour s'adapter aux mouvements lyriques de l'âme, aux ondulations de la rêverie, aux soubresauts de la conscience? • Il existe dans les Fleurs du mal et dans le Spleen de Paris un « cycle de l'examen de conscience », cycle auquel se rattache évidemment ce poème. On pourra se reporter aux Fleurs du mal : « l'Examen de minuit », « la Fin de la journée », « le Goût du néant », « l'Horloge », « l'Imprévu », « l'Irrémédiable », « l'Irréparable », les pièces du Livre du spleen, etc. Dans ce cycle, il s'agit tantôt d'un examen général, tantôt du retour sur un défaut particulier (la paresse, par exemple). Lecture : « l'Examen de minuit », « la Fin de la journée ». • En 1860-1862, BAUDELAIRE traverse une période particulièrement sombre de sa vie : sa santé s'est délabrée. Les soucis d'argent l'assaillent. A ces ennuis s'ajoutent les chagrins d'une demi-rupture avec sa mère et de la séparation d'avec Jeanne Duval (début 1862).

« IntroductionL'oeuvre de BAUDELAIRE est jalonnée de bilans, de retours de l'artiste sur lui-même.

Le Spleen de Paris contient l'un d'entre eux, « A une heure du matin », écrit au cours d'une des périodes les plus sombres de cette brève existence : à quarante ans, l'homme qui compose ce poème sait sa santé délabrée.

Sansressources, il a de surcroît le chagrin de se sentir inc ompris de sa mère et séparé définitivement d'une femme qu'il a beaucoup aimée, Jeanne D uval. BAUDELA IRE est bien trop profond pour s'en tenir à un plat bilan moral.

Sa méditation, après avoir ass umé de façon personnelle le thème romantique del'opposition de l'artiste et du monde, prend une orientation religieuse qui ne laisse pas d'intriguer le lecteur attentif. Esquisse d'un développementI.

Un examen de conscience baudelairien 1.

Examen de conscience. Le schéma de l'examen traditionnel y atteint sa plus grande netteté : recueillement, bilan, résolutions et prière.a.La forme elle-même reproduit le caractère de catalogue de ces récapitulations.

Le vocabulaire et les tours (chapelet d'infinitifs) sont ceux dugenre.b. 2.

Originalité de l'examen baudelairien. Vivacité du compte rendu : détails concrets, frémissements de l'auteur.a.Présence secrète du grand remords de BA UDELAIRE : n'avoir pas travaillé, n'avoir pas créé (cf.

« la Muse malade », « le M auvais Moine ».

Aufond, tous les traits de cette journée auraient été oubliés si le poète avait seulement créé quelques beaux vers .

BAUDELA IRE se sait plein de talents : génie poétique, sûreté du dessin (c f.

la demande de la sauteuse), perspicacité critique.

Or, il se galvaude pour tuer le temps, ce temps si précieux. b. Transition : A u fond, comme le moine, l'artiste doit fuir la futilité du monde, s'il veut être lui-même et créer. II.

L'artiste et le monde 1.

Bêtise du monde.

De nombreux écrivains ont exprimé leur solitude aumilieu de leurs semblables, de V IGNY à FLA UBERT.

A u temps de BA UDELAIRE,la Bêtise au front de taureau (« l'Examen de minuit ») atteint un paroxysme (procès BA UDELA IRE, FLA UBERT, et, en 1874, BA RBEY D'AUREV ILLY , etc.). Monsieur Homais, dans Madame Bovary, semble, à certains égards, un concentré des divers personnages dépeints ici.

BA UDELAIRE fait preuve d'un don de satirique, lorsqu'il fustige les « hommes de lettres » (la parenthèse sur la Rus sie claque comme un coup de fouet), les tenants de l'ordre moral, les femmes-perruches... 2.

Compromiss ion d'un artiste.

BA UDELAIRE est bien plus réellementhumain que C hatterton.

Ce dernier était un peu trop pur.

Ic i, l'écrivainavoue qu'il se laisse trop souvent aller à pactiser avec la vulgarité du monde. Il joue la comédie des signes d'amitié du monde : il a beau, comme A lceste, sentir le prix de ces signes, il s'abaisse à serrer la main du premiervenu.a. Il a préféré le paraître à l'être (fin du paragraphe 3).b. 3.

Supériorité du dandy.

BA UDELAIRE n'a pas la force d'âme du Moïse de V IGNY.

Incapable d'impos er son as cendant aux gens qu'il rencontre, il se laisseentraîner.

Mais cela ne l'empêche pas de mépriser tous ces médioc res (rappeler la remarque cinglante sur les gants), et le poème s'achèvera surl'expression de ce dédain : ceux que je méprise.

Ici se retrouve la tonalité des « T ableaux parisiens » (deuxième sec tion des Fleurs du mal).

L'évocation de la tyrannie de la face humaine rappelle le poème goyesque, « le Jeu », où l'artis te déchiffre comme un livre ouvert tous les visages humains.

O n pense aussi aux tableaux d'Henri Michaux, avec ces têtes rongées de lèpre qui prennent des apparences simiesques, porcines...Transition : C ette opposition ou cette amère complicité de l'artiste et du monde rendraient un son assez grinçant, si le silenc e et la douceur de la nuitn'introduisaient leur apaisement dans la conscience de l'écrivain. Ill.

L'atmosphère religieuse 1.

Douceur de la solitude nocturne.

O n retrouve ici les sentiments de « Recueillement » : le poète se détourne avec dégoût de la multitude vile, de cette foule qui Va cueillir du remords dans la fête servile. Alors que les ténèbres de l'hiver ou de l'orage enseveliss ent BAUDELA IRE dans l'angoiss e, la nuit est pour son cœur toute douc eur.

Elle est la douce nuit qui marche, sorte de fée bienveillante qui guérit des brûlures et purifie des saletés du jour.

Les bruits du monde, symbolisés par les fiacres, s'abolissent (noter les sonorités suggestives).

C 'est dans cette douce nuit que, peu à peu, va s e faire entendre une sorte de chant. Baudelaire et le Christ au jardin des Oliviers.

Comme tous les grands poètes romantiques , BAUDELA IRE retrouve pour exprimer sa solitude et, sa fatigue les plaintes du C hrist dans la nuit qui précéda sa P assion.

A la fin de son premier paragraphe, il se rappelle le premier verset du Mystère de Jésus, de PASCAL : Jésus souffre dans s a passion les tourments que lui font les hommes ; mais dans l'agonie il souffre des tourments qu'il se donne à lui- même : «Turbare semetipsum».Dans la scène évangélique et dans la vie de l'artiste règne le même silence nocturne, pèse la même solitude.

Et les tableaux des peintres ontstigmatisé ces faces hideuses de la soldatesque et des clercs (Jordaens , etc.), tyrannie île la face humaine autour de l'homme supérieur qui ne se défend pas (le Greco). 2. Vocabulaire de la mystique (voir la Préparation du commentaire).

La prière finale est d'une admirable plénitude (beauté des mots, enlacement par le rythme).3. Ambiguïté de la religion baudelairienne.

L'abondance des termes religieux, le souvenir du C hrist souffrant, le désir de se racheter, l'appel à l'intercession, la demande d'être purifié du mensonge, l'invocation à Dieu (comme dans « Mademoiselle Bistouri », autre poème du Spleen de Paris), tout cela pourrait conduire à voir en BAUDELAIRE ce catholique qu'il rêva d'être, dit-il, tout au long de ces années 1860-1865. 4. Mais le ton de la satire, le mépris affirmé des autres hommes, le souci d'avoir une orgueilleuse idée de soi-même, la hantise de la création esthétiquerévèlent aisément le dandysme profond de l'artis te.

Cet examen général d'une journée baudelairienne rajeunit la c onfession lyrique si chère au romantisme : l'analyse est plus aiguë, la cruauté contre soi-même règne, les coups de fouet de la s atire claquent.

Aucun poème, peut-être, n'est plus caractéristique du dandysme c atholicisant de BAUDELAIRE, et sicelui-ci rend un son si déchirant, c'est que l'artis te ne put être ni dandy (de par sa pauvreté) ni catholique.Mais ce moment de dépression a produit, en réalité, le poème admirable (quelques beaux vers ) dont rêvait BAUDELA IRE.

L'art a peut-être, ce s oir-là, changé en joie le dégoût des premiers moments.. »

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