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PATRIE

PATRIE, n.f. (lat. pater «père», d’où terra patria «terre paternelle», abrégé en patria). ♦ 1° Le pays natal, la terre de nos pères, être physique inscrit dans la réalité géographique. ♦ 2° Étant «terre de nos pères», c'est aussi un être moral et spirituel : une communauté de valeurs, d'idéaux, enracinés dans l'histoire, à laquelle on est prêt à sacrifier sa vie, s'il le faut (Socrate, injustement condamné à mort, ne veut pas fuir sa patrie : v. dans le Criton, 50-55) ; sinon, il ne reste qu'une institution provisoire, fragile, à la merci de la première violence extérieure. «Avoir des gloires communes dans le passé, une volonté commune dans le présent ; (..) voilà les conditions essentielles pour être un peuple. On aime en proportion des sacrifices qu'on a consentis, des maux qu'on a soufferts. On aime la maison qu'on a bâtie et qu’on transmet. Le chant Spartiate : “Nous sommes ce que vous fûtes ; nous serons ce que vous êtes” est dans sa simplicité l'hymne abrégé de toute patrie» (Renan). «La patrie est une société naturelle, ou, ce qui revient absolument au même, historique. Son caractère décisif est la naissance. On ne choisit pas plus sa patrie — la terre de ses pères — que l'on choisit son père et sa mère.» (Maurras). De là le refrain de l'hymne national français.
Patrie. Patriotisme Le mot patrie désigne tantôt la terre natale, tantôt la communauté nationale à laquelle on appartient. Le patriotisme est l’amour de la patrie, accompagné du sentiment des devoirs que l’on a envers elle. 1 Thème du pays natal (liens sentimentaux et charnels): Charles d’Orléans, Poésies; Du Bellay, Les Regrets; Verhaeren, Toute la Flandre; Péguy, Victor-Marie, comte Hugo. 2 Thème politique de la patrie. a) Au XVIIIe siècle, les philosophes superposent à l’idée de patrie la république des Lumières et opposent au patriote d’esprit étroit le citoyen de l’univers : Voltaire, Dictionnaire philosophique. b) La Révolution française renforce l’idée traditionnelle de patrie en substituant à la subordination des sujets à l’égard du souverain la notion de devoir civique à l’égard de la France (décret sur la patrie en danger, 11 juillet 1792) : Hugo, Quatrevingt-Treize; France, Les Dieux ont soif. c) Au XIXe siècle, la restauration de la monarchie française par les souverains d’Europe appliqués à effacer les traces de la Révolution de 1789 a deux effets : - La légende de Napoléon bénéficie de la réaction de l’orgueil patriotique contre l’étranger. - La patrie devient un thème essentiel de l’idéal républicain : Michelet, Le Peuple, Histoire de France; Hugo, Châtiments. Ce patriotisme est conçu non pas comme le rival, mais comme le serviteur de l’idéal humanitaire de fraternité : cf. France, 2, b. d) À la fin du XIXe siècle, la défaite de 1870 ayant avivé le nationalisme, la patrie et le patriotisme deviennent des thèmes politiques majeurs ; la littérature reflète ces préoccupations : Zola, La Débâcle; Martin du Gard, Jean Barois (affaire Dreyfus). Des écrivains cherchent à s’élever au-dessus des passions patriotiques étroites : Rolland, Jean-Christophe. e) Ce dernier effort se poursuit après la guerre de 1914 : Martin du Gard, Les Thibault; Romains, Les Hommes de bonne volonté. f) La guerre de 1939-1945 a rendu momentanément la priorité au patriotisme traditionnel : cf. France, 2, e. Résistance. Depuis la Seconde Guerre mondiale, l’évolution du monde a conduit à concevoir des solidarités et des devoirs à un autre niveau que celui de la patrie : cf. Europe, 2.

PATRIE EN DANGER (LA). Lors de la Révolution française, décret proposé dès le 3 juillet 1792 par Vergniaud à l'Assemblée législative après l'invasion des Prussiens. Il fut adopté le 11 juillet, et l'Assemblée décida aussi la levée de 50 000 volontaires de la garde nationale.


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