PASCAL : L'IMAGINATION, MAÎTRESSE D'ERREUR
PASCAL : L'IMAGINATION, MAÎTRESSE D'ERREUR
La critique classique de l'imagination, développée notamment par Descartes, Pascal et Spinoza, voit dans celle-ci une reproduction de l'apparence trompeuse des choses : l'imagination n'est qu'une connaissance confuse et troublée, d'autant plus dangereuse qu'elle tend à dominer l'esprit tout entier.
« Imagination — C’est cette partie dominante dans l’homme, cette maîtresse d’erreur et de fausseté, et d’autant plus fourbe qu’elle ne l’est pas toujours ; car elle serait règle infaillible de vérité, si elle l’était infaillible du mensonge. Mais, étant le plus souvent fausse, elle ne donne aucune marque de sa qualité, marquant du même caractère le vrai et le faux. je ne parle pas des fous, je parle des plus sages ; et c’est parmi eux que l’imagination a le grand don de persuader les hommes. La raison a beau crier, elle ne peut mettre le prix aux choses. Cette superbe (1) puissance, ennemie de la raison, qui se plaît à la contrôler et à la dominer, pour montrer combien elle peut en toutes choses, a établi dans l’homme une seconde nature. Elle a ses heureux, ses malheureux, ses sains, ses malades, ses riches, ses pauvres ; elle fait croire, douter, nier la raison ; elle suspend les sens, elle les fait sentir ; elle a ses fous et ses sages : et rien ne nous dépite davantage que de voir qu’elle remplit ses hôtes d’une satisfaction bien autrement pleine et entière que la raison. »
Pascal, Pensées, Brunschvicg 82.
1. superbe = orgueilleuse.
ordre des idées
1) Caractéristiques de l'imagination : — Elle domine l’homme. — Elle est source « d'erreur et de fausseté ». —Une remarque : L'imagination est d'autant plus trompeuse qu'elle est ambiguë, ambivalente : en effet, elle n'est pas toujours source d'erreur (elle ne peut donc être une preuve de l'erreur, ni par conséquent de la vérité). — Elle procure une grande satisfaction, « autrement pleine et entière » que celle de la raison.
2) Les ravages de l'imagination : — Dominant la raison et les sens, elle parvient à devenir chez l'homme une « seconde nature ». — Elle persuade tous les hommes, autant les sages que les fous, les riches que les pauvres, les heureux que les malheureux, etc.
Liens utiles
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- La vérité n'est pas pour le philosophe une maîtresse qui corrompe son imagination et qu'il croît trouver partout; il se contente de la pouvoir démêler où il peut l'apercevoir. Il ne la confond point avec le vraisemblance [...], Dumarsais, Article Philosophe, Encyclopédie. Vous montrerez comment le philosophe des lumières s'inscrit comme un modèle intellectuel et moral selon la définition de Dumarsais.
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