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Parodie

Imitation bouffonne d’une œuvre sérieuse. Elle nécessite, pour être comprise et appréciée, une bonne connaissance de l'œuvre contrefaite. C'est pourquoi elle porte la plupart du temps sur des œuvres familières au lecteur.
Exemples
1. Percé jusques au fond du cœur D’une atteinte imprévue aussi bien que mortelle, Misérable vengeur d'une juste querelle, Et malheureux objet d'une injuste rigueur, Je demeure immobile, et mon âme abattue Cède au coup qui me tue.
(Pierre Corneille, le Cid, acte I, sc. 6.)
2. Percé jusques au fond du cœur D'une insulte imprévue aussi bien que mortelle, Misérable vengeur d'une sotte querelle, D'un avare écrivain chétif imitateur, Je demeure stérile, et ma veine abattue Inutilement sue. (Le Chapelain décoiffé, parodie du Cid de Corneille.)
Commentaire
La parodie produit un effet comique pouvant déboucher sur une véritable satire. Elle traduit chez un auteur une remarquable maîtrise du langage et un goût prononcé pour le jeu. Elle a une valeur caricaturale.

PARODIE, n.f. (du grec para, «à côté» et odê, «chant». Littéralement, «chant à côté»). Imitation caricaturale, burlesque, d’une œuvre connue (sérieuse). La parodie a pour objet d’amuser les lecteurs ou spectateurs aux dépens d’une œuvre trop célèbre, trop unanimement reconnue pour qu’elle ne mérite pas qu’on en dévoile les quelques faiblesses, les tics stylistiques, ou les ridicules. Aussi la parodie est-elle souvent une consécration indirecte de l’œuvre dont elle fait la caricature. On peut parodier une œuvre précise (le Virgile travesti de Scarron parodie l'Ènéide de Virgile), un genre (Don Quichotte est une parodie de l’épopée médiévale et de l’idéal chevaleresque), un texte précis ou même une phrase connue. Par exemple, le célèbre vers de Lamartine,
Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé
peut donner lieu à la parodie suivante :
Un seul être vous manque, et tout est repeuplé
À la différence de la parodie, le pastiche tente d’imiter une œuvre en s’en approchant le plus possible, au point de tromper sur l’origine. Notons l’extension du mot à la vie en général pour désigner une caricature, une contrefaçon grotesque. Une parodie de réconciliation. Une parodie d’élection démocratique.

PARODIE nom fém. - Imitation d’une œuvre célèbre dont on exagère à dessein tous les traits pour produire un effet burlesque.
ÉTYM. : du grec para = « à côté » et ôidè - « chant », donc littéralement « chant à côté ».
À la différence du pastiche, la parodie ne vise pas à l’imitation parfaite d’un texte de manière qu’on ne puisse plus distinguer l’original de sa copie. La parodie est en fait une caricature. On exagère les tics stylistiques d’un auteur, on systématise jusqu’à l’absurde les procédés littéraires auxquels il a d’ordinaire recours, on exagère les opinions émises, on attire ainsi l’attention sur les faiblesses de l’œuvre. C’est pourquoi la parodie est souvent autant un hommage qu’une critique : par la réécriture satirique d’un texte célèbre, on souligne l’importance de celui-ci tout en le tournant en ridicule pour ses travers. L’histoire de la parodie est presque aussi ancienne que celle de la littérature elle-même. Dès qu’une œuvre importante s’affirme, elle ne tarde pas à susciter la verve iconoclaste. Dans Les Grenouilles, Aristophane parodie Eschyle et Euripide. Au Moyen Age puis à la Renaissance, des œuvres comme Aucassin et Nicolette, Le Roman de Renart et, dans un autre registre, Don Quichotte constituent des parodies du roman courtois ou de l’épopée. Plus une œuvre est célèbre, grandiose et héroïque, plus elle peut se prêter à la caricature. L'Enéide sera ainsi parodiée par Scarron dans Le Virgile travesti, et Le Cid par Boileau (Le Chapelain décoiffe) et Fourest (La Négresse blonde). Plus près de nous, le romancier d’avant-garde Philippe Sollers, dans Lois (1972), reprend sur le mode de la parodie le texte de la Théogonie d’Hésiode.


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