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PARNY Êvariste Désiré De Forges, vicomte de

PARNY Êvariste Désiré De Forges, vicomte de. Poète français. Né à Saint-Paul (ile Bourbon, aujourd’hui la Réunion) le 6 février 1753, mort à Paris le 5 décembre 1814. Issu d’une des plus riches familles de la colonie, il fut de bonne heure envoyé en France pour y faire son éducation (1765). Placé tout d’abord au Collège de Rennes, il se signala par son goût des lettres autant que par sa dévotion. Dès l’âge de dix-sept ans, il obtint d’entrer au séminaire de Saint-Firmin, car il brûlait d’embrasser l’état ecclésiastique. Mais, à force d’ouvrir la Bible, il s’aperçut, l’année suivante, qu’il s’était bien abusé sur sa vocation (1771). Au sortir de ce séminaire, et pour complaire à ses parents, il choisit la carrière des armes. Il vint donc à Paris pour y suivre les cours de l’Ecole militaire (1772). Après avoir fait ses études, il obtint un grade dans la cavalerie (1776). Ayant toujours eu du goût pour la poésie fugitive, il fit paraître dans L'Almanach des Muses (1777) plusieurs pièces de vers où déjà il montrait quelque maîtrise. S’étant rendu la même année dans son île natale, il y fit la rencontre de Mlle Troussaille, jeune créole d’une grande beauté qu’il n’eut pas de peine à séduire. Parny, qui devait la célébrer sous le nom d’Eléonore, la tint toujours pour le seul amour de sa vie. De retour à Paris en 1778, il fit paraître son premier recueil de vers, qui demeure son chef-d’œuvre : les Poésies érotiques. Devenu, un peu plus tard, capitaine de dragons et fort satisfait de son état, Parny se contenta de vivre en épicurien, sans publier la moindre page qui fût propre à asseoir sa réputation. Mais, ayant fini par avoir le mal du pays, il voulut aller rejoindre Eléonore dont il se trouvait séparé depuis tant d’années. En 1785, il obtint donc d’accompagner comme aide de camp M. de Souillac, qui venait d’être nommé gouverneur de l’Ile Bourbon. Sitôt débarqué, il fut cruellement déçu en apprenant que la jeune femme avait été, par son père, mariée à quelque médecin. Se sentant alors incapable de demeurer là-bas, il résolut de repartir pour la France sans esprit de retour (1786). Ayant acheté un beau domaine à Feuillancourt (entre Marly et Saint-Germain), il se consacra tout entier à la poésie. Il n’allait pas jouir longtemps de sa thébaïde : par suite de la Révolution de 1789, il perdit, en effet, ses cinquante mille livres de rente. Devenu presque indigent, il s’abstint, pourtant, de récriminer contre le nouvel état de choses. Davantage : il y applaudit, croyant qu’il allait en sortir un monde meilleur. Après avoir vécu des débris de sa fortune, il dut chercher un emploi : l’ayant trouvé dans les bureaux du ministère de l’intérieur, il le quitta au bout d’un an pour tenter de vivre de sa plume. Sous le Directoire, il écrivit un grand poème satirique en dix chants où il attaque hardiment le christianisme : La Guerre des dieux anciens et modernes (1799). Trois ans plus tard, il épousa une veuve nommée Marie-Françoise Velly. Peu après il devint membre de l’institut (1803). Pendant les dix années suivantes, il composa plusieurs œuvres de longue haleine qui n’ajoutèrent rien à sa réputation. Citons : Le Portefeuille volé (1805), Voyage de Céline (1806) et un poème en douze chants intitulé Les Rose-Croix (1808). Atteint d’une cruelle maladie (1810), Parny dut cesser d’écrire pour demeurer jusqu’à la fin cloué sur son lit. Ses Œuvres complètes furent publiées à Paris en 1808 (cinq volumes in-18), en 1824 (deux volumes in-8) et en 1831 (quatre volumes in-18). De tous les poètes élégiaques que compte la France au XVIIIe siècle, Parny demeure le plus grand. Fait pour chanter la galanterie, le désir et la volupté, il montre dans ses moindres vers un sentiment de l’harmonie qui annonce déjà Lamartine.