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PARADOXE

PARADOXE. n.m. Contraire à l'opinion commune (doxa «opinion»). Affirmation souvent brillante, piquante, surprenante qui répond au désir d'être admiré pour son esprit (déjà les stoïciens exprimaient des propositions paradoxales sur le Sage : seul heureux, infaillible, roi, riche, artisan, etc. quelles que soient les circonstances de sa vie).

PARADOXE
Proposition ou discours opposé à l’opinion dominante ou à la vraisemblance. Le terme peut être pris péjorativement lorsqu’il implique une simple volonté de choquer ou d’amuser. Mais la critique contemporaine voit aussi dans le paradoxe une tactique efficace pour attirer l’attention ou réveiller des consciences assoupies (c’est dans cette optique que Socrate y a recours). Si l’on entend ainsi par doxa, comme le fait R. Barthes, le conformisme majoritaire mal fondé, on peut affirmer que toute avant-garde artistique ou intellectuelle commence par être nécessairement paradoxale. ♦ Dans la mesure où la philosophie se méfie, par principe, de l’opinion, et entend critiquer la doxa, elle est par définition paradoxale ; ce qui la distingue toutefois de l’activité critique ordinaire, c’est qu’elle réfléchit de surcroît à son propre statut.
paradoxe (du gr. para, contre, et doxa, opinion), jugement contraire à l'opinion commune. — Le Paradoxe sur le comédien, dialogue en prose de Diderot (écrit vers 1770, publié en 1830), insiste sur la nécessité de l'insensibilité pour un interprète désireux de toucher le public. Les paradoxes philosophiques les plus célèbres dans l'Antiquité sont ceux qui ont été développés par Zénon d'Elée pour prouver l'impossibilité du mouvement; tel est l'argument d'Achille : Achille ne peut, théoriquement, rattraper la tortue qui a sur lui une avance, si petite qu'elle soit. Car, pour la rattraper, il devra d'abord arriver au point où celle-ci se trouvait quand il a commencé à courir, puis au point où, pendant ce temps, est arrivée la tortue, et ainsi de suite à l'infini. L'argument, logiquement valable, n'en reste pas moins paradoxal : en l'écoutant, Diogène ne trouva rien de mieux que de marcher, prouvant par le fait l'existence du mouvement.


Paradoxe
Du grec paradoxes, « contraire à l'opinion commune » (de doxa, « opinion »).
- Discours qui va à l’encontre de l’opinion commune. - En logique, raisonnement qui aboutit à une conclusion contradictoire.
• Le paradoxe dit « du menteur » aurait été inventé par Eubulide de Mégare (VIe siècle avant J.-C.) : quand un homme dit qu'il ment, ment-il ou dit-il la vérité ? S'il ment, alors il dit vrai en disant qu'il ment et s'il dit la vérité, alors il ment en disant qu'il ment. Quelle que soit la réponse, celle-ci conduit à une contradiction.


PARADOXE, n. m. (du grec para, «contrairement à» et doxa, «opinion commune»).
1° Opinion (vraie ou fausse) qui va délibérément à l’encontre de l’opinion courante. En général, celle-ci fait ressortir une part de vérité que l’opinion commune occulte. Le paradoxe est souvent l’arme du philosophe ou de l’écrivain qui veut faire réagir ses interlocuteurs, les conduire à dépasser leurs préjugés, en en prenant le contre-pied. Si l’on déclare par exemple «Il avait le don de paresse et donc d’organisation», on peut heurter le bon sens et la morale admise qui ne voient dans la paresse qu’un défaut; cependant, il est vrai que certains paresseux, pour éviter un surcroît d’efforts, sont conduits à simplifier leur travail en l’organisant mieux : c’est là une vérité paradoxale.
2° Opinion artificielle, bizarre ou fausse, émise par quelqu’un qui veut systématiquement étonner le public. Le paradoxe peut en effet devenir un genre (littéraire ou non) dans lequel le locuteur inverse toutes les propositions admises par simple désir de briller, ou parce qu’il croit qu’il suffit de contredire pour penser.
3° Réalité surprenante, qui heurte le bon sens, mais se trouve être totalement avérée. Depuis que le gouvernement a limité la hausse des loyers, on ne trouve plus à se loger : c'est un paradoxe. Il faut comprendre : le blocage des loyers a dissuadé les gens fortunés d’investir dans l’immobilier; la construction s’est donc ralentie; les appartements à louer se sont alors raréfiés. Cet exemple montre que le paradoxe est souvent moins dans la réalité elle-même que dans la formulation contradictoire, antinomique, de l’énoncé qui la traduit. L’emploi de l’adverbe paradoxalement sert souvent à mettre en valeur une contradiction apparente qui, dans les faits, s’explique très logiquement.
4° Proposition contradictoire, apparemment sans issue (voir Aporie). L’exemple classique est celui du paradoxe du menteur qui déclare: «Je mens» ou «Je mens toujours» (s’il ment en disant cela, c’est donc faux; donc il ne ment pas en disant qu’il ment; mais alors, pourquoi dit-il «je mens», si ce n’est pour nous tromper, donc il est menteur; mais, etc.).


PARADOXE (n. m.) 1. — (Sens étym.) Toute opinion qui va contre l’opinion commune. 2. — (Par ext.) Toute opinion étrange, sophistiquée ; se dit aussi des faits. 3. — (Souv. auj.) Toute thèse susceptible d’engendrer une contradiction et qui pourtant semble être nécessaire ou aller de soi : paradoxe de Russell concernant l’ensemble de tous les ensembles qui ne font pas partie d’eux-mêmes, et qui, s’il fait partie de lui-même, n’en fait pas partie, alors qu’il en fait partie s’il n’en fait pas partie. 4. — Crise des paradoxes : crise ouverte du début au siècle dans les math, par la découverte du paradoxe de Russell et d’autres du même genre.