PALESTRINA Giovanni Pierluigi da
PALESTRINA Giovanni Pierluigi da. Musicien italien. Né à Palestrina (dans l’antiquité : Préneste), près de Rome, en 1525 ou au début de 1526; mort à Rome le 2 février 1594. Son patronyme lui venait de son grand-père paternel Pierluisci ou Pierluisco (Petrus-Aloysius), et enfin il se fit appeler lui-même d’après son lieu de naissance Giovanni Pierluigi da Palestrina (Joannes Petrus-Aloysius Praenestinus); dans les divers documents datant de cette époque, il apparaît sous ce nom plus ou moins déformé. On sait peu de chose de son enfance; il est probable qu’il reçut ses premières notions musicales a la « schola cantorum » de la cathédrale de San Agapito à Palestrina. Il fut emmené à Rome pour y poursuivre ses études et grâce à l’appui de l’évêque de Palestrina, le cardinal Andrea Della Valle, nommé en 1534 archiprêtre de Saint-Marie-Majeure, il fut admis parmi les petits chanteurs de cette basilique; il y figurait en 1537. Pendant tout le temps qu’il y resta il reçut les leçons des maîtres qui se succédèrent à la direction de la Chapelle : Robin Mallapert qui donna sa démission en 1539, Robin de Févin et Firmin Le Bel, nommé maître de la chorale en 1540. A part une brève interruption, Palestrina y demeura jusqu’à l’automne 1544. Le 28 octobre de cette année, il fut nommé organiste et chanteur de la cathédrale San Agapito; le nouvel évêque de ce diocèse était le cardinal G. Maria Del Monte, qui le tenait en si grande considération que, lorsqu’il devint pape sous le nom de Jules III, il le fit nommer « magister puerorum » de la chapelle Julia et maître de chapelle à Saint-Pierre, en remplacement de son premier maître Mallapert. En signe de gratitude, Palestrina dédia au pape son premier recueil de Messes qui fut publié en 1554, presque en même temps que le premier recueil de Madrigaux « avec un accent doux, fier et amoureux ». Sensible à l’hommage, le pape voulut récompenser encore plus le compositeur, et il l’admit sans examen, en janvier 1555, dans le chœur de la Chapelle Sixtine; ceci lui valut l’inimitié des autres chanteurs, d’autant plus qu’il semble que Palestrina n’avait que peu de voix. Il était de plus marié (il avait épousé en 1547 une jeune fille aisée de sa ville natale, Lucrezia Gori, qui devait lui donner trois fils : Rodolfp, Angelo et Iginio). Si bien qu’à la mort de son protecteur Jules III auquel succéda pendant trois semaines seulement le pape Marcel II, le nouveau pontife Paul IV, en s’appuyant sur le règlement qui exigeait que pour faire partie du chœur pontifical on fût, entre autres, ecclésiastique, licenciait en mai 1555 Palestrina ainsi que deux autres chanteurs, Ferrabosco et Barri, en leur attribuant à titre exceptionnel une pension équivalant au traitement complet de dix écus, en compensation de la fourniture de la musique. Au bout de peu de mois, en octobre 1555, il fut nommé maître de chapelle de Saint-Jean-de-Latran; il devait y rester jusqu’au mois de juillet 1560, où, à la suite de la décision du chapitre d’effectuer des économies, il donna sa démission. L’année suivante, il prenait la direction de la chapelle à Sainte-Marie-Majeure, où il avait été petit chanteur; il y succédait à Valent. Il devait assumer cette fonction jusqu’à l’automne 1566, tout en assurant en même temps l’enseignement du chant au Séminaire Romain, qui venait d’être fondé et où il fit entrer ses deux fils Rodolfo et Angelo.
C’est de ces années que datent la publication du premier livre des Motets, dédié à l’évêque d’Ostie, le cardinal Carpi (1563), et celle du second volume de Messes (1567) dédié à Philippe II d’Espagne auquel il dédiera également le troisième en 1570. Dans ce second volume se trouve la célèbre Messe du pape Marcel — Messes — à six voix, composée ou commencée bien des années auparavant, lors du bref pontificat de Marcel II, auquel la tradition veut que soit rattachée la réforme de la musique sacrée, tradition qui
considère Palestrina comme un « sauveur » — sauveur du chant figuré (polyphonie) que le Concile de Trente voulait, dit-on, interdire. Cette prétendue abolition est absolument légendaire, tout au plus une réforme de la polyphonie religieuse avait-elle été envisagée dans le but de la rendre moins compliquée et plus intelligible.
Vers la fin de 1567, Palestrina était entré en rapport avec l’empereur Maximilien II d’Autriche, qui lui offrit le poste de directeur musical à la cour de Vienne; mais les pourparlers échouèrent devant les exigences du compositeur. L’année suivante, il se lia d’amitié avec le duc de Mantoue, Guglielmo Gonzaga, compositeur amateur, qui devait par la suite souvent soumettre ses travaux à Palestrina auquel il demandait conseils et avis et qu’il chargea en outre d’écrire, pour l’église Santa Barbara qu’il avait fait construire à Mantoue, des messes et des motets. On doit à cette amitié, qui dura jusqu’à la mort du duc, le 14 août 1587, la composition d’un nombre important d’œuvres écrites par Palestrina pour le duc, dont dix messes, appelées « mantoviennes » ; ces œuvres viennent d’être tout récemment retrouvées, après la Seconde Guerre mondiale, par l’historien palestrinien Knud Jeppesen, à la bibliothèque du Conservatoire de Milan. De ce groupe fait partie, selon le même Jeppesen, l’unique messe pour voix adultes (« sine nomine ») que l’on connaisse de Palestrina. A la mort de Giovanni Animuccia, en 1571, Palestrina lui succéda à la direction de là chapelle Giula à Saint-Pierre, poste qu’il devait conserver jusqu’à sa mort. Mais plusieurs coups douloureux le frappèrent peu après : le 20 novembre 1572, il perdait son fils Rodolfo, musicien déjà réputé; puis le 1er janvier 1573, son frère Silla et deux ans plus tard son second fils Angelo. Le seul fils qui lui restait, le dernier, Iginio, épousa en 1576 Virginia Guamecci dont il eut douze enfants. Mais un autre malheur allait frapper le maître : la mort de sa femme survenue le 28 juillet 1580. Palestrina parut ne jamais devoir se relever de ce coup.
Décidé à entrer dans les ordres, il présenta une requête au pape Grégoire XIII, qui avec une vive satisfaction lui accorda par un bref l’autorisation demandée en ajoutant que « Notre très cher fils Joannes Petraluysius, laïc de Palestrina » était autorisé à entrer dans le clergé avec le titre de maître de musique de la Basilique. Le 7 décembre 1580, Palestrina recevait la tonsure dans l’église San Silvestro sur le Quirinal; l’année suivante le pape lui accordait un bénéfice vacant, à l’église Sainte-Marie-Majeure de Ferentino. Mais comme le « clericus » se préparait à prendre les ordres mineurs, un fait nouveau survint, qui le ramena sur la voie de la laïcité. Ayant fait la connaissance d’une riche veuve romaine d’une quarantaine d’années, Virginia Dormuli, propriétaire entre autres d’une pelleterie, il l’épousait le 28 février 1581. Cette union souleva une grande surprise accompagnée de regrets : Palestrina se trouva pris par une activité commerciale qui améliora nettement sa situation financière. Il participa activement à la vie de l’affaire, acheta des terrains, fit construire des maisons qu’il loua; au total il augmenta ses revenus. C’est pourquoi certains de ses biographes ont prétendu que Palestrina aimait beaucoup l’argent. En fait, il consacra une grande partie de ses nouveaux revenus à la publication de plusieurs de ses œuvres restées inédites. De 1581 à 1594 parurent en effet plus de seize recueils d’œuvres diverses : trois volumes de Messes, trois de Motets, trois de Madrigaux, deux d'Offertoires, deux de Litanies, deux de Lamentations, un d'Hymnes et un de Magnificat; ensemble imposant, qui selon Coates représente environ quatre cents compositions. On peut dire que désormais la vie de Palestrina se déroula paisiblement «entre l’église et son foyer», entouré de l’estime générale et dans une très large aisance. En janvier 1594, alors qu’il venait de donner à l’impression le septième volume de Messes, Palestrina tombait soudain malade et mourait le 2 février, fête de la Purification de la Vierge Marie, dans sa maison située derrière Saint-Pierre (dans le chemin appelé «du Palestrino », d’après son nom). Il fut enterré à Saint-Pierre, au pied de l’autel de la « chapelle nouvelle », au milieu des manifestations de regrets de « tous les musiciens de Rome et d’une multitude de peuple ». Sur le cercueil de plomb on apposa une inscription qualifiant le disparu de « Musicae Princeps ». Il laissait un important héritage d’œuvres éditées et inédites, les dernières devaient être publiées de temps à autre après sa mort. Ce n’est qu’à la fin du XIXe siècle que, l’art de Palestrina étant à nouveau apprécié, on entreprit des études sérieuses de sa production; sur l’initiative de la maison Breitkopf et Haertel de Leipzig, on procéda à la publication de ses œuvres complètes en trente-trois volumes (de 1862 à 1903). En Italie la publication de l'Opéra Omnia a été commencée en 1939 sous la direction de Raffaello De Rensis. Il est à noter que, de toute la production palestinienne, aussi bien ce qui a été publié pendant la vie du compositeur, et ce qui ne vit le jour qu’à titre posthume (ce qui représente, entre autres, trente-huit Messes en six volumes), on ne possède que fort peu de manuscrits autographes; le plus important de ces derniers est le ms. 59, retrouve par Casimiri : Lamentations, Antiennes, Hymnes, Psaumes, Improperi « et autres manuscrits divers ».
♦ ... On sait à quel degré de cynisme et d’imbécillité étaient parvenus les anciens contre-pointistes... la gloire de Palestrina est d'avoir fait disparaître cette barbarie. » Berlioz. ♦ ... [Les] célèbres chants d'église de Palestrina [sont] une révélation toute spirituelle, devant laquelle nous demeurons saisis, frappés, d'un ineffable émoi... » Richard Wagner. ♦ « Emanation du vieil art ecclésiastique traditionnel, fille directe des pré-renaissants dont elle achève l'effort, [l’œuvre de Palestrina] débouche sur cet art nouveau qui trouvera en Bach un parfait accomplissement... Mû par une tendance toute spontanée, toute naïve, [Palestrina] écrit comme écrivaient les maîtres médiévaux, sans calcul, comme il pense, comme il sent. » J. Samson.
PALESTRINA, Giovanni Pierluigi da (Palestrina, v. 1525-Rome, 1594). Compositeur italien, surnommé le « prince de la musique ». Appelé à Rome (1551) par le pape Jules III pour y diriger la maîtrise de la chapelle Giulia, Palestrina fut successivement directeur de la musique à Saint-Jean-de-Latran, à Sainte-Marie-Majeure, puis, à partir de 1571, à Saint-Pierre de Rome, poste qu'il occupa jusqu'à sa mort. C'est là qu'il fut chargé de réviser le chant liturgique en fonction des instructions du concile de Trente, afin de restituer dans toute sa pureté le texte grégorien. Palestrina, qui connut à la fin de sa vie une gloire incontestée, est l'auteur d'une oeuvre abondante, entre autres une centaine de messes - où il a le mieux exprimé son sentiment religieux - et plus de 600 motets. Voir Chant grégorien, Lassus (Roland de).
PALESTRINA, Giovanni Pierluigi da (Palestrina, v. 1525-Rome, 1594). Compositeur italien, surnommé le « prince de la musique ». Appelé à Rome (1551) par le pape Jules III pour y diriger la maîtrise de la chapelle Giulia, Palestrina fut successivement directeur de la musique à Saint-Jean-de-Latran, à Sainte-Marie-Majeure, puis, à partir de 1571, à Saint-Pierre de Rome, poste qu'il occupa jusqu'à sa mort. C'est là qu'il fut chargé de réviser le chant liturgique en fonction des instructions du concile de Trente, afin de restituer dans toute sa pureté le texte grégorien. Palestrina, qui connut à la fin de sa vie une gloire incontestée, est l'auteur d'une oeuvre abondante, entre autres une centaine de messes - où il a le mieux exprimé son sentiment religieux - et plus de 600 motets. Voir Chant grégorien, Lassus (Roland de).