OTHMAN ibn AFFAN
Troisième calife (644/56). Membre du clan des Omeyyades et riche marchand de La Mecque, il fut un des premiers disciples de Mahomet, dont il devint le gendre (il épousa successivement deux filles du Prophète). Brave homme, fort pieux, mais nullement doué pour le commandement, il avait plus de soixante-dix ans lorsque, après l'assassinat d'Omar, il fut élu calife par les Mecquois, car l'autre gendre de Mahomet, Ali, avait été écarté à cause de son intransigeance. Dans l'espoir de maintenir l'unité de l'Empire musulman fondé par Omar, Othman pourvut d'apanages les membres de son clan. Le luxe étalé par ces profiteurs provoqua l'indignation des vieux croyants, qui ignorèrent les efforts d'Othman pour établir un texte définitif du Coran. Tandis qu'Aïcha, veuve de Mahomet, déployait ses intrigues, deux puissants partis d'opposition se formèrent, l'un qui proclamait les droits d'Ali et de ses fils à l'héritage du Prophète, l'autre conduit par Zobéïr. Des troubles ayant éclaté, le vieil Othman fit appel aux troupes de Syrie, fidèles aux Omeyyades, mais il fut massacré par la foule qui assiégeait sa maison depuis plusieurs semaines. Voir ISLAM. Le monde islamique jusqu'au XIe s.
Othman ; troisième calife de l’islam [644-656].
Personnage controversé, dont le califat s’inscrit entre deux assassinats, celui d’Omar et le sien propre (17 juin 656), O. est issu d’une riche famille de négociants de La Mecque, les banu Umaiya, d’où le nom d’Omeyyades donné au clan et à la dynastie de califes que fondera son deuxième successeur et vengeur, Moawija. O., le premier des grands notables mecquois à se convertir, avait tenu un rôle assez effacé aux côtés du prophète Mahomet, dont il était devenu le gendre, et des deux premiers califes, rôle encore minimisé, plus tard, par la propagande abbasside. Selon des sources enjolivées, Omar aurait refusé de céder à la tentation d’une conquête de l’Afrique du Nord. O. jette ses troupes dans l’aventure, sans doute en 647, date de la première razzia qui, de Tripoli (conquise en 643) pousse jusque dans l’actuelle Tunisie (Sbeïtla) ; mais la véritable conquête, favorisée par les dissensions entre Byzance et les chrétiens d’Afrique, ne se fait qu’à la fin du siècle. Les Arabes consolident la conquête de l’Arménie, mettent fin à la dynastie sassanide (assassinat du dernier roi perse, Yazdagird III) et, surtout, avec l’aide de Syriens, portent la guerre sur les mers ; ils prennent Chypre (649), lancent des rezzou en Sicile (653) et à Rhodes (654), écrasent en 655 la marine impériale au large des côtes de la Lycie. Accusé, non sans raison, de favoriser son clan, O. doit affronter de graves troubles intérieurs, renforcés par le mécontentement des plus anciens convertis et par une opposition peu cohérente (la veuve du Prophète, Aïcha ; un autre gendre, Ali, qui lui succédera ; le gouverneur destitué d’Egypte, Amr) : ils aboutissent à l’assassinat d’O. La plus grande oeuvre d’O. reste d’avoir fait procéder à l’établissement définitif du texte du Coran, sous sa forme canonique, vers 653.