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Orphée

Orphée. Dans la mythologie grecque, poète préhomérique, que les Grecs dataient d’une génération avant la guerre de Troie et associaient à l'expédition des Argonautes — par son chant, il les aida à résister à la séduction des Sirènes. On disait qu’il était thrace, fidèle du dieu Dionysos, fils d’une Muse, peut-être de Calliope, et qu’il jouait de la lyre si merveilleusement qu’il pouvait charmer les bêtes sauvages et mouvoir même les arbres et les pierres par sa musique. On connaît bien son histoire grâce aux poètes latins Virgile et Ovide. Il épousa Eurydice, une dryade. Poursuivie par Aristée, Eurydice marcha sur un serpent, fut mordue et mourut. Orphée descendit aux Enfers pour la retrouver et, grâce à sa musique, il persuada la déesse Perséphone de la laisser partir, mais à la condition qu’il ne se retournerait pas pour la regarder tandis qu’elle le suivait. Alors qu’ils approchaient du monde des vivants, Orphée oublia cette condition et se retourna pour la regarder : Eurydice, immédiatement, disparut pour toujours. Plus tard, Orphée fut déchiré par des femmes, soit des Thraces qui étaient jalouses de son. amour pour Eurydice, soit des Ménades, pour le punir de ne pas avoir honoré leur dieu, Dionysos (cette histoire fut le sujet d’une pièce perdue d’Eschyle). Sa tête coupée descendit en flottant l’Hèbre, une rivière thrace, continuant à parler selon certaines versions, et atteignit l’île de Lesbos, le foyer de la poésie lyrique, où il fut enterré. Probablement dès le milieu du VIe siècle, on attribua à Orphée la paternité de plusieurs poèmes qui se rapportaient aux cultes à mystères (voir mystères). Ces poèmes traitaient de purifications et d’initiations. Des rites secrets étaient censés libérer les participants de leur faute ancienne et leur donner de meilleurs espoirs pour l’au-delà : ils étaient accomplis conformément aux livres d’Orphée et de Musée. On utilise parfois le terme d’orphisme pour décrire les croyances et les pratiques de ceux qui participaient à des cultes à mystères basés sur les poèmes attribués à Orphée, ou qui s’adonnaient à des pratiques ascétiques. Cependant, il est difficile d’évaluer dans quelle mesure on peut définir l’orphisme comme un mouvement spirituel cohérent. Le papyrus de Dervéni est une source d’information intéressante : il contient un commentaire antique sur la théogonie d’Orphée. Le mythe orphique, que nous connaissons surtout par les allusions de Platon et des néo-platoniciens, expliquait le mélange du bien et du mal dans la nature humaine par le mythe de Dionysos Zagreus. Il se différenciait des croyances grecques habituelles en faisant de la culpabilité et de la punition de l’individu après la mort le centre de sa doctrine; il semblerait que, selon le mythe orphique, les hommes portaient le poids de la mort de Dionysos Zagreus, et avaient à s’acquitter de leur peine après la mort auprès de Perséphone, avant qu’elle ne leur permette de ressusciter à une existence plus élevée. La transmigration des âmes était aussi enseignée (il y avait beaucoup de points communs avec le pythagorisme). Lorsque l’âme a été réincarnée trois fois et a mené, chaque fois, une vie vertueuse, elle habite pour toujours dans les îles des Bienheureux. Mais, outre la vie vertueuse, d’autres conditions sont nécessaires : la pureté rituelle et une connaissance correcte, telles qu’elles sont prescrites par la doctrine orphique. Ceux qui font le mal et ceux qui n’ont pas été initiés risquent le châtiment après la mort. On a trouvé en Italie du Sud et en Crète des tombes qui renferment des feuilles d’or, datées de l’époque hellénistique : sur ces feuilles sont écrits des vers qui doivent être prononcés comme des mots de passe lors de l’arrivée aux Enfers. Là haute connotation éthique et les pratiques ascétiques de certains des fidèles d’Orphée ont été entachées par les superstitions et le charlatanisme d’autres. Si Pindare et Platon furent attirés par certaines de ces doctrines, pour d’autres auteurs du Ve siècle av. J.-C., le terme «orphique» suscitait le mépris. Cette croyance connut un regain de popularité sous l’Empire romain.

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