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ORLEANS Charles d’

ORLEANS Charles d’ 1391-1465
Petit fils de Charles V et futur père de Louis XII, il eut la tristesse, à 13 ans, de voir son père Louis assassiné par les tueurs du duc de Bourgogne. Passé dans le parti des Armagnacs, qui soutient son grand-oncle Charles VI, il est capturé lors de la déroute d’Azincourt, en 1415, et demeure vingt-cinq longues années prisonnier en Angleterre. Même si la nièce de Chaucer, lady Suffolk, paie de sa personne pour l’adoucir, la captivité est lourde à supporter, et le souvenir de la France tristement obsédant. Il trompe son ennui en écrivant, la majorité de ses ballades et plusieurs chansons datent des années d’exil. Rentré en France en 1441, après paiement d’une lourde rançon, il s’essaie un moment aux luttes politiques et à la vie de cour, mais sans trop de succès, d’autant que, porté plutôt à la méditation, à la solitude et aux douceurs de la poésie, il n’aime guère l’intrigue. Aussi se retire-t-il à Blois où l’entoure une petite cour. Il y reçoit, en 1461, un certain vagabond qui a nom François Villon et qui prend part à un concours de ballades. Il meurt à Amboise, en 1465. Qui ne connaît son célèbre rondel:
Le temps a laissé son manteau De vent, de froidure et de pluie... ?
C’est que Charles d’Orléans est passé maître dans cette forme poétique difficile, le rondeau. Forme précieuse et savante pour une poésie qui ne l’est pas moins, mais qu’il sait, art suprême, faire passer pour toute simple en intégrant à ses poèmes des allusions à la vie quotidienne et en les parsemant d’images vives et inattendues. Prédécesseur privilégié de Verlaine aussi bien que d’Apollinaire, pour la mélodie et l'élégance, il est l’un des plus brillants représentants de la poésie d’un Moyen-Age qui va bientôt céder le pas à des formes nouvelles.
Charles d’Orléans (1394-1465).
Né le 24 novembre 1394, C. a laissé, par ses écrits, l’image du prince prisonnier et poète. Fils du duc Louis d’Orléans, neveu de Charles VI, il est fiancé très jeune (1409) à Isabelle de France, plus vieille que lui, veuve de Richard IL La guerre civile donne un tour dramatique à son existence : son père est assassiné en 1407 et sa mère Valentine Visconti, après avoir vainement demandé justice, suit son mari dans la tombe l’année suivante. Sa propre épouse Isabelle meurt en couches (sept. 1409), en lui laissant une fille Jeanne, plus tard épouse de Jean d’Alençon. Il est remarié bientôt pour des raisons politiques à Bonne d’Armagnac. La cassure de sa vie intervient à la bataille d’Azincourt (25 oct. 1415) où il est fait prisonnier. Il reste prisonnier vingt-cinq ans en Angleterre. Enfermé d’abord à la Tour de Londres, il est transféré ensuite au château de Pontefract à York puis à la forteresse de Fotheringhay à Northampton, ensuite au château d’Ampthill dans le comté de Bedford, avant d’être confié à la garde de William La Pole, comte de Suffolk. Il mène une existence austère, partagée entre les prières, les lectures et la poésie. Il est marié encore prisonnier à la jeune Marie de Clèves. De retour en France, il tente vainement de recouvrer l’héritage maternel d’Asti (1444) et passe le restant de ses jours dans ses domaines à Orléans et à Blois. Il meurt le 4 janvier 1465, laissant de Marie de Clèves trois enfants : Marie, Anne et Louis, le futur roi Louis XII.
Bibliographie : P. Champion, Vie de Charles d'Orléans (1394-1465), 1911 ; un roman : Hella S. Haasse, En la forêt de longue attente, Le roman de Charles d’Orléans, 1394-1465, Amsterdam, 1949, traduction 1991.