ORDRE
ORDRE, n.m. (lat. ordo « rangée », « file », « classe », « disposition »). ♦ 1° Sens très usuel. Méthode de classement et d'organisation (ordre alphabétique). —Mise en pratique et respect habituel de cette méthode. Avoir de l'ordre, c'est avoir une place pour chaque chose et mettre chaque chose à sa place. ♦ 2° Dans le domaine de la pensée, l'ordre est une notion fondamentale dont nous avons une connaissance intuitive : il est impossible de définir l'ordre, mais qui ne comprend ce que c'est ? Dire que le monde n'est pas un chaos mais un cosmos, c'est voir en lui un ensemble ordonné, c'est-à-dire cohérent, organisé, soumis à des règles, régi par des lois. L'ordre est une exigence de la raison. La pensée réclame la cohérence ; comprendre, c'est établir des rapports. Il y a ordre dès qu'il y a rangement, classement, série, rapports, organisation. On distinguera : a) L'ordre logique. Celui que Descartes recommande de suivre (Discours de la Méthode, IIe partie) : « Conduire par ordre mes pensées en commençant par les objets les plus simples et les plus aisés à connaître» ; b) L'ordre mathématique. Celui des nombres, par exemple : 1, 2, 3, etc. 1 étant le principe de la mise en ordre ; nous avons : 1+1 ; 1+1+1 ; 1+1+1+1, etc. ; c) L'ordre de la nature. Les lois qui régissent les phénomènes naturels ; d) L'ordre social, qui comprend les règles auxquelles les citoyens doivent se soumettre et le respect de ces règles par les citoyens ; e) L'ordre moral, qui implique une hiérarchie des valeurs, des biens et des fins à poursuivre. Le fameux texte de Pascal sur les trois ordres (Br. 793) est une belle illustration de l'ordre moral. ♦ 3° Dans les sciences de la nature, l'ordre est un niveau de classification inférieur à la classe, supérieur à la famille. ♦ 4° Groupe de personnes formant : a) Une catégorie sociale (sous l’Ancien Régime, clergé, noblesse, tiers-état) ; b) Une catégorie professionnelle organisée en corps et soumise à des principes déontologiques (ordre des médecins, ordre des avocats), c) Une compagnie d'honneur récompensant certains mérites (ordre de la légion d'honneur, ordre du mérite) ; d) Une société religieuse vivant sous certaines règles et avec une spiritualité définie (ordres religieux). Ne pas confondre les ordres religieux avec les divers degrés du sacrement de l'ordre (diaconat, prêtrise, épiscopat). ♦ 5° Commandement (dans ce cas, le terme latin correspondant est jussus). Pour comprendre le rapport entre ce dernier sens et les précédents, il faut noter que des ordres sont donnés en vue d'établir ou de maintenir un ordre.
ORDRE 1. Catégorie à laquelle appartiennent des êtres ou des personnes (l'ancien Régime distinguait trois ordres : noblesse, clergé, tiers état). 2. Arrangement, disposition (mettre en ordre) et, par extension, régularité et constance des phénomènes (l'ordre de la Nature). 3. Résultat d’une organisation de la réalité, notamment en politique, stabilité d’une société (faire régner l’ordre ; les forces de l’ordre). ORDRE (n. m., étym. : latin ordo : file, disposition régulière) 1. — Arrangement, disposition ; principe de disposition ; en part., logique : « L’ordre consiste en cela seulement que les choses qui sont proposées les premières doivent être connues sans l’aide des suivantes » (Descartes) ; « Le cœur a son ordre, l’esprit a le sien qui est par principe et démonstration » (Pascal). Bon ordre : arrangement conforme à la raison. 2. — Catégorie, classe à laquelle appartiennent des personnes ou des choses hiérarchisées : l'ordre des médecins ; biol : groupe morphologique intermédiaire entre la classe et la famille. 3. — Rang ; degré dans une hiérarchie : infiniment petit du second ordre, un philosophe de premier ordre. 4. — Harmonie « Dieu ne fait rien hors de l’ordre » (Leibniz). 5. — Régularité, constance des phénomènes : « L'ordre et la régularité dans les phénomènes que nous appelons Nature» (Kant). 6. — (Pol.) Organisation sociale ; stabilité, fait que les institutions et les décisions des autorités légales soient respectées. 7. — Commandement, prescription. 8. — Relation d’ordre (math.) : relation réflexive antisymétrique, transitive (ordre large) ; quand la relation n’est pas réflexive, on la qualifie d’ordre strict.
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