OR
Dans l'histoire de la métallurgie, la place de l'or est une des plus anciennes, sinon la plus ancienne. Le plus malléable et le plus ductile des métaux, il peut se travailler à froid par martelage et fournir des feuilles épaisses d'un dixième de millimètre aussi bien que des fils dont le diamètre ne dépasse pas le micron ; ainsi, un gramme d'or peut s'étirer sur 3 km. Incorruptible, de couleur jaune, il est le symbole d'éternité et de maturité, comme le soleil et la moisson. Les Égyptiens en ont fait « le corps des dieux » en l'utilisant dans les parures funéraires des souverains et des nobles. La civilisation de Sumer (IVe millénaire), celle des Mycéniens (IIe millénaire), les grandes tombes scythes de la Crimée, de l'Ukraine, du nord du Caucase ont révélé un riche mobilier en or. Toutes sortes de légendes accompagnent le développement de la production d'or : mines du roi Salomon, voyage de Jason en Colchide. Du moins sait-on que le mythe de la Toison d'or évoque ici un procédé bien connu des orpailleurs : les poils d'une peau de mouton disposée sur le fond d'un torrent aurifère retiennent les paillettes qui s'y déposent par gravité et laissent s'écouler le sable, huit fois plus léger. L'or fut connu au Pérou dès le Ier millénaire av. J.-C. (v. CHAVIN et NAZCA). Les orfèvres colombiens pratiquaient le placage sur cuivre, la soudure autogène, et par alliage avec du cuivre le coulage à la cire perdue ; les conquérants espagnols ont pensé découvrir en Amérique du Sud la terre mythique de l'Eldorado. La Lydie (littoral actuel de la Turquie occidentale), où coule le fleuve Pactole, symbole de la richesse, passait, dans l'Antiquité déjà, pour le berceau de la monnaie d'or. Il s'agissait plutôt d'un alliage d'or et d'argent, l'électrum, poinçonné à des fins monétaires, à partir de la fin du VIIe s. Les premières émissions de monnaie d'or (à 98 %) ont été faites par Crésus (561/46 av. J.-C.) dont le nom est devenu le symbole de la richesse. À la recherche des grands gisements L'or produit du marché À la recherche des grands gisements Depuis l'Antiquité, les monnayeurs n'étaient pas les seuls clients des producteurs d'or ; la bijouterie, l'orfèvrerie fabriquaient des parures et des pièces de vaisselle réservées aux riches et aux puissants. La recherche de l'or, autant que celle des épices, fut une des raisons des voyages de découverte à partir de la fin du XVe s. On estime à 200 tonnes l'or américain rapporté en Espagne pendant le XVIe siècle, alors que de l'an 1000 à 1500 l'Espagne, le Portugal, l'Italie, la France et l'Angleterre n'en avaient produit que quelques dizaines de tonnes. L'importance d'un stock d'or devint le fondement de la puissance des États. Le jurisconsulte et économiste Jean Bodin perçut déjà au XVIe siècle qu'il existait une relation étroite entre l'accroissement du numéraire et l'augmentation du cours des marchandises. Les grandes découvertes aurifères du XIXe siècle ont accompagné les grandes étapes technologiques qui modifièrent la vie économique. Au moment où l'énergie de la vapeur prit son premier développement dans les chemins de fer, l'aventure californienne commença. Le 24 juin 1848, neuf jours avant la signature du traité par lequel le Mexique cédait un immense territoire, dont la Californie, aux États-Unis, on découvrit de l'or fluviatile dans la propriété d'un immigré suisse. Ce fut l'occasion de la première ruée vers l'or ; en deux ans, la production atteignit 45 millions de dollars, le triple de la somme payée au Mexique pour la cession de 5 États. Trois pionniers scandinaves découvrirent en 1898, dans le district de Nome, en Alaska, des gisements qui déclenchèrent une formidable ruée. Au Canada, dans l'été 1896, un prospecteur et un Indien découvrirent les graviers aurifères du Klondike : 30 000 chercheurs s'y précipitèrent au prix d'un épouvantable voyage. Depuis 1851, l'Australie connaissait une aventure similaire ; en 10 ans, la population y augmenta de 150 % et elle devint le premier producteur mondial en 1903. 00020000068A00000FB4 684,Mais l'Afrique du Sud était déjà entrée dans la compétition. Sur un plateau sauvage, le Witwatersrand, plus simplement appelé le Rand, l'or fut détecté en 1886. Les prospecteurs y créèrent un campement qui s'érigea en commune et prit le prénom du président Krüger : Johannesburg. Au début du XXe s., ces gisements provoquèrent la constitution de la plus grande exploitation aurifère de l'humanité. L'or produit du marché Banalisé, l'or est devenu une marchandise dont le cours est régi par la loi de l'offre et de la demande. Le cours de l'or résulte de plusieurs facteurs : a) l'offre de l'URSS puis de la Russie, deuxième producteur mondial, qui se procure des devises fortes pour régler ses besoins économiques les plus urgents (l'URSS et ses alliés auraient secrètement vendu 54 tonnes d'or en 1971, plus de 400 en 1976, 1977 et 1978, et encore 207 tonnes en 1982 ; b) la conjoncture politique internationale qui, dans les moments de tension, provoque des placements or de précaution ; c) les taux d'intérêts des produits de placement, par exemple les bons du Trésor américains, tandis que l'or est stérile en termes de revenu ; d) l'évolution de la conjoncture économique. Des facteurs ponctuels influencent aussi le marché : le FMI a, par exemple, revendu 1 550 tonnes d'or entre 1976 et 1980, le Trésor américain a cédé 305 tonnes d'or entre 1977 et 1979. L'or qui n'est pas mis sur le marché est entreposé par les banques centrales ou les particuliers. Le total de ce stock est évalué à 70 000 tonnes. En 2001, les grands producteurs sont désormais l'Afrique du Sud (430 tonnes), les États-Unis (350 tonnes), l'Australie (290 tonnes) et la Russie (150 tonnes).