OMAN (sultanat d')
État situé au S.-E. de la péninsule Arabique, entre la Fédération des Émirats arabes unis, l'Arabie Saoudite, le Yémen, la mer d'Oman et le golfe d'Oman ; capitale Mascate. Jusqu'en 1970, le sultanat d'Oman porta le nom de sultanat de Mascate-et-Oman. Cette région fut dès la plus haute Antiquité en relations commerciales avec les civilisations de la Mésopotamie, de la Perse et de l'Inde. Vers le milieu du IIIe millénaire, le « pays de Magan » faisait des échanges avec Sumer. En 536 av. J.-C., les Perses s'emparèrent d'Oman. Au début de notre ère, les marins d'Oman avaient pratiquement monopolisé le commerce entre la Méditerranée et le monde asiatique, jusqu'à la Chine. Conquis par l'islam au milieu du VIIe s., le pays d'Oman fit partie nominalement du califat de Bagdad, mais, en 751, se rallia au kharidjisme (v.) et défia les efforts tentés par le calife Haroun el-Rachid pour rétablir l'orthodoxie sunnite (v.). Durant tout le Moyen Âge, le pays poursuivit ses relations étroites avec les ports de l'Inde, mais se heurta dès le début du XVIe s. à la concurrence européenne. En 1508, Albuquerque s'empara de Mascate, puis s'établit à Ormuz (1519), assurant ainsi le contrôle absolu du golfe Persique aux Portugais, qui ne furent expulsés par les Arabes d'Oman qu'en 1650. Au cours des XVIIe/XVIIIe s., les imams yaroubides d'Oman réussirent à étendre leur puissance du golfe Persique, par la conquête de Bahrein sur les Persans, à l'Afrique orientale, où ils possédaient Zanzibar (v.). Les Persans, qui avaient occupé Oman en 1737, en furent chassés en 1744 par un ancien chamelier, Ahmed ibn Saïd, du clan des Bou Saïd ; un de ses descendants renversa l'imam en 1793 et fonda le sultanat de Mascate, qui, sous le nom d'Oman, est encore gouverné aujourd'hui par la même dynastie. En 1798, les Anglais, soucieux de fermer à la France cette importante étape de la route des Indes, conclurent un traité d'amitié avec le sultan et, peu à peu, établirent leur protectorat sur Oman-et-Mascate. En 1856, le sultanat de Mascate fut séparé en deux royaumes, Mascate (l'actuel Oman) et Zanzibar. Par un nouveau traité (1891), le sultan s'engagea à ne céder aucune partie de son territoire à une autre nation que le Royaume-Uni. Au cours du XXe s., le sultan dut demander à plusieurs reprises l'intervention des forces britanniques contre les tribus rebelles (membres d'une secte du kharidjisme). La découverte de terrains pétrolifères dans la région de l'oasis de Bureimi provoqua à partir de 1952 une contestation aiguë entre l'Arabie Saoudite et le sultan d'Oman, cependant que l'imam des tribus ibadites de l'intérieur, dont les rapports avec le sultan étaient réglés par le traité d'el-Sib (1920), affirmait lui aussi ses prétentions sur ce territoire. Déposé en 1955, l'ancien imam Ghaleb ibn Ali, armé par l'Arabie Saoudite, essaya de soulever l'Oman contre le sultan Saïd ibn Taïmour, mais celui-ci fut soutenu par l'Égypte et par la plupart des autres États arabes. Commercialisée à partir de 1964, la production de pétrole atteignait, au début des années 1970, quelque 15 millions de tonnes par an. En dépit de l'afflux des revenus pétroliers, le sultan voulait maintenir son peuple sous la loi d'un rigide traditionalisme : le territoire était interdit aux journalistes étrangers, l'interdiction de fumer et de porter des vêtements à l'européenne était rigoureusement appliquée. Aux confins de la république démocratique et populaire du Yémen, dans le Dhofar, se développait un mouvement révolutionnaire, ravitaillé en armes par le Yémen du Sud, la Chine populaire et l'URSS. 0002000006EF00000E05 6E9,Par le coup d'État du 23 juill. 1970, le prince héritier, Kabous ibn Saïd, renversa son père. Il entreprit de mettre fin à l'isolement du sultanat et de moderniser le pays ; il construisit des hôpitaux, et, appelant des enseignants d'Égypte, de Palestine et de Jordanie, il dota le sultanat d'un système d'enseignement. Entre 1970 et 1976, le nombre des élèves des écoles primaires passa de 900 à 65 000 ; l'enseignement secondaire et l'enseignement des filles furent créés de toutes pièces. En 1971, le sultanat d'Oman obtint son admission dans la Ligue arabe et à l'ONU. Les relations diplomatiques avec l'Arabie Saoudite furent renouées. En 1977, un conflit armé avec le sultanat de Ras el-Kheyma (v. ÉMIRATS ARABES UNIS), soutenu par l'Iran, pour le contrôle d'une zone riche en sites pétrolifères, fut évité de justesse. Le changement de régime à Téhéran redonna un nouvel élan à l'activisme terroriste dans le Dhofar à laquelle le sultan Kabous mit fin en alliant la reconquête militaire, avec l'appui des Britanniques, à une politique de développement. Après 1980, son pouvoir se trouva renforcé par l'installation de quatre bases militaires américaines, navales et aériennes, destinées à contrôler le détroit d'Ormuz par lequel transitent les pétroliers. Le sultanat, qui n'appartenait pas à l'OPEP, bénéficiait également de son ouverture sur l'océan Indien, au-delà du golfe Persique embrasé par la guerre Iran-Irak. Par l'exploitation de gisements de cuivre et de gaz naturel découverts en 1989, le sultanat tenta de diminuer sa dépendance à l'égard de ses ressources pétrolières. La seconde guerre du Golfe, qui entraîna une diminution de la production de pétrole du Koweït et de l'Irak, lui permit d'augmenter encore sa production dans les années 1989/2000.