ODOACRE
Roi des Hérules (476/93). De la tribu germanique des Skires, il se mit au service des Romains après la destruction de sa tribu par les Ostrogoths. Il prit la tête d'une révolte des soldats germains de l'Empire et signa la fin de l'empire d'Occident en prenant Rome et en déposant Romulus Augustule (476), qu'il avait pourtant précédemment contribué à installer sur le trône. Devenu maître de l'Italie pour le compte de l'empereur d'Orient Zénon, Odoacre entama la réorganisation du pays, annexa la Sicile et protégea les marches septentrionales de la péninsule en pratiquant une politique d'amitié avec les Wisigoths de Gaule, en occupant la Dalmatie et en battant les Ruges sur le Danube. Sa puissance grandissante inquiétant Zénon, celui-ci poussa Théodoric, roi des Ostrogoths, à envahir l'Italie (489). Après trois ans de résistance, Odoacre dut capituler en 493 et fut assassiné par Théodoric.
Odoacre (433-493) ; roi germain, régent de l’Empire romain d’Occident.
Rien n’est plus faux que l’idée selon laquelle la déposition du dernier empereur romain d’Occident, Romulus Augustulus, par le chef des mercenaires germains O. aurait marqué la fin de l’Empire romain d’Occident et constituerait ainsi le dernier acte de l’histoire ancienne. Le rôle historique d’O. est sans doute déterminant. Cependant il ne provoque pas la destruction de l’Empire, mais cherche au contraire à le maintenir sur de nouveaux fondements. Issu d’une famille dirigeante de la tribu germanique orientale des Skires, qui, comme les Oslrogoths et les Gépides, avait été soumise aux Huns, fils d’un conseiller germain d’Attila, O., après l’anéantissement de son peuple par les Ostrogoths en l’an 469, entre dans la garde de l’empereur romain d’Occident Anthémius alors que son frère aîné avait fait carrière en Orient. Au cours du conflit qui oppose l’empereur à son maître de la milice, Ricimer, O. passe du côté de ce dernier. En août 476, en Italie, il prend contre le successeur de Ricimer, Oreste, la tête; d’une mutinerie des troupes romaines de mercenaires (des Barbares) et en profite pour se faire élire roi à Pavie. Oreste est battu et tué, et l’empereur, le jeune fils d’Oreste, Romulus (au sobriquet d’Augustulus, c’est-à-dire petit empereur), renversé. Pour l’histoire romaine du Ve siècle, le procédé suivi par O. n’avait jusque-là rien d’inhabituel. Il est nouveau en revanche que le souverain du moment laisse inoccupé le trône impérial d’Occident devenu vide. Cette disposition ne vise nullement à démanteler ce qui restait de l’Empire d’Occident et à instaurer à sa place, selon l’exemple wisigoth, un État germain indépendant. Au contraire les parties occidentale et orientale de l’Empire devaient être réunifiées sous la direction de l’empereur d’Orient, l’Occident conservant cependant l’indépendance qu’il avait eue jusque-là sous la forme d’une régence qu’O. entendait exercer lui-même, en tant que représentant de l’empereur. De cette manière sont réunies en une seule personne les trois autorités dont l’opposition continuelle avait empêché au Ve siècle le gouvernement de l’Empire de fonctionner : celle de l’empereur, celle du chef suprême de la milice et celle du roi de l’armée du peuple germain « fédéré », qui est désormais en Occident l’unique force armée. Cette conception audacieuse, qui témoigne du sens politique et de l’imagination de son auteur, met fin à la longue crise de l’Empire d’Occident. L’empereur d’Orient, Zénon, reconnaît la régence d’O., et le Sénat romain, qui représente la classe politique romaine, soutient ouvertement le nouvel ordre. Après douze ans d’un règne judicieux, qui apporte à l’Empire d’Occident, limité presque à l’Italie, une période de paix intérieure et extérieure dont il avait été longtemps privé, un conflit avec l’empereur Zénon pousse celui-ci (487) à substituer à O., son maître de la milice ostrogoth, Théodoric. Face aux Goths qui ont la supériorité numérique, O. a finalement le dessous. Quand il meurt en 493, tué par son rival, il pose, avec ses derniers mots, la question la plus obscure de l’Histoire : « Où est Dieu ? » Mais il lègue à l’Italie la forme de gouvernement qui sera la sienne jusqu’à la reconquête de Justinien.
Bibliographie : L. Musset, Les Invasions. Les vagues germaniques, 1969 ; A. Chastagnol, La Fin du monde antique, 1976.
ODOACRE (v. 433-Ravenne, 493 ap. J.-C.). Roi des Hérules, une tribu de Germains (476-493 ap. J.-C.). Devenu l'un des chefs de la garde impériale romaine, il se révolta et détrôna en 476 ap. J.-C. le jeune empereur Romulus Augustule, provoquant la chute de l'Empire romain d'Occident (les historiens fixent à cette date la fin de l'Antiquité et le début du Moyen Âge). Odoacre devenu maître de l'Italie renvoya à Zénon, empereur romain d'Orient, les insignes impériaux, voulant ainsi montrer le rétablissement de l'unité de l'Empire romain. Mais Zénon, inquiet de la puissance grandissante d'Odoacre, lança contre lui le chef des Ostrogoths, Théodoric le Grand, qui l'assiégea dans Ravenne (490-493 ap. J.-C.) et l'assassina. Voir Empire romain d'Orient.