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OBJECTAL / OBJECTIF / OBJECTION / OBJECTIVATION / OBJECTIVISME / OBJET

OBJECTAL, adj. Terme de psychanalyse qualifiant un amour qui a un objet autre que le sujet lui-même. L’amour objectai s'oppose à l'amour narcissique.
OBJECTIF, adj. et n.m. (lat. objicere « se mettre devant », « présenter »). I. Comme adjectif. ♦ 1° Chez les scolastiques et chez Descartes, le couple objectif /formel a un sens très particulier. Est objectif ce qui existe dans la pensée, est formel ce qui existe réellement, en dehors de l’esprit. Pour Descartes, le soleil a une réalité objective dans mon esprit et une réalité formelle dans le ciel. Cette distinction permet de comprendre la preuve que Descartes donne de Dieu dans la troisième Méditation. L’idée de Dieu a, dans l'esprit du philosophe, une réalité objective. La cause de cette idée doit avoir une réalité formelle. Elle n’est pas en Descartes. Donc, Dieu existe. ♦ 2° Ultérieurement, en termes de philosophie idéaliste, « objectif » s’applique à ce qui constitue un objet de pensée valable, c'est-à-dire universellement admis ; par opposition, le subjectif s’appliquera à un objet de pensée qui est ma représentation à moi. Comme dit Lachelier (dans le Vocabulaire technique et critique de Lalande), l’objectif est ce qui est « le fondement de l’accord des esprits », « ce qu'on a raison » de se représenter, une « représentation de droit ». En termes de philosophie réaliste, et aussi dans l'usage ordinaire, est « objective » la réalité indépendante des consciences. On peut entendre par là : a) Les faits d’expérience, tels qu’ils s'imposent à moi ; b) Ce qui découle des principes de la raison et qui donne le sentiment d'une évidence absolue : les conclusions mathématiques ; c) Ce qui est pour moi objet d'intuition intellectuelle comme le juste, le bien, et qui correspondrait au monde platonicien des idées. ♦ 3° Un esprit objectif, une personne objective s’appliquent à être fidèles à la réalité, à en rendre compte exactement, sans se laisser entraîner par leurs préférences ou leurs manières de voir personnelles (un historien objectif, un informateur objectif). II. Comme substantif, l’objectif est : ♦ 1° En optique, la lentille d’un appareil qui se trouve du côté de l'objet observé. ♦ 2° Dans l’armée, le point sur lequel une attaque est dirigée. ♦ 3° Dans le langage courant, le but à atteindre.
OBJECTION, n.f (lat. objectio « action de placer devant, d’opposer »). ♦ 1° Argument de nature à infirmer une thèse. Les Méditations de Descartes sont suivies « d’objections variées d'hommes savants sur ces démonstrations de Dieu et de l'âme », et des réponses à ces objections. Les premières sont présentées par un théologien des Pays-Bas, Caterus. Les secondes viennent de divers théologiens et ont été rassemblées par le père Mersenne. Les troisièmes sont de Hobbes. Les quatrièmes, d'Arnauld. Les cinquièmes, de Gassendi. Les sixièmes, d’un groupe de théologiens. Les septièmes, du père Bourdin. ♦ 2° Principes qui s’opposent à une loi. L'objection de conscience est celle qu'un citoyen peut opposer au nom de ses principes moraux ou religieux à l’exécution de certaines lois : faire la guerre, s'y préparer, contribuer à un avortement.
OBJECTIVATION, n.f ♦ 1° Processus par lequel une sensation est interprétée comme un signe qui manifeste l'existence d’un objet extérieur. L'objectivation est un élément naturel, constitutif de l’image sensible : spontanément, nous la rapportons à quelque chose, à un objet. Dans l’illusion et l’hallucination, les sujets croient indûment qu’un objet réel correspond à des impressions subjectives. ♦ 2° Schopenhauer appelle objectivation la manifestation, sous forme de phénomènes, de la Volonté qui est, pour lui, la réalité fondamentale, (v. le Monde comme Volonté et comme représentation).
objectivation, acte de projeter au-dehors certaines de nos sensations internes. — Par exemple, si je suis piqué, je rapporte immédiatement ma piqûre à une cause extérieure; si j'ai chaud, même si mon voisin a froid, je dis : « Il fait chaud. » Le passage de la sensation (« J'ai chaud ») à l'affirmation objective (« Il fait chaud ») est précisément celui du sentiment subjectif à l'affirmation objective. Si la tendance à objectiver nos états est une tendance naturelle, elle n'est pas toujours légitime : elle ne le devient que lorsque l'objectivation a un caractère universel, lorsque tout le monde reconnaît, par exemple, qu'il fait chaud; on atteint alors à une certaine objectivité. Mais comme il existe aussi bien des illusions collectives (visions de lueur, sentiment d'une vérité historique; de même qu'une foule qui a couru peut avoir chaud même s'il « fait » froid), l'objectivation ne peut posséder une objectivité scientifique que si elle s'accorde avec les lois générales de la science (dont les instruments scientifiques — thermomètre, mesure des lois économiques qui régissent l'histoire, etc. — donnent l'expression directe). En résumé, il faut reconnaître à l'objectivation soit une valeur subjective (1er cas), soit une valeur générale (2e cas : affirmation collective), soit enfin une valeur universelle (3e cas : objectivité scientifique).
OBJECTIVISME. n.m. ♦ 1° Attitude mentale caractérisée par l’importance donnée à l'objet comme réalité indépendante de l’esprit. Elle se manifeste dans différents domaines : comme théorie de la perception, comme théorie des valeurs, comme théorie juridique. En ce sens, l’objectivisme est un réalisme. ♦ 2° Attitude mentale se bornant à l'observation objective en psychologie, en sociologie, en histoire. En ce sens, l’objectivisme est un positivisme.
OBJECTIVITÉ, n.f. Dérivé de objet (lat. objicere « placer devant »). ♦ 1° Propriété de ce qui est donné à l’esprit dans l'expérience ou dans la pensée. ♦ 2° Propriété de ce qui existe en dehors de l'esprit qui le pense. Malebranche disait : « Mes idées me résistent. » Objectivité du bien et du mal, objectivité des idées platoniciennes. + 3° Attitude d'esprit consistant à voir les choses comme elles sont, à ne pas les déformer en fonction de préjugés ou d’intérêts personnels {objectivité du savant). ♦ 4° Ce terme est forcément ambigu, et n'a pas tout à fait le même sens suivant qu'on adopte une philosophie idéaliste ou une philosophie réaliste. D'un point de vue idéaliste, l'objectivité est ce qui permet l'accord des esprits, l'universalité du jugement. Le point de vue réaliste se retrouve dans les sens 2° et 3° ci-dessus. ♦ 5° L'objectivité absolue de la pensée est-elle possible ? C'est un sujet de discussion. Nous pensons toujours d'un certain point de vue et avec ce que nous sommes. L'objectivité absolue est, sans doute, difficile à atteindre. Elle est l'idéal de l'exercice de la pensée. Pas de vérité sans objectivité.
OBJET. n.m. (lat. objicere « placer devant »). ♦ 1° Ce qui se présente à la connaissance : « Tout ce qui se présente aux sens ou à l'esprit » (CONDILLAC) ♦ 2° Réalité matérielle ayant une unité constitutive et des dimensions qui permettent de la manipuler facilement. Ce que nous appelons une « chose » (un stylo, une lampe, une montre) sont des objets. Une maison n'est pas un objet. ♦ 3° La réalité visée ; ce qui constitue le motif d'une action, la matière d'un travail {l'objet d'une lettre, l'objet d'une discussion). ♦ 4° En philosophie. Dans le couple objet/sujet, le sujet est l'esprit qui a des représentations, qui pense ou qui agit ; l'objet est ce que l'esprit se représente, ce qu'il pense, ce qu'il cherche à connaître, ce qu'il se propose de faire. L'objet a pour caractéristique son extériorité par rapport au sujet. ♦ 5° Ce qui nous apparaît dans la perception avec les caractères fixes et stables de la réalité extérieure. Ce qui se présente à la pensée comme indépendant de l'idée que je puis en avoir, comme existant en soi.
OBJET (n. m., étym. : latin ob-jectum : ce qui est placé devant ; # chose). 1. — Tout ce qui est présenté par la perception, avec un caractère stable et indépendant du sujet (objet externe) ; pour la phénoménologie, l’objet est déterminé par la visée de la conscience (cf. sens 3). 2. — Tout ce qui se présente à un sujet, s’offre à la pensée, et qui est distinct de l’acte de représentation ou du sentiment (donc du sujet), c.-à-d. aussi bien le percept, l’image, l’idée, que l'objet externe ou la personne aimée. 3. — Le but qu’on se propose d’atteindre (cf. un objectif). 4. — Objet transcendantal : pour Kant, la pensée étant l’acte qui consiste à rapporter à un objet une intuition donnée, si la nature de cette intuition n’est pas donnée, l’objet est simplement transcendantal, c’est-à-dire que la pensée n’est pas pensée de quelque chose, mais exprime seulement l’unité de la pensée d’un divers en gén. (# noumène ou chose en soi). 5. — Objet d’une science : on peut entendre par là soit le but d’une science, soit la partie de la réalité à laquelle elle se rapporte ; mais l’épistémologie moderne désigne sous ce terme tout résultat abstrait de l’élaboration scientifique correspondant à un certain domaine (une science a des objets qu’elle construit). 6. — Objet de la pulsion : pour Freud, ce par quoi ou en quoi la pulsion peut atteindre son but qui est la satisfaction. 7. — Relation d’objet (psycho.) : terme désignant l’interrelation du sujet à son monde variant suivant son développement, selon des types spécifiques (relation d’objet mélancolique). 8. — Objectale (libido —) : (psychan.) désigne pour Freud l’investissement de la libido sur un objet externe, par opposition à l’investissement sur le moi (libido du moi). 9. — Objection : argument opposé à une thèse ; Syn. réplique (scol.). 10. — Objectivation : a) Acte par lequel on confère à quelque chose le statut d’objet (objectiver un sentiment, c’est le penser, lui ôter son statut immédiat de sentiment), b) Processus par lequel quelque chose acquiert le statut d’objet.


Objet Du latin objectum, «ce qui se montre» (participe passé substantivé de objicere, « jeter devant »). - Tout ce qui s’offre aux sens, et notamment à la vue. - Ce qui occupe l’esprit, ce à quoi s’applique la pensée ou l’action (exemple : l’objet d’une réunion). - La chose même qui est pensée, par opposition au sujet qui la pense. • L'opposition de l'objet et du sujet peut s'établir de deux façons : ou bien on reconnaît à l'objet une existence indépendante de la connaissance qu'en a le sujet (point de vue du réalisme) ; ou bien l’on considère que l'objet, tel qu'il est appréhendé par le sujet, est la seule réalité connaissable (point de vue de l'idéalisme transcendantal).