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NIHILISME

Du latin nihil, « rien ». - Scepticisme absolu, négation totale de toute hiérarchie des valeurs. - En politique, doctrine qui refuse toute contrainte de la société sur l’individu. - Chez Nietzsche, effondrement de toutes les valeurs, perte du sens, « mort de Dieu » qui conduit à la dépréciation de la vie. • Nous entrons dans l’ère du nihilisme, écrit Nietzsche, quand il n'y a plus de réponse à la question « À quoi bon ? ».  

NIHILISME, n.m. (lat. nihil « rien »). État d’esprit qui ne trouve aucune référence solide pour appuyer des jugements ou des décisions. On distingue diverses formes de nihilisme. ♦ 1° Métaphysique. C'est la négation de la réalité de l’absolu. On la trouve soutenue, dans le Gorgias de Platon, par Gorgias. ♦ 2° Critique. C’est l’affirmation que, après avoir examiné nos moyens de connaissance, nous ne pouvons rien connaître du réel. ♦ 3° Politique. Thèse répandue en Russie, dans la deuxième moitié du XIXe siècle, qui récuse toute organisation sociale, au nom des droits de l’individu. (Tourgueniev, Pères et enfants.) C’est une forme d’anarchisme. ♦ 4° Moral. C’est le refus de reconnaître l’objectivité des valeurs morales, un regard négatif qui ne trouve en elles que des illusions, la découverte du « néant de l’idéal ». — Le nihilisme a pris diverses formes dans la pensée moderne, en particulier chez Nietzsche et dans la littérature existentialiste. Il peut conduire soit au pessimisme, soit au sursaut que constitue la création de valeurs. (« Camus ».) Il est toujours caractérisé par le subjectivisme et l’opposition à toute métaphysique. Heidegger a vu, dans le nihilisme, une crise caractéristique des temps modernes. Il a analysé, en particulier, le nihilisme nietzschéen. Pour Heidegger, le nihilisme va de pair avec l’ « oubli de l’être ». Pour y remédier, il faut donner à la métaphysique une nouvelle forme, qui cherchera la « vérité de l'être ». (« Heidegger ».).

nihilisme

Doctrine niant l'existence de toute vérité, de toute réalité et de toute valeur.

Commentaire Le terme nihilisme est employé pour la première fois par Ivan Tourgueniev, pour caractériser Bazarov, « l'homme nouveau » du roman Pères et Fils (1862). En réaction contre le gouvernement tsariste, les classes cultivées russes s'organisèrent contre les institutions de leur pays, à l'avènement d'Alexandre II (1855). La répression du soulèvement polonais de 1863 puis l'écrasement de la Commune de Paris en 1871 avivèrent leurs énergies. D'abord tournés vers la simple spéculation, les nihilistes, sous l'influence de Tchernychevski, qui fustigeait autant le capitalisme que l'injustice sociale russe, voulurent passer à l'action et tentèrent de répandre leurs idées dans les campagnes. Même si le mouvement primitif ne le prévoyait pas, certains, dans leur lutte ouverte contre le gouvernement central, s'allièrent aux anarchistes, dont Bakounine, auteur de l'État et l'Anarchie (1873), et participèrent à de nombreux attentats terroristes contre le tsar lui-même, qui tomba sous leurs bombes le 1er mars 1881. À partir de cette date, de nombreux modérés quittèrent le mouvement devenu terroriste. Les nihilistes convaincus rejoignirent alors les anarchistes, dont le but avoué était la destruction du régime sans instauration d'un nouvel état social.

Citation Le nihilisme n'est pas seulement désespoir et négation, mais surtout volonté de désespérer et de nier. (Albert Camus, l'Homme révolté.)

nihilisme, négation de toute croyance. — Le nihilisme apparut en Russie, au XIXe siècle, d'abord comme une attitude, un « état de désespérance » propre à tous ceux qui ne savent « que faire » de leur vie; il devint ensuite une doctrine, énoncée par Dobrolioubov (1836-1861) et Pissarev (1840-1868) [profondément inspirés par le positivisme d'Auguste Comte], dont l'objectif immédiat est de balayer toutes les idées acquises (théologie, esthétique, etc.), tous les préjugés sociaux, et dont le but ultime est d'instaurer, sur des données scientifiques, une société nouvelle apte à assurer le bonheur des masses. Après 1870, le nihilisme évolue, sous l'influence de Tchernychevski (1828-1889), dans le sens d'une critique du capitalisme et de l'injustice sociale en Russie. Par réaction aux poursuites gouvernementales et à l'instigation d'agitateurs, certains nihilistes participent à des attentats anarchistes, qui ne faisaient pas partie du programme primitif. Ainsi se fait la liaison avec des hommes tels que Bakounine, dont l'Etat et l'anarchie (1873) recommande de « détruire le plus possible, le plus rapidement possible ». Le nihilisme se confond alors avec tous les mouvements qui visent à détruire le régime du tsar : son objet est la destruction totale des structures sociales, sans aucune intention positive de renouveau. Le nihiliste s'identifie à l'anarchiste, pour lequel la destruction et la lutte révolutionnaire constituent une fin en soi. Il s'oppose au véritable révolutionnaire, dont le but n'est pas de détruire, mais d'instaurer un ordre nouveau.

NIHILISME (n. m., étym. : latin nihil : rien). 1. — (Lato) Toute doctrine qui nie l’existence d’un absolu, de la vérité, des valeurs morales. 2. — (Stricto) Courant de pensée et état d’esprit marqué par la désespérance (« Que faire ? », Tcheruychevski), propre à la Russie du xixe siècle. Disciples d’A. Comte, les premiers nihilistes pensent que le progrès social passe par une étude scientifique des questions économiques. Mêlés aux anarchistes, les nihilistes seront confondus avec eux : « A toute vapeur, à travers la boue ; détruisez le plus possible ; ne résistera dans les institutions que ce qui est fondamentalement bon » (Netchaïev). 3. — Par ext., désigne l’état d’esprit de celui qui trouve que la vie ne vaut pas la peine d’être vécue.



NIHILISME (Du latin nihil, rien.) Doctrine selon laquelle l’absolu n’existe pas, comme l’affirment déjà, dans l’Antiquité, le sophiste Gorgias et, d’une manière générale, les sceptiques grecs. ♦ Au xixe siècle, le nihilisme constitue d’abord un courant de pensée - surtout professé par des intellectuels russes aux environs de 1860-1870 (Dobrolioubov, Tchernychewski, Pisarev) - caractérisé par le pessimisme métaphysique dans le prolongement du positivisme de Comte, et le scepticisme à l’égard des valeurs traditionnelles (morales, théologiques, esthétiques) ; le tout accompagné du projet de construire la société sur des bases scientifiques. Proche de la formule de Dostoïevski : « Si Dieu n’existe pas, tout est permis » et en tirant les conséquences, le nihilisme se confond plus tard avec l’individualisme anarchiste qui vise la destruction de l’Etat. ♦ Chez Nietzsche, le nihilisme désigne en premier lieu l’absence de fins assignables - « les fins manquent » - qui permettraient a priori de donner un sens à la vie humaine : « le devenir est sans but », d’autant plus que « Dieu est mort ». Il correspond en outre à la « décadence » et à la « régression de la force spirituelle » que l’auteur croit observer en Occident. À ce nihilisme passif, Nietzsche oppose un nihilisme actif qui, par destruction et transmutation des valeurs traditionnelles essentiellement chrétiennes, créera un monde nouveau où s’affirmera la « puissance accrue de l’esprit ». ♦ Chez Heidegger, le nihilisme correspond à l’ultime étape de l’oubli de l’être (le XXe siècle) : à partir du moment où il n’en est plus rien de l’être et de la vérité, l’homme s’obnubile sur l’étant et détruit la nature.

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