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NERVAL Gérard Labrunie, dit Gérard de

NERVAL Gérard Labrunie, dit Gérard de 1808-1855

Gérard Labrunie est né à Paris, 96 rue Saint Martin, le 22 mai à vingt heures. Son père est médecin militaire, sa mère Marie-Antoinette Marguerite, fille d'un marchand linger des halles. Elle mourra deux ans plus tard, âgée de 25 ans, à Gros-Glogau, en Pologne, où elle sera inhumée. Le petit Gérard passe ses premières années avec son grand-oncle, près de Mortefontaine, dans le Valois, où il continuera de venir en vacances. C'est à un lieu de cette enfance, le clos de Nerval, qu'il empruntera son pseudonyme. En 1814, son père ayant regagné Paris, Gérard revient vivre avec lui. Il sera externe au lycée Charlemagne où il aura Théophile Gautier pour condisciple et ami. En 1826, il se fait remarquer en publiant les Elégies nationales: on voit en lui le successeur de Casimir Delavigne, le poète officiel du temps. Mais lui vise ailleurs : il achève la traduction du Faust de Goethe, fréquente le Cénacle de Victor Hugo en compagnie de Gautier et de Pétrus Borel, assiste, ou plutôt participe à la première d'Hernani, fait deux séjours à la prison de Sainte Pélagie, pour tapage nocturne, tout en poursuivant des études de médecine, pour complaire à son médecin de père. En 1833 il rencontre Jenny Colon, une comédienne qui sera le grand amour de sa vie; pour elle il se ruinera, engloutissant dans le naufrage du Monde Dramatique, un journal qu'il fonde pour louer son talent dramatique, les vingt mille francs de l'héritage maternel; pour elle il écrit une pièce de théâtre, Piquillo, qui n'est pas un chef-d'oeuvre. Las, la belle ne l'entend pas de cette oreille, ni d'aucune d'ailleurs, puisqu'elle épouse (en 1838) un dénommé Leplus, flûtiste à l'orchestre de l'Opéra Comique. Ces cinq ans, Nerval les a vécus en voyageant, en collaborant à divers journaux. C'est, malgré la froideur de son amoureuse, la période la plus heureuse de sa vie, période qui se prolonge avec des hauts et des bas jusqu'en 1841. En butte à des soucis matériels croissants, éprouvé par des échecs au théâtre où il pense qu'il forcera la gloire, surmené par ses travaux de plume qui rendent peu, il a, au cours de cette année 1841, à deux reprises, des crises de folie. La mort de Jenny Colon, survenue en 1842, n'arrangera rien, même si des secours financiers lui apportent un peu de répit. En 1843, Nerval embarque pour l'Orient; d'Egypte et de Turquie où il reste jusqu'à la fin de l'année, il rapportera son Voyage en Orient. Après divers voyages en Europe, il inaugure en 1846 ses petits voyages aux environs de Paris, vers le Valois notamment, qu'il poursuivra jusqu'à la veille de sa mort. En 1848, il collabore avec Heine à la traduction des poèmes de ce dernier. Après de nouveaux échecs au théâtre, il entreprend en 1850 un voyage en Allemagne, pour se remettre de la sérieuse dépression dont il a souffert tout le début de l'année. Au cours des quatre années suivantes, plusieurs crises, dont une en septembre 1851 au cours de laquelle il est victime d'une chute grave, l'obligent à faire divers séjours dans des maisons de santé, chez le docteur Blanche notamment, qui, plus tard, soignera aussi Maupassant. Nerval ne cesse pas d'écrire, des oeuvres en prose, qui paraissent dans des journaux sous forme de feuilleton, et qui seront rééditées en volumes: Les Illuminés, Les Nuits d'Octobre, Petits Châteaux de Bohême, Les Filles du Feu. En 1853 il termine les Chimères, son seul recueil de poèmes. Sa santé n'est pas bonne, il vit en bohème, très souvent dans un extrême dénuement: ses crises de folie l'empêchent en effet de fournir le travail régulier qui lui permettrait d'un peu mieux vivre. En 1854, il rentre au début de l'été d'un dernier voyage en Allemagne, puis séjourne à nouveau chez le docteur Blanche. L'hiver arrive, qui cette année-là est très froid. Au matin du 26 janvier, on le découvre pendu dans le quartier des Halles, rue de la Vieille Lanterne. Longtemps considéré comme mineur et rangé dans la catégorie des romantiques du même calibre, Gérard de Nerval a traversé une longue période d'oubli ou du moins, de malentendu. On parlait toujours de l'écrivain exquis et délicat de Sylvie, on citait parfois quelques Vers des Chimères pour en dire qu'ils étaient beaux et hermétiques. Aujourd'hui justice lui a été rendue. Si les quelques poèmes des Chimères, il y en a une vingtaine, tous d'admirable facture, suffiraient pour faire de lui un grand poète — on y trouve quelques vers parmi les plus harmonieux qu'ait produit notre langue — c’est somme toute dans sa prose qu’il faut aller chercher le meilleur de son œuvre poétique. Dans Aurélia, par exemple, une nouvelle composée chez le docteur Blanche, retraçant son itinéraire intérieur, il explique comment il a favorisé «l’épanchement du songe dans la vie». Persuadé en effet qu’il existe entre cette vie et l’au-delà une correspondance, il voit dans le songe la porte qui mène au monde invisible . Rien d’étonnant si les surréalistes ont vu en lui l’un de leurs grands prédécesseurs.

NERVAL Gérard de (pseud. de Gérard Labrunie). Poète français. Né et mort à Paris (22 mai 1808-26 janvier 1855). Son père était chirurgien aux armées, sa mère, née Laurent, était la fille d’un marchand linger du quartier Saint-Eustache. Elle mourut en novembre 1810 à Glogau, en Silésie, où elle avait suivi son mari. Gérard fut élevé d’abord par un oncle, à Mortefontaine, puis externe au Lycée Charlemagne, où il fut le condisciple de Théophile Gautier. A dix-huit ans, il publiait ses premiers vers : les Elégies nationales, puis la traduction du Faust de Gœthe, qui lui valut une certaine renommée. Il est présenté à Hugo, se lie avec Pétrus Borel, Célestin Nanteuil, le sculpteur Jehan Duseigneur, fondant avec eux le « petit cénacle », noyau du mouvement « Jeune France ». D’esprit républicain, il participa à diverses manifestations estudiantines, qui lui valurent de séjourner, en 1832, à la prison de Sainte-Pélagie. Il avait commencé des études de médecine et s’employa dans la lutte contre le choléra durant l’épidémie de 1832. Ayant hérité de son grand-père, il fit un voyage en Italie durant l’année 1834. A son retour, épris de l’actrice Jenny Colon, il employa sa petite fortune à fonder Le Monde dramatique qui le ruina et passa en d’autres mains. C’est l’époque de la « Bohème galante », où il habite, impasse du Doyenné, avec ses amis Théophile Gautier, Camille Rogier, Arsène Houssaye, Édouard Ourliac. Il vit de collaborations à divers journaux, que Gautier, Alphonse Karr et d’autres camarades de lettres lui procurent. En 1838, Jenny Colon, à qui il avait adressé des lettres ferventes, épouse un musicien. Désormais, dans la mémoire de Gérard, la figure de l’actrice évoluera peu à peu vers une image mythique, qui habitera toutes ses grandes œuvres des dernières années. Cette même année, il fait avec Alexandre Dumas son premier voyage en Allemagne : c’est la patrie de Faust, le pays où est morte la mère de Gérard. De plus les deux amis vont se documenter sur Carl Sand, le meurtrier de Kotzebue, pour un drame, Léo Burckart, qu’ils écriront en collaboration, et qui sera joué en avril 1839. Ayant obtenu une mission officielle, Gérard passe quelques mois à Vienne dans l’hiver 1839-1840 et y rencontre Liszt et Marie Pleyel. Il la reverra quelques mois plus tard, ainsi que Jenny Colon, à Bruxelles, où on joue son Piquillo. Jusque-là, Gérard de Nerval n’est qu’un agréable littérateur parisien, un peu plus poète, un peu plus solitaire que les autres. Mais sa vie va changer. En février 1841, il a sa première crise de folie et passe plusieurs mois en maison de santé. « L’épanchement du songe dans la vie réelle » a commencé; ses meilleures œuvres seront inspirées par cette expérience. A la fin de 1842, quelques mois après la mort de Jenny Colon, Gérard part pour son grand voyage en Orient : îles grecques, Égypte, Syrie, Liban, Constantinople, Il travaillera longtemps aux récits de ce voyage, qui ne paraîtront sous leur forme définitive qu’en 1851 — v. Voyage en Orient . Divers voyages (Belgique, Hollande, Londres, et de nouveau l’Allemagne), la composition de drames et de livrets d’opéra, presque tous en collaboration, les tâches du journaliste occupent les années suivantes. Mais, à partir de 1851, les crises mentales se reproduisent, à des intervalles de plus en plus rapprochés. Nerval est interné plusieurs rois, d’abord chez le Dr Esprit Blanche, puis chez son fils, le Dr Émile Blanche, qui le soigna admirablement dans sa célèbre maison de Passy. Entre ces périodes d’internement, il continue à voyager (Belgique, Hollande, Allemagne) et s’en va souvent errer au pays de son enfance, le Valois. Il a publié en 1852 Lorély, souvenirs d’Allemagne, et Les Illuminés, recueil d’études sur quelques initiés et quelques personnages pittoresques. Ces deux ouvrages, comme déjà le Voyage en Orient, esquissent discrètement son mythe personnel, dont les images se dessineront, plus précises, dans les chefs-d’œuvre des trois dernières années. C’est alors, en effet, entre deux séjours à Passy ou pendant ces internements, que furent composés Sylvie et les autres filles du feu, les sonnets des Chimères, les évocations poétiques des Petits Châteaux de Bohême, de Promenades et Souvenirs, des Nuits d’octobre, et enfin l’œuvre testamentaire Aurélia ou le rêve et la vie où il essaye de reconquérir sur la confusion de la folie le monde des images qui forment son mythe personnel et qu’il tente d’élever à la signification d’une « vita nova » ou d'une « descente aux enfers ». Il a écrit cette grande œuvre durant son dernier voyage en Allemagne, en 1854, qui l'a peut-être mené jusqu’à la tombe de sa mère, en Silésie, il l’a continuée chez le Dr Blanche. Mais, à force de démarches et de sollicitations, il a obtenu une intervention de la Société des Gens de Lettres pour le faire sortir de la maison de santé. Son dernier hiver fut tragique. Démuni de ressources sûres, sans domicile fixe, sentant faiblir sa faculté d’écrire, il sombrait peu à peu dans le désespoir dont il croyait avoir triomphé en composant Aurélia. Vers la fin de janvier 1855, son dénuement est total. Il fait de discrètes visites à quelques amis, hisse chez sa tante un mot laconique : « Ne m’attends pas ce soir, car la nuit sera noire et blanche. » Et le 26 janvier au matin on le trouve pendu à une grille dans la rue de la Vieille Lanterne, au Châtelet. Le suicide ne fait pas de doute, en dépit des efforts de ses amis pour accréditer l’hypothèse d’un meurtre. Gérard de Nerval hissait, outre les œuvres précédemment citées, plusieurs récits comme La Main enchantée et un roman inachevé, Le Marquis de Fayolle.

♦ « C'est un esprit charmant et distingué... chez lequel, de temps en temps, un certain phénomène se produit, qui, par bonheur, nous l'espérons, n'est sérieusement inquiétant ni pour lui, ni pour ses amis... Alors notre pauvre Gérard, pour les hommes de sciences, est malade, et a besoin de traitement, tandis que pour nous il est tout simplement plus conteur, plus rêveur, plus spirituel, plus gai ou plus triste que jamais. » Alexandre Dumas père. ♦ « Le vers de Nerval est cette preuve d'existence individuelle que donnent si peu, contre toute attente et contre la promesse de leur appellation, nos écrivains romantiques... » Jean Giraudoux. ♦ « Dans le romantisme, qu'il traverse, et auquel il paraît étranger, Gérard de Nerval semble une apparition, la source autonome de son être et de son œuvre s'écoule à part, comme s'il était à la fois en avant de son époque et en arrière... Par le rythme de la folie et ses alternances, Gérard de Nerval ressemble à plusieurs figures de cet art allemand qu'il a cherché à faire aimer. » Pierre Jean Jouve. ♦ « Il se transcrit comme la manifestation d'une essence pure. Il n'y a plus rien dans l'auteur qui soit indigne d'une œuvre nécessaire. Mais il n'y a plus rien en lui qui soit supportable à l'existence. L’assomption vers l'éternel se compense par l'anéantissement... » Maurice Blanchot. ♦ « ... Je tient seulement à ce que l'on sache ce qui devrait pourtant éclater aux yeux, que rien dans ce livre [Aurélia] n'est fortuit ni fantaisiste, que le caprice n'y a aucune part, et que chaque affirmation, chaque description, chaque récit de Nerval peut se retrouver mille fois dans l'énorme savoir des initiés et des voyants de tous les âges. Et il serait vain d '« expliquer » les rêves de Nerval par ses lectures et sa connaissance très vaste... C'est parce que cette science, dans son principe, était inscrite, plantée entre ses yeux qu'il fut possédé toute sa vie du besoin d'en chercher des manifestations; autrement, on ne saurait expliquer qu'elle dominât si dramatiquement ses rêves. » René Daumal. ♦ « Ce qu'on appelle la folie de Nerval semble être venu d'une difficulté à distinguer entre, d'une part, la réminiscence, la sensation introvertie et, d'autre part, les révélations de l'intuition ou du guide intérieur. » Jean Richer.




La jeune Mme Labrunie, épouse d'un médecin-adjoint à la Grande Armée, est si éprise de son mari qu'elle préfère partir avec lui sur les champs de bataille — le règlement le permet — plutôt que d'élever Gérard, leur fils, né le 22 mai 1808 à Paris. En 1810, le médecin revient voir son fils, confié à une nourrice, dans le Valois. Seul. Sa femme est morte de fièvre, lors d'une retraite, en Silésie. Gérard, qui souffre de l'absence maternelle, est un enfant grave, passionné d'histoire et de généalogie. Il s'invente des ancêtres prestigieux. Au lycée Charlemagne, il s'enflamme pour les alchimistes. L'un de ses condisciples est Théophile Gautier, auquel il restera lié. À 18 ans, il traduit le Faust de Goethe. On le présente à Victor Hugo. Il participe, en gilet rouge, à la bataille d'Hemani. Bien qu'inscrit à la faculté de médecine (son père veut qu'il devienne médecin, comme lui), il décide d'être écrivain, sous le pseudonyme de Gérard de Nerval, du nom d'un champ de son grand-père, dont il hérite en 1834. Avec l'argent de l'aïeul, il voyage en Italie, s'installe dans un superbe appartement, donne des fêtes. Il est amoureux de l'actrice Jenny Colon, en qui il voit la femme idéale, la femme rêvée. Amour plus mythique que charnel. Depuis l'adolescence, Gérard, qui affabule volontiers, fait difficilement la part du rêve et du réel. Pour elle, il fonde une revue, Le Monde dramatique, dans laquelle il achève de se ruiner. Pour gagner sa vie, il devient l'un des nègres de Dumas et écrit avec lui Piquillo, une comédie lyrique dont le rôle principal est tenu par... Jenny Colon et qui obtient un grand succès. Pour le gouvernement, il effectue des voyages d'études en Belgique avec Gautier, en Allemagne en compagnie de Dumas (Léo Burc-kart et L'Alchimiste joués en 1839, Excursion sur les bords du Rhin, 1841). Gérard de Nerval est devenu une personnalité du Paris littéraire. Le seul qui ne lui trouve aucun talent est son père, le docteur Labrunie. Malgré la maturité physique, Gérard de Nerval garde un comportement d'adolescent, la naïveté le disputant à la mégalomanie. À 33 ans, il a ses premières crises de folie. Le père refuse de rendre visite à son fils interné. Lequel, provisoirement remis, part pour un périple méditerranéen: Égypte, Syrie, Italie... Son récit, Voyage en Orient, sera publié en 1851. À son retour, il traduit des poèmes de Heine, travaille comme critique dramatique, écrit des pièces, seul ou en collaboration... Il fait alterner voyages, travaux de journalisme et projets littéraires qui n'aboutissent pas. L'ésotérisme l'attire. Il sent sa raison chanceler. Ses crises de démence se succèdent. Entre 1852 et 1855, il écrit ses plus beaux textes : Sylvie, Les Filles du feu, Les Chimères, Aurélia... Mais la folie gagne. Ses propos deviennent incohérents, ses amis le fuient. À plusieurs reprises, il est interné dans la clinique du docteur Blanche — où sera aussi soigné Maupassant. Lorsqu'il est lucide, il a honte de son mal et se promène la nuit pour éviter les rencontres. Il vit misérablement, refusant toute aide. La nuit du 25 janvier 1855, il fait - 18 °C. Gérard de Nerval, qui a quitté sa chambre d'hôtel, est retrouvé au matin rue de la Vieille-Lanteme (aujourd'hui détruite) pendu au barreau de fer d'une fenêtre. Celui qui fut hanté par « le soleil noir de la mélancolie » s'en va sur un dernier mystère : pour mourir, il n'a pas quitté son chapeau. Certains en déduiront qu'il n'y a pas eu suicide, mais meurtre. À la tante chez qui il prenait parfois ses repas, il avait précisé l'avant-veille : « Ne m'attends pas ce soir, car la nuit sera blanche et noire. » Si l'on écarte les pièces de théâtre écrites en collaboration avec d'autres auteurs et les traductions, on peut distinguer, à travers son œuvre, deux Nerval : le conteur des Filles du feu, le promeneur des Nuits d'octobre, du Voyage en Orient, et le poète du mystère et de l'ésotérisme, dont les vers ont été abondamment commentés sans que l'on en découvre toutes les clefs et qui restent, par leur richesse intérieure, leur puissance symbolique, leur fulgurance, parmi les plus beaux de la langue française.


NERVAL, Gérard Labrunie, dit Gérard de (Paris, 1808-zd., 1855). Écrivain français. Poète romantique, dont l'oeuvre, hantée par le mythe féminin après l'échec douloureux d'une passion amoureuse, établit entre les rêves et la vie de subtiles correspondances qui préfigurent l'oeuvre de Baudelaire et l'exploration déjà surréaliste de l'inconscient. Fils d'un médecin militaire, tôt orphelin de sa mère, Nerval fit ses études au collège Charlemagne. Il fréquenta le Cénacle réunissant les écrivains romantiques, se lia avec Théophile Gautier et mena d'abord une vie de dandy. Vers 1835, il rencontra Jenny Colon, actrice et chanteuse avec laquelle il vécut une passion malheureuse (1835-1841) dont le choc sentimental affecta progressivement sa personnalité. Accentuant son épanchement du songe dans la vie réelle, Jenny devint dès lors l'incarnation de son éternel féminin et hanta ses oeuvres, d'abord marquées par l'exaltation romantique, puis mystique après un voyage en Orient où il s'intéressa aux mythologies et s'initia à l'ésotérisme (Les Filles du feu, 1854 ; Aurélia, 1855 ; Chimères, 1855). En proie à des périodes de délire de plus en plus fréquentes, interné à plusieurs reprises, Nerval fut retrouvé pendu dans une rue près du Châtelet. Outre des poèmes, il avait écrit un récit de voyage (Le Voyage en Orient, 1851 ) et donné une célèbre traduction du premier Faust de Goethe ( 1827), l'« Orphée et l'Horace allemands réunis dans un même homme », selon Lamartine.

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